Summary: | Le côlon des rongeurs adopte au cours de son développement certaines caractéristiques morphologiques et fonctionnelles qui sont propres à l'intestin grêle. Une période de différenciation majeure de ces organes aura donc lieu entre la naissance et le sevrage chez la souris. C'est dans cette période de maturation finale que nous avons focalisé notre étude du développement du côlon chez la souris. Peu après la naissance, le côlon proximal des rongeurs est pourvu de villosités. Contrairement à ce qui avait été rapporté précédemment, nos observations histologiques nous laissent suggérer que les villosités se transforment progressivement en replis des couches muqueuses et sous-muqueuses lors de la formation de nouvelles cryptes. Le développement de la prolifération cellulaire évalué par l'incorporation de 3H-TdR dans l'ADN total du côlon entier, est caractérisé par une chute de cette incorporation de la naissance à la période de sevrage. Des études autoradiographiques, établissant les index de marquage, nous dévoilent que ce profil reflète avant tout la diminution rapide de la prolifération des muscles lisses externes du côlon. Le schéma de développement diffère passablement dans les cellules épithéliales de la muqueuse où la prolifération cellulaire diminue d'abord dans la semaine qui suit la naissance, pour ensuite réaugmenter vers des niveaux adultes plus élevés. L'initiation de cette remontée coïncide avec la période de sevrage dans le côlon distal, alors qu'elle s'amorce beaucoup plus tôt dans le côlon proximal. La présence de plusieurs activités hydrolytiques a été démontrée pour la première fois dans le côlon murin néonatal. La plupart des activités enzymatiques sont toutefois retrouvées en quantités relativement faibles comparativement aux niveaux observés dans l'intestin grêle. L'activité de la phosphatase alcaline demeure de loin la plus substantielle du côlon, mais elle diminue rapidement dans la semaine qui suit la naissance. Par contre, des enzymes tels que la glucoamylase, la y-GT et la maltase demeurent à des niveaux plus stables jusqu'au sevrage, laissant supposer que le côlon de souris conserve tardivement certaines capacités à digérer des nutriments. Une étude "in vivo" des modulateurs (hormones et facteur de croissance) possibles du développement du côlon a également été entreprise. L'analyse des effets provoqués par l'injection d'acétate de cortisone ou d'insuline à des souris allaitées a permis de suggérer un rôle régulateur possible à ces hormones sur la maturation de la prolifération de l'épithélium du côlon. La cortisone induit une augmentation significative de l'activité de la lactase et de la phosphatase alcaline, alors que l'insuline provoque une augmentation dose-dépendante des principaux isomères de phosphatase alcaline du côlon proximal. On ne peut néanmoins conclure à un effet régulateur de ces hormones sur la différenciation enzymatique de la muqueuse du côlon, puisque les effets vont à l'encontre du développement normal de ces enzymes. La dernière partie de ce travail a consisté en l'étude "in vitro" des régulateurs hormonaux. L'application de la méthode de culture organotypique adaptée à l'intestin grêle des souris allaitées s'est toutefois avérée inefficace pour assurer la survie d'explants de côlon. Seule une supplémentation du milieu de culture en hydrocortisone parvient à améliorer le maintien morphologique et de l'activité proliférative du côlon. Cependant l'EGF, employé à concentration élevée, induit une augmentation significative de la synthèse des glycoprotéines des explants de côlon de souris âgées de 8 jours.
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