L’impact de l’utilisation du traitement de texte sur la qualité de l’écriture d’élèves québécois du secondaire

Dans les dernières décennies, le présumé déclin de la compétence scripturale des élèves québécois a soulevé les passions. Force est d’admettre que leurs compétences sont lacunaires : tant les rapports du ministère de l’Éducation (Jalbert, 2006; Ouellet, 1984) que les études scientifiques ou gouverne...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Grégoire, Pascal
Other Authors: Karsenti, Thierry
Language:fr
Published: 2012
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/1866/7069
Description
Summary:Dans les dernières décennies, le présumé déclin de la compétence scripturale des élèves québécois a soulevé les passions. Force est d’admettre que leurs compétences sont lacunaires : tant les rapports du ministère de l’Éducation (Jalbert, 2006; Ouellet, 1984) que les études scientifiques ou gouvernementales (Bureau, 1985; Groupe DIEPE, 1995; Roberge, 1984) révèlent leur incapacité à s’approprier l’écriture. Les TIC pourraient bien faire partie de la solution : on sait pertinemment qu’elles favorisent la réussite scolaire dans certains contextes (Barayktar, 2001; Christmann & Badgett, 2003; Waxman, Lin, & Michko, 2003). Toutefois, modifient-elles le processus scriptural au point d’en faciliter l’apprentissage? Cette question constitue le cœur de l’actuel projet de recherche. Les modèles du processus d’écriture comme celui de Hayes et Flower (Flower & Hayes, 1981; Hayes, 1995; Hayes & Flower, 1980) rappellent que les TIC font partie du contexte de production; à ce titre, elles influencent autant la qualité des textes que les processus cognitifs et la motivation. Elles libèrent notamment des ressources cognitives, puisqu’elles prennent en charge certaines opérations, comme la calligraphie (Daiute, 1983). Partant, le scripteur peut se concentrer davantage sur des tâches plus complexes. Des méta-analyses (Bangert-Drowns, 1993; Goldberg, Russell, & Cook, 2003) attestent que le traitement de texte exerce un effet minime, mais statistiquement significatif sur la qualité de l’écriture. Toutefois, il est associé à des révisions en surface (Faigley & Witte, 1981; Figueredo & Varnhagen, 2006). Rares sont les projets de recherche qui explorent simultanément l’impact du traitement de texte sur plusieurs dimensions du processus scriptural; plus rares encore sont les travaux qui se sont intéressés à ce sujet depuis les années 1990. Pour pallier ce manque, cette thèse de doctorat vise à 1) mesurer l’effet des TIC sur la qualité de l’écriture; 2) décrire l’impact des TIC sur les processus cognitifs de révision et de traduction; 3) mesurer l’impact des TIC sur la motivation à écrire. Pour y arriver, nous recourons à une méthodologie mixte. D’une part, un devis de recherche quasi expérimental nous permet de comparer les scripteurs technologiques aux scripteurs traditionnels; d’autre part, une approche qualitative nous laisse accéder aux pensées et aux perceptions des utilisateurs de l’ordinateur. Les trois articles qui constituent le cœur de cette thèse rapportent les résultats relatifs à chacun des objectifs spécifiques de recherche. Dans le premier texte, nous avons mesuré les effets du traitement de texte sur la compétence scripturale. L’analyse statistique des données colligées nous a permis de dégager une amélioration des performances, strictement en orthographe d’usage. En comparaison, les élèves du groupe témoin se sont améliorés davantage en cohérence textuelle et ont mieux performé en orthographe grammaticale. Le deuxième article propose de faire la lumière sur ces résultats. Nous y étudions donc l’impact des TIC sur le processus cognitif de révision. Ce volet, basé sur une approche qualitative, recourt largement à l’observation vidéographiée. Nous y mettons d’abord en évidence le grand nombre d’erreurs commises lors des séances d’écriture technologiques; nous faisons également ressortir la sous-utilisation du vérificateur linguistique, qui pose peu de diagnostics appropriés ou qui est souvent ignoré des scripteurs. Toutefois, malgré cette sous-utilisation du traitement de texte, des entrevues de groupe font état de perceptions positives à l’égard des TIC; on leur prête des vertus certaines et elles sont jugées motivantes. Ce phénomène constitue le cœur du dernier article, au cours duquel nous tâchons de mesurer l’impact du mode d’écriture sur la motivation à écrire. Nous menons ce volet dans une perspective quantitative. La motivation des participants a été mesurée avec une échelle de motivation. L’analyse statistique des données montre que les élèves technologiques sont motivés intrinsèquement par les technologies, tandis que leurs pairs du groupe témoin sont amotivés. Lors du chapitre conclusif, nous mettons ces résultats en relation, tentant d’expliquer globalement l’impact des TIC dans le processus scriptural. Au terme de notre thèse, nous formulons des recommandations destinées aux praticiens et aux décideurs engagés dans le système éducatif. === The supposed decline of writing skills in Quebecois students’ during the last decades has raised vigorous debates. Admittedly, their competencies show deficiencies. Indeed, reports by the Ministry of Education (Jalbert, 2006; Ouellet, 1984) and research, both scientific and governmental (Bureau, 1985; Groupe DIEPE, 1995; Roberge, 1984), reveal their incapacity to appropriate the writing process. ICT might well be part of the solution : it is a well-known fact that they encourage scholastic achievement in certain contexts (Barayktar, 2001; Christmann & Badgett, 2003; Waxman, et al., 2003). However, do they modify the writing process so as to facilitate its learning? This question is at the heart of the current research project. Writing process models, such as those of Hayes and Flower (1981; 1995; 1980), remind us that ICT are a part of the Context component; as such, they influence the quality of the texts as much as cognitive processes and motivation. They unburden the cognitive process by taking on certain functions such as calligraphy (Daiute, 1983). Consequently, the writer may concentrate on more complex tasks. Meta-analyses (Bangert-Drowns, 1993; Goldberg, et al., 2003) show that the use of word processors has a small yet statistically significant effect on the quality of writing. That being said, they are mainly linked to surface changes (Faigley & Witte, 1981; Figueredo & Varnhagen, 2006). Research projects that explore the impact of word processors on the writing process and its various dimensions simultaneously are rare, even more so since the last twenty years. To satisfy this research gap, the present thesis aims at 1) measuring ICT effect upon the quality of writing; 2) describe ICT impact on the cognitive processes of translating and reviewing; 3) measure ICT impact on motivation to write. To this objective, we utilize a mixed methodology. On one hand, a quasi-experimental design allows for a comparison of technological writers to traditional writers; on the other, a qualitative approach provides access to the thoughts and perceptions of computer users. The three articles that constitute the heart of this thesis relate the results pertaining to the stated research objectives. In the first text, we measured the effects of word processing on the quality of writing. The statistical analysis of the dataset allowed us to observe an improvement in spelling, but not grammatical spelling. In comparison, students of the control group showed improvements in their texts’ logical coherence and grammatical orthography. The second article intends to shed light on these results. The impact of ICT on the cognitive processes of translating and reviewing is studied to that effect. This aspect, which is based on a qualitative approach, is largely based on video observation. First, are highlighted the many errors committed when word processing is used. Then, is underlined the poor use of spell checking tools, that oftentimes provide inappropriate diagnostics or that are simply ignored by users. However, group interviews have shown positive perceptions vis-à-vis ICT, despite their poor use. Indeed, they are considered motivating and their benefits, although recognized, do not seem to have an impact. The motivating factor is at the heart of the last article, which measures the impact of writing methods on the motivation to write. A quantitative analysis is used to that effect. The participants’ motivation was measured using a motivational scale. The statistical analysis of the dataset demonstrates that technological students are intrinsically motivated by ICT, whereas their peers of the control group are amotivated. In the concluding chapter, we put theses results in relation with one another so as to explain the impact of ICT on the writing process as a whole. Lastly, we hope to provide possible recommendations to practitioners and decision makers within the educational system.