L’éducation à la santé dans la formation initiale d’étudiants au baccalauréat en enseignement en éducation physique et à la santé : analyse d’initiatives mises en oeuvre dans le cadre d’un stage de formation pratique

L’éducation à la santé (ÉS) dans les écoles n‘est pas une nouveauté, elle est depuis longtemps présente dans le milieu scolaire (Lèbe, 2010). La nature même de l’ÉS à l’école n’est pas d’éliminer les problèmes de santé, mais bien de favoriser la réussite scolaire et de responsabiliser l’élève fac...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Bezeau, David
Other Authors: Turcotte, Sylvain
Language:French
Published: Université de Sherbrooke 2014
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/11143/5931
Description
Summary:L’éducation à la santé (ÉS) dans les écoles n‘est pas une nouveauté, elle est depuis longtemps présente dans le milieu scolaire (Lèbe, 2010). La nature même de l’ÉS à l’école n’est pas d’éliminer les problèmes de santé, mais bien de favoriser la réussite scolaire et de responsabiliser l’élève face à sa propre santé (Vamos, 2007). Au Québec, depuis le renouveau pédagogique en 2001, l’inclusion de l’ÉS dans les programmes de formation se fait notamment en Éducation physique et à la santé (ÉPS) à partir de la troisième compétence disciplinaire, à savoir la compétence Adopter un mode de vie sain et actif. L’inclusion de nouveaux objets de savoir en ÉPS modifie le rôle des enseignants et ce changement a une influence directe sur leurs pratiques pédagogiques qui sont surtout centrées sur la transmission d’informations et le développement de savoir-faire, ce qui ne permet pas de responsabiliser les élèves vis-à-vis leur propre santé (Blais, 2004; Michaud, 2002). Parmi les nombreux obstacles à l’inclusion de l’ÉS en éducation physique, Turcotte (2010) mentionne qu’une grande partie de ceux-ci interpellent la formation initiale en enseignement en ÉPS. Il devient alors nécessaire de développer des stratégies de formation initiale afin de mieux préparer les futurs éducateurs physiques aux diverses problématiques qu’ils rencontreront en milieu scolaire. Au Québec, la formation initiale des enseignants d’ÉPS en ÉS est actuellement quasi inexistante et ce manque de formation fait en sorte que les pratiques pédagogiques des enseignants d’ÉPS sont présentement peu en lien avec les objets de savoir proposés (Michaud, 2002; Turcotte, 2006) par le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). Jourdan (2010) considère également la formation initiale en ÉS comme un levier à un enseignement de qualité en ÉS. C’est pourquoi il distingue trois axes afin de rendre explicite les structures de formation en ÉS, soit : 1) celui centré sur les acquisitions, associé à des savoirs théoriques; 2) celui centré sur la démarche, associé à des savoirs didactiques et 3) celui centré sur l’analyse, associé à des savoirs professionnels. Dans cette étude, les participants ont tous suivi des unités de formation initiale en ÉS correspondant aux trois axes de Jourdan (2010) inspirés par les travaux de Ferry (2003). De plus, ces derniers devaient utiliser un modèle logique, un outil permettant de modéliser les composantes et les objectifs poursuivis par un projet (Champagne, Brousselle, Hartz et Contandriopoulos, 2009b), afin de planifier et de mettre en oeuvre une initiative en ÉS dans le cadre de leur stage de formation pratique. Le but de cette étude était analyser l’expérience d’étudiants de 3e année inscrits au baccalauréat en enseignement en éducation physique et à la santé (BEÉPS) de l’Université de Sherbrooke qui devaient utiliser les différents types de savoirs acquis au cours de leur formation afin de planifier et de mettre en oeuvre une initiative en ÉS à l’aide d’un modèle logique dans le cadre d’un stage de formation pratique. Pour atteindre ce but, une étude de cas multiples (Yin, 2014) a été réalisée auprès de sept étudiants de 3e année au BEÉPS qui réalisaient un stage de huit semaines dans la région de Sherbrooke à l’automne 2013. Cinq méthodes de cueillette de données ont été utilisées par le chercheur, à savoir : 1) l’analyse documentaire; 2) l’entrevue initiale semi-dirigée; 3) l’observation directe; 4) l’entrevue post-projet et 5) la discussion de groupe. Les résultats révèlent quatre représentations de l’ÉS chez les participants, à savoir : 1) celle proposant une vision médicale de l’ÉS; 2) celle proposant une vision sociale de l’ÉS; 3) celle proposant une vision globale de l’ÉS et 4) celle proposant une vision de l’ÉS axée sur la responsabilisation de l’élève. Les résultats révèlent également que les participants utilisent adéquatement le modèle logique pour planifier leur initiative et que ce qu’ils mettent réellement en place correspond généralement bien à ce qu’ils avaient prévu. Les propos recueillis lors de la discussion de groupe indiquent que le modèle logique est un outil pertinent, mais que certains de ses indicateurs sont plus problématiques. Les participants semblent avoir rencontré plusieurs facilitants lors de la mise en oeuvre de leur initiative, à savoir la qualité des relations partenariales et le dynamisme du milieu scolaire, mais ils semblent également avoir rencontré certaines barrières telles qu’un manque de temps et une charge de travail élevée. En ce qui a trait aux unités de formation initiale en ÉS vécus par les participants, ces derniers considèrent qu’ils sont pertinents afin : 1) d’acquérir des connaissances relatives à l’ÉS; 2) de mobiliser ces connaissances dans la pratique et 3) d’établir une relation entre la théorie et la réalité pratique. Les participants proposent toutefois d’augmenter les connaissances relatives à l’évaluation en ÉS et d’ajouter des cours didactiques spécifiques à ce volet d’enseignement. En dépit d’initiatives en ÉS centrées principalement sur la transmission d’informations et correspondant aux pratiques pédagogiques identifiées dans la littérature (Michaud, 2002; Turcotte, 2006), la stratégie de formation initiale en ÉS mise en place à la Faculté d’éducation physique et sportive (FEPS) de l’Université de Sherbrooke semble permettre aux étudiants d’acquérir, par le biais des différents cours qui leur sont proposés, les savoirs nécessaires afin d’enseigner l’ÉS en milieu scolaire. Plus encore, elle leur offre l’opportunité de vivre l’expérience de mettre véritablement en oeuvre une initiative en ÉS dans le cadre de leur stage de formation pratique. Il serait intéressant, dans de futures recherches, d’intégrer le modèle logique dans le quotidien d’enseignants d’ÉPS afin de vérifier son utilité dans la réalité pratique, mais également d’enrichir la littérature actuelle relative à l’évaluation de l’ÉS en ÉPS.