| Summary: | Ce mémoire de maîtrise apporte une réflexion sur les thèmes et formes de la cruauté par l’étude de trois romans composant la «Trilogie des jumeaux» d’Agota Kristof, de même que par l’écriture de récits brefs. J’ai ainsi voulu explorer différentes facettes de la cruauté en littérature autant chez une écrivaine que de l’intérieur, en lien avec ma propre pratique. Dans le premier chapitre de mon mémoire, j’aborde les manifestations de la cruauté sous différents angles, soit ceux de la monstruosité et de l’abjection, de l’exil comme contexte de production, et de la construction romanesque ainsi que du style particulier de Kristof. La thèse de Julia Kristeva me permet de comprendre les motivations qui poussent les personnages à adopter un comportement cruel envers eux-mêmes et leurs proches. Je fais aussi un parallèle entre le cheminement personnel de l’auteure et la vision du monde qui est proposée dans son œuvre romanesque. J’examine enfin la construction de l’identité des jumeaux sous l’angle de la cruauté pour en dégager les trois principales caractéristiques : la description objective des faits, le ton froid et impersonnel de la narration, et le brouillage des indices et des repères narratifs. Le deuxième chapitre de mon mémoire porte sur la réception critique de cette trilogie, plus précisément sur les effets de la cruauté que les romans provoquent chez le lecteur. Après avoir lu les articles et ouvrages consacrés aux romans de Kristof, je relève deux sortes de réactions face à la trilogie : les manifestations d’un désir de censure et les interprétations de type enquête policière. La seconde partie de mon mémoire propose un recueil de récits brefs intitulé L’abattoir. Dans ces récits, j’explore le thème de la cruauté par la mise en scène de personnages marginaux, confrontés à un monde sordide, froid ou indifférent, qui leur paraît hostile. Ainsi donc, l’étude de certains thèmes et formes de la cruauté dans la trilogie d’Agota Kristof m’aura permis de mieux comprendre le fonctionnement spécifique de la cruauté dans les formes narratives, et d’en faire l’exploration par l’écriture de récits brefs.
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