Propositions de construction territorialisée de business inclusifs laitiers à l’aide de la gestion de la qualité du lait. Une approche multi-scalaire à partir d’un cas d’étude égyptien.

Des groupes agro-alimentaires se tournent vers les filières laitières artisanales pour assurer leur approvisionnement. De cette tendance émergent des business inclusifs (BI). Malgré l’engouement qu’ils suscitent auprès des acteurs du développement agricole, ils restent délicats à mettre en œuvre. Ma...

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Bibliographic Details
Main Author: Daburon, Annabelle
Other Authors: Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France
Language:fr
Published: 2017
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2017IAVF0012/document
Description
Summary:Des groupes agro-alimentaires se tournent vers les filières laitières artisanales pour assurer leur approvisionnement. De cette tendance émergent des business inclusifs (BI). Malgré l’engouement qu’ils suscitent auprès des acteurs du développement agricole, ils restent délicats à mettre en œuvre. Mais dans quelle mesure la coordination de ces BI relève de démarches inclusives ? Quelles sont les barrières à leur adoption et les conséquences sur leur durabilité? Un cas d’étude est analysé pour explorer ces questions, le projet DEEP (Danone Egypt Ecosystem Project). Initié en 2011 par le fond Danone Ecosystème, en partenariat avec Danone Egypte et l’ONG CARE, il promeut un business model réplicable de centres de collecte de lait (CCL) de vache auprès des petits producteurs, dans des coopératives agricoles publiques. Ce BI tente de sécuriser l’approvisionnement de la laiterie Danone et de contribuer au développement socio-économique des villages hôtes. Dans la thèse, un cadre analytique transdisciplinaire est élaboré ; la gestion de la qualité permet d’associer une approche chaîne de valeur (CV) et une approche système agroalimentaire localisée (SYAL). Des données socio-économiques sont collectées entre 2014 et 2016, individuellement et collectivement, auprès des acteurs directement ou indirectement impliqués dans ce BI. Si l’extrême diversité des activités, des objectifs et des ressources des acteurs qui « gravitent » autour du produit lait et du BI est mise en évidence, améliorer la qualité du lait semble être un but partagé. La distance et les asymétries de pouvoirs entre les partenaires limitent la promotion de stratégies répondant à la complexité et à la variabilité du contexte égyptien. Au dépend de la collaboration, des logiques d’intégration et de coercition s’installent dans la chaîne de valeur inclusive (CVI), pilotée en aval par l’entreprise avec l’ONG. Si la qualité sanitaire du lait fourni par les CCL s’améliore, la qualité compositionnelle se dégrade. L’entreprise rejette fréquemment les livraisons des CCL sans mécanisme de compensation et la CVI construite est fragile. Le BI est alors abordé en examinant l’évolution du SYAL laitier d’Halabeya. Après 6 années d’interventions, le CCL y est un acteur central des réseaux de collecte de lait. Il influence la qualité sanitaire via les institutions qui l’organisent (analyses de la qualité du lait, fixation des prix ou connaissances sur l’hygiène). La promotion d’un pôle concentrant l’offre de services agricoles pour les fournisseurs du CCL échoue. Une multitude d’entreprises familiales de proximité, organisées en réseaux spécialisés mais non coordonnés, l’assurent. Il semble que la généricité de la construction de CVI durable doive passer par la systématisation de processus de partenariat. En Egypte, une cellule de coordination villageoise pourrait être créée. Réunissant divers acteurs clef du SYAL, elle pourrait activer les ressources territoriales aux profits des habitants et du BI, en l’associant dans un comité de pilotage avec des représentants de l’état, de l’entreprise investisseuse et de l’ONG. Ce comité de pilotage s’attacherait à bâtir un business model adapté au territoire et aux besoins des partenaires, puis à piloter la CVI construite. L’utilisation de l’amélioration de la qualité du lait pourrait catalyser l’action collective. Par la sensibilisation des partenaires, l’implication de l’état, le recours à des facilitateurs et la possibilité pour les territoires de communiquer sur ces interventions, limiter les asymétries de pouvoir devient envisageable. Original par son utilisation de la gestion de la qualité comme un facteur d’inclusion, le cadre d’analyse permet d’aborder des échelles variées et plus ou moins distantes et pose les bases d’un cadre d’action favorisant la territorialisation des partenariats de BI. Ainsi, bâtir des CVI durables, c’est contribuer à l’émergence de territoires autonomes, voie prometteuse dans les pays du Sud comme du Nord. === Agri-food companies turn to traditional dairy sector to ensure their supply of milk. Inclusivebusinesses (IB) have emerged from this trend. Despite the enthusiasm raised among the playersof agricultural development, such businesses remain difficult to implement. But to what extentdoes IB coordination fall into an inclusive approach? What are the obstacles to the adoption ofsuch processes and the consequences for their sustainability? A case study is analyzed to explorethese issues, the DEEP project (Danone Egypt Ecosystem Project). Initiated in 2011 by the DanoneEcosystem fund, in partnership with Danone Egypt and the NGO CARE, it promotes a replicablebusiness model of cow milk collection centers (MCC) in public agricultural cooperatives targetingsmall producers. This IB’s aims are to secure the sourcing of Danone’s dairy and to contribute tothe socio-economic development of associated villages. In this thesis, a transdisciplinary analyticalframework is developed; the quality management has been used to link a value chain (VC)approach and a localized agri-food system (SYAL) approach. Socio-economic data were collectedbetween 2014 and 2016, individually and collectively, directly or indirectly from the playersinvolved in this IB. While the extreme diversity of the activities, objectives and resources of actorsevolving around the milk product and the IB is highlighted, improving the quality of the milk seemsto be a common goal. Both the distance and the differences in power between partners limit thepromotion of strategies responding to the complexity and variability of the Egyptian situation.Logics of integration and coercion take place within the inclusive value chain (IVC) drivendownstream by the company with the NGO, to the detriment of collaboration. If the sanitaryquality of the milk provided by the MCC is improving, its compositional quality deteriorates. Thecompany frequently rejects deliveries from MCCs, without a mechanism for compensation, whichlead to the precarity of such built IVC. The IB is therefore discussed by examining the evolution ofthe dairy SYAL from Halabeya. After 6 years of interventions, the MCC became a central playerwithin the milk collection networks. It influences milk sanitary quality through the institutions thatorganize it (milk quality analyses, pricing or hygiene knowledge). The promotion of a hubdelivering agricultural services to MCC suppliers fails. Numerous local family businesses, organizedin specialized networks lacking of coordination, ensure it. It seems that the genericity of theconstruction of sustainable IVC must go through the systematization of partnership processes. InEgypt, a coordination cell in the village could be established. Bringing together various key actorsof the SYAL, this cell could activate the territorial resources in favour of the inhabitants and the IB,by associating it in a steering committee with representatives of the state, the investing companyand the NGO. This steering committee would work on building a business model adapted to theterritory and to the needs of the partners, before piloting the IVC built. Using milk qualityimprovement could catalyze the collective action. By raising awareness of partners, involving thestate, using facilitators and giving the capacity for the territories to communicate on theseinterventions, therefore limiting the differences in power becomes possible. Through its use ofquality management as an inclusion factor, the analytical framework allows approaching distantscales, and lays the foundations for an action framework fostering the territorialization of IBpartnerships. Therefore building sustainable IVCs go hand in hand with the emergence ofautonomous territories, a promising path towards the Southern countries as well as the Northern.