Summary: | Qui s'est un tant soit peu frotté à la phonétique n'ignore pas ce qu'est le trapèze vocalique. L'étudiant s'en sert pour mémoriser les voyelles de l'alphabet phonétique et il s'empresse de le schématiser au verso de son questionnaire d'examen. Le professeur ne peut s'empêcher de le dessiner au tableau quand il parle de la voyelle. Le phonéticien énumère les voyelles en faisant le tour du trapèze. On peut à peine parler de formant ou de voyelle aiguë sans se représenter mentalement le trapèze. Mais, qu'est-ce exactement que cette figure? C'est évidemment un moyen pédagogique pour l'enseignement de la phonétique de la voyelle. Mais n'est-ce pas autre chose? C'est bien entendu un système commode et assez élégant de classification des voyelles. Mais au fond, la figure triangulaire est-elle si commode et surtout si élégante comme mode de classification? N'y aurait-il pas mieux, plus précis, plus fidèle à la réalité et surtout plus complet? On prend très souvent le trapèze vocalique pour acquis. On n'a guère l'habitude de se poser beaucoup de questions à son sujet. Mais si l'on s'y arrête un instant, on peut se demander de qui nous vient cette idée de représenter le système des voyelles sous forme d'un trapèze. On peut se demander également, en le voyant inlassablement changer de forme à mesure qu'on change de traité de phonétique, s'il est fondé sur des données scientifiques ou si ce n'est, parmi tant d'autres possibilités, qu'une façon de classer les voyelles. Et qu'advient-il, lorsqu'en feuilletant un traité quelconque, on ne le retrouve plus ? L'auteur rejetterait-il ce mode de classification ou l'ignorerait-il tout simplement? Mais s'il le rejette ou s'il l'ignore, a-t-il aussi de bonnes raisons? Les auteurs ne sont pas tellement loquaces à ce sujet. On adopte le système ou on l'ignore et cela semble très souvent aller de soi. […]
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