Summary: | Les enfants qui consultent en pédopsychiatrie présentent des difficultés importantes quant à leur capacité de mentalisation (Fonagy, Target, & Allison, 2008; Schmeets, 2008a; Sharp, Croudace, & Goodyer, 2007), soit l’habileté à comprendre les pensées, croyances, intentions, désirs et affects qui sous-tendent les comportements chez soi et chez l’autre. Dans leur pratique, des thérapeutes oeuvrant en pédopsychiatrie ont pu constater que les interventions psychologiques dites classiques exigent de l’individu qu’il soit en mesure de déployer minimalement une telle capacité afin de pouvoir en bénéficier. Ainsi, face à de telles limites chez ces enfants, le recours à des stratégies et techniques thérapeutiques habituelles semble peu adapté ou du moins, avoir une portée limitée, puisque s’appuyant sur un équipement psychique qu’ils n’ont pas suffisamment développé. Pour améliorer l’efficacité thérapeutique, il s’avère donc nécessaire de développer des outils d’évaluation adaptés au niveau développemental de ces enfants, permettant de mieux décrire et comprendre les défauts et manifestations de leur capacité de mentalisation. Cette recherche vise le développement d’un outil clinique permettant d’évaluer la capacité de mentalisation de l’enfant et tenant compte de sa modalité d’expression privilégiée : le jeu. Ainsi, une grille d’observation applicable à une tâche de jeu structuré (Histoires d’attachement à compléter; Bretherton, Bretherton, Ridgeway, & Cassidy, 1990) a été élaborée à partir de la documentation scientifique sur la mentalisation, le jeu et le développement de l’enfant. Elle a été testée dans le cadre d’une étude exploratoire réalisée auprès d’un échantillon mixte (clinique et non-clinique) de dix enfants âgés de 7 et 8 ans. Les comparaisons avec une mesure narrative validée de la capacité de mentalisation et un questionnaire concernant le comportement de l’enfant soulignent la pertinence de l’outil et justifient la poursuite d’un travail de validation.
|