Activités circadiennes et stratégies énergétiques de deux chauves-souris tropicales face à des contraintes temporelles dans l'acquisition de nourriture

Les petits endothermes, ayant un rapport surface/volume élevé, ont des coûts de thermorégulation élevés. Leur métabolisme nécessite l'ingestion quotidienne d'une grande quantité de nourriture. Parmi ces endothermes, les chauves-souris font face à des contraintes supplémentaires reliées au...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Villeneuve, François
Other Authors: Thomas, Donald
Language:French
Published: Université de Sherbrooke 2008
Online Access:http://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/4812
Description
Summary:Les petits endothermes, ayant un rapport surface/volume élevé, ont des coûts de thermorégulation élevés. Leur métabolisme nécessite l'ingestion quotidienne d'une grande quantité de nourriture. Parmi ces endothermes, les chauves-souris font face à des contraintes supplémentaires reliées au vol, lesquelles limitent la quantité de réserves adipeuses qu'elles peuvent accumuler. Elles ne peuvent ainsi se permettre d'équilibrer leur bilan énergétique sur de longues périodes par accumulation de réserves.Les chauves-souris tropicales subissent peu de variations annuelles dans leur photopériode. Elles ont toujours plus ou moins 12 heures pour leurs activités de déplacements et de quête de nourriture. Parmi ces espèces, les frugivores ont un métabolisme plus élevé que les insectivores. Elles ingèrent souvent plus que leur masse corporelle en nourriture quotidiennement. Certaines contraintes peuvent affecter le succès de cette quête de nourriture, par exemple, les pluies tropicales intenses et l'inhibition par la lumière lors des nuits de pleine lune. Dans cette étude, j'ai voulu vérifier l'effet de la photopériode et de contraintes temporelles dans l'acquisition de nourriture sur les activités circadiennes et les stratégies énergétiques de deux espèces tropicales en captivité, Carollia perspicillata et Glossophaga soricina . On pouvait s'attendre à ce que ces stratégies varient en fonction de l'état énergétique des individus.Les résultats montrent que C. perspicillata était plus inhibée par la lumière que G. soricina . Pour cette dernière, une période d'activité s'étendant sur 12 heures semble intrinsèque et indépendante de la photopériode imposée et de l'acquisition d'énergie. Pour les deux espèces, la gestion de la masse corporelle se fait de façon assez stricte et semble indépendante de la quantité d'énergie ingérée. Malgré le fait que le taux d'ingestion de nourriture peut augmenter de l'ordre de 150 % lorsque les périodes d'alimentation sont réduites, la masse corporelle maximale atteinte est toujours de 20 g chez C. perspicillata et de 12 g chez G. soricina . Par contre, lorsque l'acquisition d'énergie est insuffisante les deux espèces ont présenté des périodes de torpeur, permettant une économie d'énergie substantielle. Ce fut le cas de sept individus sur treize pour C. perspicillata dont la température corporelle baissait alors à 32-33 ÀC pour des périodes variant de 35 minutes à plus de 9 heures selon la photopériode. Chez G. soricina , cinq individus sur six ont présenté des périodes de torpeur lorsque la période d'alimentation fut réduite à 4 heures par jour. Ces périodes ont varié de 75 minutes à près de 6 heures à une température moyenne de 32 ÀC. Cette étude montre que, chez ces espèces frugivores, il y a un contrôle serré de la masse corporelle, que les stratégies varient en fonction de l'état des individus et que l'utilisation de la torpeur est fréquente.