Summary: | Le rejet massif des OGM par les citoyens européens met en lumière la question de l'acceptabilité sociale des technologies émergentes. Les nanotechnologies, qui exploitent les propriétés de la matière à l'échelle nanométrique, prennent de plus en plus de place en terme de R&D et de part de marchés. Ainsi, la question de l'acceptabilité sociale reste entière, malgré les nombreuses définitions retrouvées dans la littérature : certains auteurs confondent l'acceptabilité sociale, l'acceptance et l'acceptabilité du risque. L'absence de consensus sur la définition a comme conséquence de rendre ardue la distinction entre un développement nanotechnologique jugé acceptable et non acceptable socialement. Cette recherche qualitative et exploratoire se penche donc sur la conception et le traitement accordé à la notion d'acceptabilité sociale au sein d'un plateau d'innovation technologique, MINATEC IDEAs Laboratory® (MIL), et au traitement accordé à cette notion dans deux politiques gouvernementales majeures au plan international en matière de nanotechnologies, soit la politique américaine et européenne. Les entrevues menées chez MIL ont permis de construire, selon un processus itératif, une grille des critères mobilisés lors du traitement de l'acceptabilité sociale. Les résultats des entrevues furent analysés selon un cadre théorique inspiré de Wiistenhagen qui définit l'acceptabilité sociale selon trois composantes, soit l'acceptance des marchés, l'acceptabilité sociopolitique et l'acceptabilité communautaire. Les répondants de MIL conçoivent principalement l'acceptabilité sociale sous l'angle de l'acceptance des marchés et la notion d'usage est omniprésente. La grille est ensuite utilisée pour comparer les deux politiques (convergences et divergences). Il est ressorti que ces politiques se distinguent principalement au plan de la composante acceptabilité sociopolitique (aucune mention dans la politique américaine, alors que le document européen en fait mention à 24 reprises), la non-mention de l'acceptance des marchés par le document européen et le peu de mentions de l'acceptabilité communautaire dans la politique américaine (14 unités de signification dans la politique européenne contre 3). Il ressort principalement de cette étude que la notion d'acceptabilité sociale, à l'instar d'autres notions centrales comme le Principe de précaution, occulte l'existence d'un écart important entre les intérêts et les valeurs sociales des milieux (industriels, gestionnaires) qui y réfèrent.
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