La bédé-réalité : la bande dessinée autobiographique à l’heure des technologies numériques

À l’image des théories de la bande dessinée imprimée, la BD numérique est elle aussi accaparée par les analyses formalistes, dont la plus connue, celle de Scott McCloud, est critiquable, car elle réduit le média à un langage. Or, les mutations provoquées par la remédiation numérique ne sont pas uniq...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Delporte, Julie
Other Authors: Garneau, Michèle
Language:fr
Published: 2011
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/1866/5282
Description
Summary:À l’image des théories de la bande dessinée imprimée, la BD numérique est elle aussi accaparée par les analyses formalistes, dont la plus connue, celle de Scott McCloud, est critiquable, car elle réduit le média à un langage. Or, les mutations provoquées par la remédiation numérique ne sont pas uniquement formelles : l’expérience du lecteur, de l’auteur, et le rapport qu’ils entretiennent ensemble sont modifiés. Ce nouveau rapport influence le contenu des œuvres : on ne raconte pas la même chose dans le livre que sur Internet. L’autobiographie en BD, courant qui a explosé dans l’édition indépendante des années 1990, puis a été largement repris par les blogueurs, permet d’observer les différences de contenus et d’approches véhiculées par le livre et le numérique. Le dispositif du blogue propose un outil de liberté d’expression et de réflexion, mais les paramètres de son exécution (immédiateté, interactivité, désir de popularité, etc.) peuvent détourner cet objectif. Ainsi, beaucoup d’auteurs de blogues n’ont pas produit une autobiographie singulière, mais ont reproduit un courant de pensée existant (en exposant une libido fortement orientée vers la consommation) ainsi qu’un genre codifié, au sein duquel les autobiographies deviennent uniformes. Pour qualifier leurs blogues, on ne peut pas vraiment parler d’autobiographies, car ils ne mettent pas en scène un passé rétrospectif. Il s’agirait davantage de journaux intimes dont l’intimité est communiquée (ou publicisée) plutôt qu’expérimentée. Ce à quoi ces blogues ressemblent finalement le plus, c’est à une sorte de télé-réalité, une « bédé-réalité ». === Digital comics, like their printed counterparts, are heavily analyzed in a formalist approach: the most famous analysis, Scott McCloud's, could be criticized for it reduction of the media form to a language. But the changes that stem from the digital remediation aren't solely formal: the reader's experience, the author's, and the relation they share are all modified. This new relation changes the work's content: one doesn't tell the same thing in print and online. Autobiography in comics (a trend that exploded in the independent wave of the 90s and was later re-appropriated by bloggers) allows us to compare differences in approach between books and digital formats. The blog offers a tool for free speech and reflection, but at the same time diverts from such goals by the parameters of its execution (immediacy, interactivity, social networking, etc.). Indeed, many blog authors don't produce a singular autobiography as much as reproduce an existing trend (with a consumption-oriented libido) and a now-codified genre, in which autobiographies become uniform. Those blogs can't be completely considered as autobiographical anymore, as they don't tell of a retrospective past; they are more akin to personal diaries whose intimacy would be communicated (or publicized) instead of experienced. In that way, such blogs are closer to reality shows and could therefore be considered as a form of "reality comic".