Hétérogénéité cognitive et remédiation des dyslexies développementales

L’objectif de ce travail de thèse était de mieux caractériser l’hétérogénéité de la dyslexie développementale et d’étudier les implications de cette hétérogénéité pour la remédiation de ce trouble d’acqusition de la lecture. L’Etude I met en évidence une hétérogénéité cognitive au sein d’une populat...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Zoubrinetzky, Rachel
Other Authors: Grenoble Alpes
Language:fr
Published: 2015
Subjects:
150
Online Access:http://www.theses.fr/2015GREAS029/document
Description
Summary:L’objectif de ce travail de thèse était de mieux caractériser l’hétérogénéité de la dyslexie développementale et d’étudier les implications de cette hétérogénéité pour la remédiation de ce trouble d’acqusition de la lecture. L’Etude I met en évidence une hétérogénéité cognitive au sein d’une population d’enfants dyslexiques, qui pourtant ont un profil de lecture homogène de dyslexie mixte. Ce profil est classiquement interprété comme relevant d’un double déficit. Or nous montrons que la plupart de ces enfants présente en fait un déficit cognitif unique, soit phonologique, soit de l’empan visuo-attentionnel (VA). De plus, ces deux sous-groupes à déficit unique ont des profils de lecture très similaires lorsqu’ils sont directement comparés. Ces données suggèrent donc que la classification en sous-types basée sur les profils de lecture n’est pas pertinente pour identifier des sous-groupes cognitivement homogènes dans la population dyslexique. Dans l’Etude II, nous décrivons un cas de dyslexie avec trouble sélectif de la lecture des pseudo-mots. Ce profil est classiquement interprété comme reflétant un déficit phonologique. Or, le cas que nous décrivons présente un trouble de l’empan VA en l’absence de toute atteinte verbale ou phonologique. Cette étude confirme une relation entre trouble cognitif et profil de lecture complexe et non univoque. L’Etude III interroge plus spécifiquement les liens entre troubles de l’empan VA, de la conscience phonémique et de la perception catégorielle des phonèmes. Nous montrons que la conscience phonémique joue un rôle de médiation entre perception catégorielle et lecture, et que cette relation est indépendante des capacités d’empan VA. Ces données nous ont ainsi permis de mieux caractériser l’hétérogénéité cognitive de la population dyslexique. Dans les deux dernières études, nous nous sommes interrogés sur la prise en compte de cette hétérogénéité cognitive dans la remédiation de la dyslexie. L’Etude IV est une étude d’entrainement cognitif. Deux types d’entraînements ont été successivement proposés à des enfants dyslexiques : un entraînement à la perception catégorielle et un entraînement de l’empan VA. Nous avons étudié les effets de chacun de ces entraînements sur des sous-groupes qui présentent un trouble cognitif unique, soit phonologique, soit de l’empan VA. Les résultats montrent l’intérêt de proposer une remédiation ciblée sur le déficit cognitif sous-jacent. Cette étude a également des enjeux théoriques majeurs, puisqu’elle nous a permis d’interroger les relations de causalité entre ces déficits cognitifs sous-jacents et la dyslexie. Enfin, dans l’Etude V la méthode d’adaptation visuelle par saillance syllabique étudiée n’améliore pas la lecture des enfants dyslexiques. L’ensemble des ces études confirment l’hétérogénéité cognitive de la population dyslexique et l’importance de prendre en compte cette hétérogénéité dans les méthodes de remédiation qui peuvent être proposées. === The first aim of this doctoral thesis was to better understand the heterogeneity of developmental dyslexia focusing on the relationship between reading profiles and cognitive disorders. Our second purpose was to question the implications of cognitive heterogeneity for the remediation of developmental dyslexia. Study I revealed cognitive heterogeneity despite the homogeneous reading profile of the recruited population. Most children with a mixed reading profile typically interpreted as resulting from a double deficit, actually suffered from a single cognitive disorder, either a phoneme awareness or a visual attention (VA) span disorder. In addition, direct comparisons of these two cognitively distinct subgroups revealed very similar reading profiles. These findings suggest that the classification based on reading profiles is irrelevant to identify cognitively homogeneous subgroups in dyslexia. In Study II, we report the case study of a child with a selective pseudo-word reading disorder, a profile typically attributed to a phonological deficit. Contrary to this prediction however, we show that this dyslexic child shows preserved verbal and phonological skills but a VA span deficit. This finding again suggests the absence of one-to-one relationships between reading profiles and cognitive disorders. Study III more specifically explored the links between three types of cognitive deficits, namely the VA span disorder, the phoneme awareness deficit and the categorical perception disorder. Results show that phoneme awareness mediates the relationship between categorical perception and reading: poor categorical perception causes poor phoneme awareness, which in turn impacts reading performance. Poor VA span also impacts reading performance but independently of phoneme awareness and categorical perception. These findings are further evidence for the independent contribution of phonology and VA span to the reading outcome of dyslexic children. In Study IV, we assessed the longitudinal effects of two cognitive trainings. Dyslexic participants with a single phonological or a single VA span disorder were administered successively either a categorical perception then a VA span intervention, or the two trainings in the reverse order. At the clinical level, results show that intervention is more efficient when targeted on the underlying cognitive deficit. At the theoretical level, they question causal relationship between these cognitive deficit and dyslexia. Last, Study V explored the compensation power of a visual adaptation method using syllabic saliency. Results failed to show any positive effect of this method on reading performance. The overall findings support the cognitive heterogeneity of the dyslexic population and show that taking this issue into account is crucial to improve the effects of intervention programs.