Vulnérabilité, silence et agentivité : une conception butlerienne de la résistance politique
Théoricienne américaine particulièrement connue pour son ouvrage Trouble dans le genre, Judith Butler est une autrice amplement discutée dans le milieu académique sur les questions de genre, et considérée par plusieurs comme une penseuse centrale des théories queer. Toutefois, ses plus récents écrit...
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Format: | Others |
Language: | fr |
Published: |
Université d'Ottawa / University of Ottawa
2021
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Online Access: | http://hdl.handle.net/10393/42420 http://dx.doi.org/10.20381/ruor-26640 |
Summary: | Théoricienne américaine particulièrement connue pour son ouvrage Trouble dans le genre, Judith Butler est une autrice amplement discutée dans le milieu académique sur les questions de genre, et considérée par plusieurs comme une penseuse centrale des théories queer. Toutefois, ses plus récents écrits ont davantage porté sur des questions politiques plus larges qui ont étendu la portée de sa réflexion à d’autres formes d’oppression, notamment à partir de réflexions sur la précarité et la vulnérabilité. Cette thèse porte sur l’œuvre de Butler, plus précisément sur ses réflexions politico-philosophiques entourant la vulnérabilité, l’agentivité et la résistance politique. J’y défends que les idées de Butler sont particulièrement pertinentes pour penser le politique et les pratiques émancipatrices, car Butler accorde une grande importance à la critique, à la résistance et aux pouvoirs d’agir des précaires. Dans mon premier chapitre, j’explique la place qu’occupe le concept de vulnérabilité dans les théories féministes contemporaines et je situe Butler au sein de cette littérature. À cette fin, je propose une nouvelle typologie des théories féministes contemporaines de la vulnérabilité se divisant en trois courants : les théories libérales, les théories du care et les théories féministes critiques. Dans le deuxième chapitre, je montre comment la conception de la vulnérabilité proposée par Butler lui permet de défendre une nouvelle compréhension de la responsabilité sociale qui fait en partie écho aux éthiques du care – un nouvel éthos de la solidarité. Puis, j’explique en quoi cette vulnérabilité est nécessairement liée à la capacité d’agir même du sujet (son agentivité) et en quoi la critique – comprise comme pratique – occupe un rôle central dans cette approche lorsque l’on parle de lutte et de résistance politique. J’y soutient également que Butler engage un discours et un cadre théorique qui permettent de parler des formes d’agir politiques employées par les opprimé·e·s, et d’envisager la création d’alliances et d’une solidarité entres les luttes. Dans le troisième et dernier chapitre, je puise chez les auteurs et autrices qui travaillent sur ce que j’appelle les silences agentifs afin d’offrir quelques exemples de résistances politiques pouvant s’inscrire dans un projet butlerien de lutte contre les inégalités, la précarité et la violence. Cet excursus dans ces écrits me permet d’analyser de manière critique l’opposition binaire qui a été historiquement constituée entre passivité et agentivité, puis entre silence et parole – mais également de défendre des pratiques politiques alternatives pouvant être mobilisées par les dépossédé·e·s. |
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