Summary: | La patuline constitue un contaminant chimique toxique fréquemment rencontré dans les produits issus de la transformation des fruits, notamment des pommes. Cette toxine essentiellement produite par Penicillium expansum et Byssochlamys nivea fait l'objet d'une réglementation européenne récente (N°1425/2003). Contrairement à certaines mycotoxines règlementées telles que les aflatoxines, les trichothécènes ou les fumonisines, la génétique de la voie de biosynthèse de la patuline est fort mal connue, bien que cette voie ait été relativement bien caractérisée du point de vue chimique. Deux espèces toxinogènes, Byssochlamys nivea et Penicillium griseofulvum ont été étudiées en tant qu'espèces modèles. Trois gènes impliqués dans la synthèse de la patuline ont été isolés de B. nivea, et entièrement séquencés lors de ce travail. Le premier gène 6msas isolé code pour une polycétide synthase, l'acide 6-methylsalicylique synthase, intervenant au début de la cascade enzymatique conduisant à la synthèse de la patuline. Le deuxième gène idh coderait pour une alcool déshydrogénase impliquée dans la transformation de l'isoépoxydon en phyllostine, deux autres précurseurs de la patuline. En amont de ce dernier gène, sur le brin complémentaire, un gène abc codant pour un transporteur actif de la famille des ABC transporteurs a été localisé, isolé et entièrement séquencé chez Penicillium griseofulvum, puis chez B. nivea et P. expansum. La présence d'un tel gène ne semble pas aberrante puisqu'il a été montré que certains transporteurs actifs faisaient partie de l'arsenal de résistance développé par les champignons pour ne pas subir les
effets délétères des toxines qu'ils synthétisent. D'après les données brutes du séquençage du génome d'Aspergillus clavatus, autre espèce de patuline, le complexe génique abc/idh serait distant de 10 kb du gène 6msas. L'analyse de la région avoisinant ces gènes dévoile l'existence chez A. clavatus d'un cluster de gènes constitué d'au moins 12 gènes en comptant les trois gènes préalablement identifiés, potentiellement impliqués dans la synthèse de la mycotoxine. Parmi ces gènes, plusieurs codent pour des enzymes dont l'implication semble évidente au regard des données actuellement disponibles sur la caractérisation chimique de la voie de biosynthèse de la patuline. Du point de vue application, ces travaux ont d'ores et déjà apportés des réponses concrètes à des
problèmes industriels. Une étude réalisée sur un panel relativement divers de souches d'origine géographique différente de Byssochlamys nivea et Byssochlamys fulva, conclut à la non-production de patuline par B. fulva sur des bases analytiques et génétiques. Cette absence de production est due à l'absence d'au moins deux gènes, 6msas et idh. B fulva fréquemment isolé des fruits ne représente donc pas une source de contamination des pommes par la patuline dans les filières de transformation. Penicillium expansum et Byssochlamys nivea sont donc considérés comme les principales sources de contamination des pommes par la patuline.
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