Le refus du Canada d’exporter de l’eau en vrac vers les États-Unis : une analyse discursive

Entre 1998 et 2002, le gouvernement du Canada a développé, adopté et déployé une stratégie triaxiale visant à prévenir toute exportation d’eau en vrac au pays, spécialement à destination des États-Unis. Cette politique étrangère étonne 1) de par son ampleur (modification de la loi de mise en œuvre d...

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Main Author: Julien, Frédéric
Other Authors: Paquerot, Sylvie
Language:fr
Published: Université d'Ottawa / University of Ottawa 2016
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/10393/34151
http://dx.doi.org/10.20381/ruor-5195
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spelling ndltd-uottawa.ca-oai-ruor.uottawa.ca-10393-341512018-01-05T19:02:33Z Le refus du Canada d’exporter de l’eau en vrac vers les États-Unis : une analyse discursive Julien, Frédéric Paquerot, Sylvie exportation d'eau en vrac hydropolitique géopolitique de l'eau construction sociale de la nature analyse de discours politique étrangère du Canada Entre 1998 et 2002, le gouvernement du Canada a développé, adopté et déployé une stratégie triaxiale visant à prévenir toute exportation d’eau en vrac au pays, spécialement à destination des États-Unis. Cette politique étrangère étonne 1) de par son ampleur (modification de la loi de mise en œuvre du traité sur les eaux limitrophes partagées avec les États-Unis; négociation d’un accord intergouvernemental pancanadien touchant à un champ de compétence provincial; renvoi conjoint avec les États-Unis à la Commission mixte internationale); 2) de par son intransigeance (refus de principe de l’exportation d’eau en vrac plutôt qu’une évaluation des projets au cas par cas); et 3) de par son caractère préventif (refus par avance d’une industrie au potentiel de développement presque nul à court et moyen termes). En effet, un tel effort pour contrer l’exportation d’une ressource naturelle paraît a priori contraire à l’intérêt national d’un pays dont l’histoire économique est marquée par la vente massive de ses ressources à l’étranger. Afin de déterminer comment il a été possible pour le Canada de mettre en place une politique étrangère allant de prime abord si clairement à l’encontre de son intérêt national, la présente thèse propose de délaisser la conception classique de cet intérêt, exprimée en termes utilitaires et objectivistes, pour une conception plus récente, dite discursive, et exprimée en termes identitaires et intersubjectifs. Sur la base d’un exercice de raisonnement contrefactuel; de l’analyse sémantique du débat public concernant l’exportation d’eau en vrac; et de l’étude des représentations historiques de l’eau et de la relation Canada-États-Unis dans la société canadienne, cette avenue permet de soutenir que la stratégie anti-exportation d’eau en vrac du Canada s’inscrit en fin de compte bel et bien dans son intérêt national. C’est-à-dire qu’elle donne l’occasion au Canada de mettre de l’avant la protection d’une ressource unique, considérée comme un élément vital, un patrimoine national et une composante de l’identité canadienne, identité qu’il convient d’affirmer vis-à-vis de l’Autre états-unien en refusant que le Canada ne soit réduit, presque littéralement, au statut de porteur d’eau de son puissant voisin du sud. 2016-01-20T13:15:28Z 2016-01-20T13:15:28Z 2016 Thesis http://hdl.handle.net/10393/34151 http://dx.doi.org/10.20381/ruor-5195 fr Université d'Ottawa / University of Ottawa
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Julien, Frédéric
Le refus du Canada d’exporter de l’eau en vrac vers les États-Unis : une analyse discursive
description Entre 1998 et 2002, le gouvernement du Canada a développé, adopté et déployé une stratégie triaxiale visant à prévenir toute exportation d’eau en vrac au pays, spécialement à destination des États-Unis. Cette politique étrangère étonne 1) de par son ampleur (modification de la loi de mise en œuvre du traité sur les eaux limitrophes partagées avec les États-Unis; négociation d’un accord intergouvernemental pancanadien touchant à un champ de compétence provincial; renvoi conjoint avec les États-Unis à la Commission mixte internationale); 2) de par son intransigeance (refus de principe de l’exportation d’eau en vrac plutôt qu’une évaluation des projets au cas par cas); et 3) de par son caractère préventif (refus par avance d’une industrie au potentiel de développement presque nul à court et moyen termes). En effet, un tel effort pour contrer l’exportation d’une ressource naturelle paraît a priori contraire à l’intérêt national d’un pays dont l’histoire économique est marquée par la vente massive de ses ressources à l’étranger. Afin de déterminer comment il a été possible pour le Canada de mettre en place une politique étrangère allant de prime abord si clairement à l’encontre de son intérêt national, la présente thèse propose de délaisser la conception classique de cet intérêt, exprimée en termes utilitaires et objectivistes, pour une conception plus récente, dite discursive, et exprimée en termes identitaires et intersubjectifs. Sur la base d’un exercice de raisonnement contrefactuel; de l’analyse sémantique du débat public concernant l’exportation d’eau en vrac; et de l’étude des représentations historiques de l’eau et de la relation Canada-États-Unis dans la société canadienne, cette avenue permet de soutenir que la stratégie anti-exportation d’eau en vrac du Canada s’inscrit en fin de compte bel et bien dans son intérêt national. C’est-à-dire qu’elle donne l’occasion au Canada de mettre de l’avant la protection d’une ressource unique, considérée comme un élément vital, un patrimoine national et une composante de l’identité canadienne, identité qu’il convient d’affirmer vis-à-vis de l’Autre états-unien en refusant que le Canada ne soit réduit, presque littéralement, au statut de porteur d’eau de son puissant voisin du sud.
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