Summary: | Depuis le milieu des années 1970, de nombreuses espèces d'oiseaux champêtres présentent un déclin important de leurs effectifs de population. On assiste également à des baisses considérables de plusieurs espèces d'oiseaux insectivores aériens. Étant survenue à la même période, l'intensification des pratiques agricoles est considérée comme étant le principal facteur du déclin de ces populations. L'influence de l'agriculture sur le succès de reproduction des oiseaux a ainsi fait l'objet de nombreuses études. De façon générale, la qualité de l'habitat n'a pas d'impact sur la ponte et sur l'éclosion des oeufs. Toutefois, le nombre d'oisillons atteignant l'envol est plus élevé dans les habitats considérés de meilleure qualité. La croissance des oisillons serait donc la période du cycle de reproduction la plus affectée par la qualité du paysage agricole. La présente étude vise à quantifier les mécanismes impliqués dans la survie et la croissance des oisillons d'une espèce insectivore aérienne, soit l'Hirondelle bicolore ( Tachycineta bicolor ), le long d'un gradient d'intensification agricole situé dans le Sud du Québec. Pour ce faire, j'ai suivi la croissance de 1079 oisillons et analysé les comportements de quête alimentaire des parents en considérant la proportion de cultures intensives (maïs, blé et soya) et extensives (fourrages et pâturages) dans des rayon de 500 m et 5 km. L' abondance de diptères, source principale de nourriture chez l'espèce suivie, a également été considérée. Les résultats ont montré que peu importe leur milieu d'éclosion, les oisillons ayant survécus ont atteint la même masse asymptotique. Toutefois, le délai pour atteindre cette masse était plus long en milieux intensifs. Pour leur part, l'apparition et le développement de la neuvième primaire n'étaient aucunement influencés par la composition du paysage. L'intensification agricole exigeait un plus grand effort parental en milieux intensifs, pour un même nombre de visites au nid, les parents passaient moins de temps à l'intérieur du nichoir avec une augmentation des cultures intensives et une diminution de la biomasse de diptères. Toutefois, malgré les efforts de compensation parentale, la croissance des oisillons était plus lente en milieux intensifs. Les plus petits oisillons étant exposés à une mortalité plus élevée, le recrutement au sein de la population reproductrice serait davantage affecté en milieu intensif. Ceci contribuerait au déclin de la population d'Hirondelle bicolore.
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