Roch Carrier : du carnavalesque à la parodie

[…] Pendant les décennies de 1960 et 1970 le Québec est vigoureusement secoué par les bouleversements que l'on sait; pour les écrivains, à la fois concepteurs et héritiers de l'ordre nouveau qui se crée en ébranlant les fondements mêmes de la société, les rapports de filiation littéraire s...

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Bibliographic Details
Main Author: Bienvenue, Suzanne
Other Authors: Sirois, Antoine
Language:French
Published: Université de Sherbrooke 1992
Online Access:http://hdl.handle.net/11143/10071
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spelling ndltd-usherbrooke.ca-oai-savoirs.usherbrooke.ca-11143-100712017-02-09T17:06:28Z Roch Carrier : du carnavalesque à la parodie Bienvenue, Suzanne Sirois, Antoine […] Pendant les décennies de 1960 et 1970 le Québec est vigoureusement secoué par les bouleversements que l'on sait; pour les écrivains, à la fois concepteurs et héritiers de l'ordre nouveau qui se crée en ébranlant les fondements mêmes de la société, les rapports de filiation littéraire sont forcément modifiés. De nouvelles relations s'établissent entre le nouveau qui s'impose et le patrimoine qui s'accroche. «Fini l'assassinat massif du présent et du futur à coup redoublé du passé» avait annoncé Le Refus global, précurseur de tous les changements à venir. L'ironie sous toutes ses formes ne tarde pas à présider à cet affrontement des valeurs. Prévisible, inévitable même, la parodie teinte une grande partie de notre roman contemporain. Que l'on pense à Jacques Perron, Gérard Bessette, Réjean Ducharme, Victor-Lévy Beaulieu; «La part de la parodie n'est pas mince dans Une saison» selon Gilles Marcotte, ces mots à l'adresse de Marie-Claire Biais pourraient aussi bien convenir à l'un ou l'autre des auteurs cités. La remarque s'appliquerait également à Roch Carrier. Pour décrire une société qui est passée «en une décennie, du Moyen Âge au XXe siècle», comme il le répète souvent à son retour au pays après une absence prolongée, il aura recours aux «mocqueries, fôlateries et menteries joyeuses» tout comme Rabelais; lui aussi, «il livre un assaut aux ténèbres gothiques» du Québec. La parodie, dans son sens élargi, c'est-à-dire le discours ironisant, imprègne son oeuvre; parfois elle la domine par des éclats de rire, souvent elle devient plus discrète, et même à peine perceptible; elle sous-tend en particulier les romans de la «période sombre» auxquels il faut ajouter II n'y a pas de pays sans grand-père, relié aux récits précédents par certains personnages partageant, par ailleurs, le même espace au pied des Appalaches. […] 1992 Mémoire http://hdl.handle.net/11143/10071 fre © Suzanne Bienvenue Université de Sherbrooke
collection NDLTD
language French
sources NDLTD
description […] Pendant les décennies de 1960 et 1970 le Québec est vigoureusement secoué par les bouleversements que l'on sait; pour les écrivains, à la fois concepteurs et héritiers de l'ordre nouveau qui se crée en ébranlant les fondements mêmes de la société, les rapports de filiation littéraire sont forcément modifiés. De nouvelles relations s'établissent entre le nouveau qui s'impose et le patrimoine qui s'accroche. «Fini l'assassinat massif du présent et du futur à coup redoublé du passé» avait annoncé Le Refus global, précurseur de tous les changements à venir. L'ironie sous toutes ses formes ne tarde pas à présider à cet affrontement des valeurs. Prévisible, inévitable même, la parodie teinte une grande partie de notre roman contemporain. Que l'on pense à Jacques Perron, Gérard Bessette, Réjean Ducharme, Victor-Lévy Beaulieu; «La part de la parodie n'est pas mince dans Une saison» selon Gilles Marcotte, ces mots à l'adresse de Marie-Claire Biais pourraient aussi bien convenir à l'un ou l'autre des auteurs cités. La remarque s'appliquerait également à Roch Carrier. Pour décrire une société qui est passée «en une décennie, du Moyen Âge au XXe siècle», comme il le répète souvent à son retour au pays après une absence prolongée, il aura recours aux «mocqueries, fôlateries et menteries joyeuses» tout comme Rabelais; lui aussi, «il livre un assaut aux ténèbres gothiques» du Québec. La parodie, dans son sens élargi, c'est-à-dire le discours ironisant, imprègne son oeuvre; parfois elle la domine par des éclats de rire, souvent elle devient plus discrète, et même à peine perceptible; elle sous-tend en particulier les romans de la «période sombre» auxquels il faut ajouter II n'y a pas de pays sans grand-père, relié aux récits précédents par certains personnages partageant, par ailleurs, le même espace au pied des Appalaches. […]
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