Summary: | Ce mémoire de maîtrise comporte deux parties. La première est constituée d’un travail de création littéraire intitulé Tu nous as caché les rivières. J’y explore comment le corps prend sens dans et par l’écriture en m’inspirant librement des enjeux présents dans le roman Son frère de Philippe Besson (la figure du frère, la maladie, le désir homosexuel et le rapport à l’enfance). Plus encore, c’est en me servant de ma propre expérience somatique que j’expérimente l’interaction (inhérente au geste créateur) entre le corps écrivant et les corps écrits.
La seconde partie, essayistique, a pour titre Rencontres spéculaires et incarnation : l’écriture du corps dans Son frère de Philippe Besson. Je m’y intéresse à la dimension spéculaire de l’écriture du corps, c’est-à-dire comment l’« apparition » du corps d’un personnage (au sens phénoménologique) peut naître d’une rencontre entre son propre corps et celui d’autrui. En effet, de plusieurs manières, l’œuvre de Philippe Besson est marquée par le corps. Plus qu’un ensemble de représentations, les inscriptions multiples du corps dans ses romans nous invitent à dégager une poétique d’écriture où le corps est signifiant. Partout, l’expérience somatique des personnages est évoquée : celle avec soi-même et celle avec autrui. La rencontre et le face-à-face des corps, chers à l’écrivain, y sont donc éclairants, en ce sens qu’ils sont une occasion pour les personnages de se révéler à eux-mêmes, d’apparaître à la conscience du lecteur et de s’incarner. De cette observation est né mon désir d’entreprendre l’analyse de corps romanesques en tant que surfaces lisibles et modulables, construites selon un système de significations. Dans un premier chapitre, j’explore quatre types de rencontres spéculaires présentes dans le roman à l’étude : deux avec un soi-même différé, et deux avec autrui. Pour ce faire, je convoque la pensée de plusieurs philosophes, psychologues et sociologues, lesquels s’entendent tous quant à la difficulté à se connaître soi-même comme corps, et dont fait état l’expérience du phénomène du miroir, notamment. Dans un second chapitre, je m’éloigne de la fiction pour m’intéresser au contexte de production (poïétique), c’est-à-dire à la façon dont l’expérience somatique de l’écrivain sert de matériau (inconscient) dans l’acte d’écriture. Il y est donc question des incidences du vécu de l’écrivain sur celui de ses personnages, à la façon d’un dédoublement mimétique de soi.
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