Summary: | Dans ce travail, nous avons étudié la réponse pulmonaire aiguë à une seule dose de chrysotile en suspension saline, introduite par instillation intratrachéale. Uniquement le lobe trachéal des moutons est exposé, et la réaction pulmonaire est évaluée avec des LBA aux jours 0, 1, 8, 15, 22 et 29; l'animal est sacrifié au jour 29, et des prélèvements sont effectués. Un groupe témoin et un groupe de moutons exposés à des billes de latex sont utilisés pour comparaison. Le latex provoque une réaction alvéolaire macrophagique avec phagocytose; les billes ne sont pas toxiques pour les macrophages alvéolaires. Au jour 29, le parenchyme pulmonaire ne présente pas de changement notable. La chrysotile produit une alvéolite macrophagique et neutrophilique durant toute la phase aiguë, i.e. jusqu'au jour 29; les MA phagocytent les fibres pendant les 4 semaines, tandis que les neutrophiles ne les ingèrent que durant les premiers jours post-exposition. Les fibres endommagent les phagosomes et les phagocytes, pour finalement les détruire. Les fibres atteignant le milieu alvéolaire mesurent jusqu'à 3.5 micromètres de longueur. Du jr 15 au jr 29 post-exposition, la longueur maximale observée est de 1.0 micromètre. La quantité de fibres diminue progressivement du jr 1 au jr 29, en commençant par les fibres libres dans le milieu alvéolaire, pour ensuite affecter celles contenues dans les MA. Les biopsies pulmonaires post-mortem au jour 29 montrent des altérations morphologiques d'intensité variable d'un mouton à l'autre, probablement en relation avec la susceptibilité individuelle. L'épithélium alvéolaire demeure relativement intact, mais révèle des signes focaux de régénération avec hyperplasie des pneumocytes II. A ce stade, les changements sont principalement dans l’interstitium, avec augmentation du nombre de macrophages interstitiels, plusieurs contenant des fibres, et de fibroblastes actifs déposant du collagène, dont quelques-uns contiennent aussi de la chrysotile. Ces fibres ont une longueur maximale de 1,2 micromètre. Le septum alvéolaire est épaissi, surtout par augmentation de la cellularité, mais partiellement aussi par les dépôts de collagène. Ce n'est pas la quantité de collagène interstitiel qui attire notre attention, mais la façon dont il est déposé puisqu'il est focalement en contact direct avec la membrane basale épithéliale. Les autres composantes de l'unité alvéolaire ne sont pas significativement altérées. La réaction pulmonaire aux fibres de chrysotile peut se résumer à l'action/interaction de 4 types cellulaires: neutrophiles-MA-MI-et fibroblastes.
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