Summary: | Le XVIIIe siècle français est un terrain fertile pour s'intéresser à la dimension historique du plaisir puisqu'il valorise la quête des plaisirs matériels et intellectuels parmi les élites. Il est à la fois paradoxal et logique que la satisfaction intellectuelle s'exprime dans le luxe et par l'accumulation d'objets, qu'illustre ici le collectionnisme. Les deux types de quêtes, intellectuelle et matérielle, se croisent, coexistent et se rejoignent sans jamais se poser véritablement comme des antithèses. Pourtant, si on jette un coup d'oeil à l'historiographie, force est de constater que la révolution intellectuelle du XVIIIe siècle français et la recherche de plaisir des Parisiens aisés ont été jusqu'à maintenant étudiées de façon séparée, sinon dichotomique. La présente analyse se base sur un questionnement principal : comment se manifeste le plaisir dans l'acquisition des connaissances et comment les notions de plaisir et de culture savante s'intègrent-elles dans les pratiques sociales du savoir au XVIIIe siècle à Paris? Cela soulève des questionnements plus spécifiques. Par exemple, quelle part peut-on accorder au plaisir dans la révolution scientifique du XVIIIe siècle; les lieux habituellement associés au plaisir personnel comme les cabinets de curiosités y ont-ils un rôle à jouer? La collection remplit trois fonctions principales pour le collectionneur et dans la société parisienne et française du XVIIIe siècle : une fonction sociale, une fonction éducative, mais également, une fonction sensible ou émotionnelle. Il nous apparaît que le rejet du plaisir et de l'aspect émotif de la quête du savoir dans une science véritablement institutionnalisée et professionnalisée se concrétise davantage au XIXe qu'au XVIIIe siècle. La "curiosité" comme moteur de la science est une idée encore bien vivante dans les discours du XVIIIe siècle.
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