Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensible

Cette recherche s’inscrit dans le vaste champ de l’Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensiblepar Christelle Pineaue. Elle vise spécifiquement les domaines des techniques et des savoirs, ainsi que celui du sensoriel, (l’analyse croisée de ces deux univers permettant de s...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Pineau, Christelle
Other Authors: Paris, EHESS
Language:fr
Published: 2017
Subjects:
Vin
Online Access:http://www.theses.fr/2017EHES0108
id ndltd-theses.fr-2017EHES0108
record_format oai_dc
collection NDLTD
language fr
sources NDLTD
topic Vin
Nature
Utopia
Sensible
Chauvet
Steiner
Wine
Nature
Utopia
Sensible
Chauvet
Steiner

spellingShingle Vin
Nature
Utopia
Sensible
Chauvet
Steiner
Wine
Nature
Utopia
Sensible
Chauvet
Steiner

Pineau, Christelle
Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensible
description Cette recherche s’inscrit dans le vaste champ de l’Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensiblepar Christelle Pineaue. Elle vise spécifiquement les domaines des techniques et des savoirs, ainsi que celui du sensoriel, (l’analyse croisée de ces deux univers permettant de saisir les systèmes de représentation sous les angles à la fois pragmatique et perceptif.). Un courant émergeant prend place dans le paysage vitivinicole - en France notamment : celui de professionnels s’engageant dans la production et la diffusion de vins biologiques, biodynamiques, naturels (certains ayant réalisé leur révolution « culturale », d’autres ayant bifurqué professionnellement). Dans ces trois démarches, différents degrés d’investissement existent, et les pratiques peuvent s’interpénétrer, conduisant à un corpus d’actions et de références syncrétiques, d’où la difficulté, pour les non-initiés, à définir ces vins dits « libres » et hors norme. Néanmoins tous ces vignerons conservent une base de rhétorique commune, fondée sur le mythe du retour à la « nature » (plus exactement à un milieu au sein duquel tous les êtres vivants sont en interrelation), au nom d’une certaine moralité à son égard. Les questions de santé publique et de préservation de la pluralité des saveurs et des cépages les animent tout autant. Ils entendent mettre au jour des produits « nus » et limitent leurs actions directes sur la nature (action indirecte négative, Haudricourt - 1962), à l’heure de l’Anthropocène (Bonneuil-Fressoz - 2013). Les intrants chimiques de synthèse, alliés objectifs de la majorité des producteurs de vin aujourd’hui dans le monde, ont chez les "natures", le statut d’ennemi. Aux vins "conventionnels" corsetés par la technique et une certaine idée du progrès, s’opposent des vins qualifiés de vivants, difficiles à apprivoiser. La description de la praxis basée sur des savoir-faire anciens met en lumière un réseau à la fois homogène et hétéroclite, dans lequel chacun travaille sa propre voie. Dans le même temps, ces vignerons adoptent une posture de chercheur, au travers d’expérimentations qui peuvent emprunter à des modèles de pensée en apparence opposés, auprès de Rudolf Steiner (fondateur de l’anthroposophie et de la biodynamie) aussi bien que de Jules Chauvet (auteur de travaux scientifiques en chimie et microbiologie), deux figures tutélaires. Ce désir de dialogue avec le milieu se comprend comme une demande de sens dans un univers de vivants privés de sensibilité après que l’ère cartésienne a pris l’avantage dans les différentes façons de se représenter le monde. La vision naturaliste qui marque nos sociétés (Descola - 2005) induit une scission entre le moi et la « nature », elle a de fait contribué à repousser les rôles et les frontières du sensible. Le sujet moderne a ainsi été coupé de son milieu (Berque - 2000, 2010). Ces vignerons tentent de remédier à cette situation par le biais d’un dialogue ininterrompu entre les deux pôles, intelligible et sensible. === This research belongs to the vast field of the anthropology of nature. It specifically targets techniques and knowledge, as well as sensory perception. The joint analysis of these spheres enables an understanding of the ways they are represented both from a practical and perceptional angle. A new movement is establishing itself in the field of wine production, in particular in France, as producers move towards the production and distribution of organic, biodynamic and natural wines, either as a result of a ‘cultural’ revolution or professional reconversion. These three approaches are applied to varying degrees and may be used in conjunction with one another, resulting in a syncretic body of reference and actions, which makes it difficult for non-specialists to define these wines, described as ‘free’ and unconventional. Nevertheless, these wine producers all refer to their approach in the same way, based on the idea of a return to ‘nature’, (that is to say, an environment in which all living beings are interconnected) and a particular form of moral respect for that nature. They are equally inspired by public health issues and a concern for the preservation of a diversity of flavours and grape varieties. They aim to highlight the use of ‘raw’ produce and restrict direct action on the natural environment (action indirecte negative, Haudricourt – 1962) in the Anthropocene era (Bonneuil-Fressoz – 2013). Synthetic chemical inputs, the logical allies of the majority of wine producers, are perceived as enemies by the ‘naturals’. ‘Conventional’ wines, restricted by technique and a certain idea of progress, contrast with wines described as alive and difficult to control. The description of usage based on traditional skills reveals both a collective and composite network within which all tread their own path. Simultaneously, these wine producers assume the role of researchers, through experimentation with ways of thinking which may seem contradictory, inspired by figureheads Rudolf Steiner (the founder of anthroposophy and biodynamic agriculture) and Jules Chauvet (the author of scientific works on chemistry and microbiology). This desire to communicate with the “natural” world may be interpreted as a search for meaning in a world of sentient beings deprived of their sensitivity since the Cartesian age came to dominate the ways in which the world is represented. The naturalist vision which characterizes our societies (Descola – 2005) creates a divide between the self and ‘nature’ and, in doing so, pushes back the boundaries of sensitivity. The modern subject has thus been disconnected from the milieu (Berque – 1987, 2010). These wine producers seek to resolve this situation through a constant dialogue between the two opposites, the intellectual and the sensible .
author2 Paris, EHESS
author_facet Paris, EHESS
Pineau, Christelle
author Pineau, Christelle
author_sort Pineau, Christelle
title Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensible
title_short Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensible
title_full Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensible
title_fullStr Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensible
title_full_unstemmed Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensible
title_sort anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensible
publishDate 2017
url http://www.theses.fr/2017EHES0108
work_keys_str_mv AT pineauchristelle anthropologiedesvinsnaturelarehabilitationdusensible
AT pineauchristelle anthropologyofnaturalwinetherehabilitationofthesensibleworld
_version_ 1719020263955234816
spelling ndltd-theses.fr-2017EHES01082019-04-24T05:08:30Z Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensible Anthropology of "natural" wine, the rehabilitation of the "sensible" world Vin Nature Utopia Sensible Chauvet Steiner Wine Nature Utopia Sensible Chauvet Steiner Cette recherche s’inscrit dans le vaste champ de l’Anthropologie des vins "nature", la réhabilitation du sensiblepar Christelle Pineaue. Elle vise spécifiquement les domaines des techniques et des savoirs, ainsi que celui du sensoriel, (l’analyse croisée de ces deux univers permettant de saisir les systèmes de représentation sous les angles à la fois pragmatique et perceptif.). Un courant émergeant prend place dans le paysage vitivinicole - en France notamment : celui de professionnels s’engageant dans la production et la diffusion de vins biologiques, biodynamiques, naturels (certains ayant réalisé leur révolution « culturale », d’autres ayant bifurqué professionnellement). Dans ces trois démarches, différents degrés d’investissement existent, et les pratiques peuvent s’interpénétrer, conduisant à un corpus d’actions et de références syncrétiques, d’où la difficulté, pour les non-initiés, à définir ces vins dits « libres » et hors norme. Néanmoins tous ces vignerons conservent une base de rhétorique commune, fondée sur le mythe du retour à la « nature » (plus exactement à un milieu au sein duquel tous les êtres vivants sont en interrelation), au nom d’une certaine moralité à son égard. Les questions de santé publique et de préservation de la pluralité des saveurs et des cépages les animent tout autant. Ils entendent mettre au jour des produits « nus » et limitent leurs actions directes sur la nature (action indirecte négative, Haudricourt - 1962), à l’heure de l’Anthropocène (Bonneuil-Fressoz - 2013). Les intrants chimiques de synthèse, alliés objectifs de la majorité des producteurs de vin aujourd’hui dans le monde, ont chez les "natures", le statut d’ennemi. Aux vins "conventionnels" corsetés par la technique et une certaine idée du progrès, s’opposent des vins qualifiés de vivants, difficiles à apprivoiser. La description de la praxis basée sur des savoir-faire anciens met en lumière un réseau à la fois homogène et hétéroclite, dans lequel chacun travaille sa propre voie. Dans le même temps, ces vignerons adoptent une posture de chercheur, au travers d’expérimentations qui peuvent emprunter à des modèles de pensée en apparence opposés, auprès de Rudolf Steiner (fondateur de l’anthroposophie et de la biodynamie) aussi bien que de Jules Chauvet (auteur de travaux scientifiques en chimie et microbiologie), deux figures tutélaires. Ce désir de dialogue avec le milieu se comprend comme une demande de sens dans un univers de vivants privés de sensibilité après que l’ère cartésienne a pris l’avantage dans les différentes façons de se représenter le monde. La vision naturaliste qui marque nos sociétés (Descola - 2005) induit une scission entre le moi et la « nature », elle a de fait contribué à repousser les rôles et les frontières du sensible. Le sujet moderne a ainsi été coupé de son milieu (Berque - 2000, 2010). Ces vignerons tentent de remédier à cette situation par le biais d’un dialogue ininterrompu entre les deux pôles, intelligible et sensible. This research belongs to the vast field of the anthropology of nature. It specifically targets techniques and knowledge, as well as sensory perception. The joint analysis of these spheres enables an understanding of the ways they are represented both from a practical and perceptional angle. A new movement is establishing itself in the field of wine production, in particular in France, as producers move towards the production and distribution of organic, biodynamic and natural wines, either as a result of a ‘cultural’ revolution or professional reconversion. These three approaches are applied to varying degrees and may be used in conjunction with one another, resulting in a syncretic body of reference and actions, which makes it difficult for non-specialists to define these wines, described as ‘free’ and unconventional. Nevertheless, these wine producers all refer to their approach in the same way, based on the idea of a return to ‘nature’, (that is to say, an environment in which all living beings are interconnected) and a particular form of moral respect for that nature. They are equally inspired by public health issues and a concern for the preservation of a diversity of flavours and grape varieties. They aim to highlight the use of ‘raw’ produce and restrict direct action on the natural environment (action indirecte negative, Haudricourt – 1962) in the Anthropocene era (Bonneuil-Fressoz – 2013). Synthetic chemical inputs, the logical allies of the majority of wine producers, are perceived as enemies by the ‘naturals’. ‘Conventional’ wines, restricted by technique and a certain idea of progress, contrast with wines described as alive and difficult to control. The description of usage based on traditional skills reveals both a collective and composite network within which all tread their own path. Simultaneously, these wine producers assume the role of researchers, through experimentation with ways of thinking which may seem contradictory, inspired by figureheads Rudolf Steiner (the founder of anthroposophy and biodynamic agriculture) and Jules Chauvet (the author of scientific works on chemistry and microbiology). This desire to communicate with the “natural” world may be interpreted as a search for meaning in a world of sentient beings deprived of their sensitivity since the Cartesian age came to dominate the ways in which the world is represented. The naturalist vision which characterizes our societies (Descola – 2005) creates a divide between the self and ‘nature’ and, in doing so, pushes back the boundaries of sensitivity. The modern subject has thus been disconnected from the milieu (Berque – 1987, 2010). These wine producers seek to resolve this situation through a constant dialogue between the two opposites, the intellectual and the sensible . Electronic Thesis or Dissertation Text fr http://www.theses.fr/2017EHES0108 Pineau, Christelle 2017-10-23 Paris, EHESS Dalla Bernardina, Sergio