Summary: | Les résultats obtenus au Test universitaire de rédaction et de bonne orthographe illustrent bien le fait qu'après un nombre considérable d'années de cours de français, en particulier de grammaire, «plus d'un tiers des étudiants ne satisfont pas aux exigences minimales de qualité en français écrit établies par les universités.» (Roy, 1989). Plusieurs chercheurs (Bibeau, 1975; Bureau, 1976; Roy et Lafontaine, 1990) se sont penchés sur les types d'erreurs commis le plus couramment par les étudiants. Ces spécialistes arrivent à la conclusion que les lacunes apparaissent pratiquement à tous les niveaux du français écrit (syntaxe, orthographe lexicale et orthographe grammaticale) et touchent même des notions de base normalement acquises à l'ordre primaire. Les bilans dressés par ces recherches ont mis en relief le besoin urgent de trouver des solutions. Depuis de nombreuses années, les recherches abondent dans le domaine de la didactique du français en général et dans celui de l'enseignement de la grammaire en particulier, mais les solutions proposées s'avèrent jusqu'à présent peu efficaces. Plusieurs plans d'intervention ont été mis sur pied; des centres d'aide en français sont à la disposition des étudiants du cégep et des cours de rattrapage sont proposés à ceux de l'université. Peu de bénéfices découlent de ces actions, car il s'avère que les notions grammaticales qui posent problème sont enseignées de la même manière et à l'aide des mêmes manuels qu'elles l'ont été lorsque l'étudiant était au primaire ou au secondaire (Roy et a/.,1992). Les résultats obtenus par ces étudiants montrent que cet enseignement de la grammaire ne permet pas à l'apprenant de comprendre le fonctionnement global du français écrit. En fait, il semblerait que dans toutes les tentatives pour changer la situation, un facteur clé ait été négligé. Aucune recherche ne s'est penchée sur la façon dont les notions grammaticales et syntaxiques sont assimilées par les élèves. En bref, il n'y a pas eu d'étude qui ait l'apprenant pour objet de recherche. Nous nous proposons, dans la présente étude, d'analyser le discours métalinguistique émis par des étudiants des ordres postsecondaires au moment où ces étudiants doivent résoudre des difficultés d'accord de genre et de nombre. À ce sujet, Boutet, Gauthier et Saint-Pierre (1985) déclarent qu'il faut faire une différence «entre le savoir-faire linguistique des élèves, savoir qui est acquis à leur arrivée à l'école, et le savoir-dire sur la langue, ou savoir métalinguistique. C'est ce savoir qui devient la tâche de l'enseignement.». Nous convenons avec ces auteures qu'il est temps de prendre en considération le savoir réellement constitué par les apprenants afin de pouvoir envisager des moyens d'intervention auprès de ceux qui ont des difficultés. Nous présentons, dans le premier chapitre, la problématique de recherche en relation avec une revue de littérature concernant le métalinguistique. Nous donnons ensuite un aperçu de l'enseignement des variations d'accords de genre et nombre dispensé par des livres de grammaire utilisés actuellement. Enfin, toujours en rapport avec les variations de genre et de nombre, nous exposons les opérations linguistiques sur lesquelles peuvent reposer les raisonnements des étudiants. À l'issue de ce cheminement, nous définissons clairement nos objectifs de recherche. Le deuxième chapitre est consacré à la méthodologie que nous allons utiliser afin d'avoir accès aux raisonnements des étudiants. Nous présentons notre échantillon et les variables dont nous allons tenir compte. Nous décrivons ensuite la cueillette des données et le corpus que nous analyserons. Pour finir, un aperçu de l'analyse des données est présenté ainsi que les limites de notre démarche. Nous exposons l'analyse des résultats dans le troisième et le quatrième chapitre. Dans un premier temps (troisième chapitre), nous examinons les scores obtenus au mini-Turbo par les sujets de l'échantillon. Ensuite, nous présentons l'analyse des raisonnements émis pendant la passation du mini-Turbo (quatrième chapitre) Cette analyse de type quantitatif s'articule en deux temps : un test d'homogénéité en regard de chaque variable et une analyse des correspondances en regard des deux types de variables (caractéristiques individuelles et types de raisonnements).
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