Familles victimes de violence perpétrée par un proche souffrant de troubles mentaux sévères : une théorisation du phénomène

Cette recherche a gravité autour des soins offerts aux familles de patients atteints de troubles mentaux et qui sont hospitalisés en milieu de psychiatrie légale. Le but de cette recherche doctorale était d’étudier le phénomène de la violence familiale perpétrée par un proche atteint de troubles men...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Paradis-Gagné, Etienne
Other Authors: Holmes, Dave R.
Format: Others
Language:fr
Published: Université d'Ottawa / University of Ottawa 2019
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/10393/38720
http://dx.doi.org/10.20381/ruor-22972
Description
Summary:Cette recherche a gravité autour des soins offerts aux familles de patients atteints de troubles mentaux et qui sont hospitalisés en milieu de psychiatrie légale. Le but de cette recherche doctorale était d’étudier le phénomène de la violence familiale perpétrée par un proche atteint de troubles mentaux et de mettre en lumière les dynamiques qui existent entre les acteurs impliqués (familles, milieux hospitaliers et organismes de soutien). Selon les écrits recensés, les familles vivant avec un proche atteint d’un trouble mental sont bien souvent confrontées à une problématique de violence. En effet, près de la moitié de ces familles en sont victimes. On observe dans la pratique clinique et en recherche la difficulté des familles à devoir conjuguer la violence et la maladie. Il ressort des écrits que ces familles doivent faire intervenir les policiers et effectuer des démarches juridiques afin de faire hospitaliser le proche contre son gré. Cette réalité entraîne une animosité chez le proche à l’endroit de sa famille, et peut exacerber les perceptions paranoïdes ou persécutrices. Pareille interaction entre la psychiatrie et le système judiciaire est par contre délétère pour la relation familiale. Ce projet doctoral avait pour but d’étudier l’expérience vécue des membres de ces familles, qui sont à la fois soignants et victimes de violence. Nous voulions également explorer les impacts de la violence à l’endroit des membres de la famille ainsi que les stratégies utilisées afin de la prévenir. La théorie du gouvernement des familles de Donzelot (1977/2005) a été préconisée comme cadre théorique. Le concept de gouvernementalité englobe les différents mécanismes de pouvoir et de contrôle qui s’exercent à l’endroit de la famille. Sur le plan méthodologique, le devis est de type qualitatif et la théorisation ancrée a été utilisée comme stratégie de recherche. Cette méthode de recherche a pour objectif de mettre en lumière les processus, les interactions et le vécu des participants (Corbin et Strauss, 2014). Lors de la collecte de données, 14 participants ayant été victimes de violence perpétrée par un proche atteint de troubles mentaux sévères ont été recrutés. Les participants provenaient de dix familles différentes à travers la grande région de Montréal, et ont été rencontrés dans le cadre d’entretiens semi-structurés en individuel, en couple ou en groupe. Des notes d’observation et des mémos analytiques ont été rédigés, et ont aussi fait partie du matériel analysé. Cinq thèmes ont émergé de l’analyse qualitative des données : 1) le dispositif médico-légal ; 2) l’expérience de la violence ; 3) la prise en charge du proche par la famille ; 4) les mécanismes d’exclusion et de stigmatisation ; et 5) souffrances et résilience. Les principaux résultats de notre recherche indiquent qu’un gouvernement de la famille s’effectue par l’entremise de certains mécanismes, dont l’instrumentalisation du rôle de la famille et le transfert du mandat de soin à cette dernière. Nous avons pu observer qu’un double mandat (soin et contrôle) est imposé à la famille. L’existence de ce double mandat engendre une ambivalence affective chez les familles et est source de tensions internes. Nous avons aussi observé la présence de barrières à l’inclusion des familles dans la trajectoire de soins, soit entre autres la confidentialité, le vocabulaire psychiatrique hermétique et la stigmatisation de la famille en présence de la violence. En résumé, cette recherche s’avère pertinente pour la discipline et la pratique infirmières puisqu’elle permet d’éclairer les interventions cliniques et les politiques de santé par rapport aux soins à la famille. Elle est aussi pertinente afin de pouvoir offrir des soins de qualité adaptés à une situation familiale des plus complexes. Enfin, grâce à cette recherche, nous avons tenté de donner une voix aux membres de familles, sur qui pèse un lourd fardeau.