Summary: | La baisse de plus en plus marquée de l’âge au premier rapport sexuel et l’augmentation de l’âge au premier mariage impliquent une durée plus longue d’exposition au risque des grossesses prénuptiales et aux infections sexuellement transmissibles incluant le VIH/sida. C’est pourquoi des interventions ont été mises en place en vue de protéger la santé des adolescents et jeunes. L’Observatoire de Population en Épidémiologie Socio-Clinique (POSE) conçu et mis sur pied au Cameroun depuis 1995, a fait de la santé des adolescents et jeunes une de ses priorités de santé publique en Afrique à travers le programme de promotion de la santé reproductive des adolescents et jeunes au Cameroun (CAREH). Le Programme CAREH mène des activités d’intervention dans la préfecture de Bandjoun depuis juillet 2000, et dans plusieurs autres régions du Cameroun depuis 2003. Cette thèse vise à évaluer certains aspects de cette intervention, en examinant dans quelle mesure entre 2000 et 2002, les activités d’intervention menées auraient contribué : 1) au report à plus tard du premier rapport sexuel chez les adolescents de 10 à 20 ans ; 2) à la prévention des grossesses non désirées chez les jeunes de 10 à 29 ans ; et 3) à la prévention de l’infection à VIH chez les jeunes de 10 à 29 ans.
Les données proviennent de l’Enquête sur la Famille et la Santé au Cameroun (EFSC), menée à Bandjoun en 2002. Un devis post-intervention a été utilisé après stratification des adolescents et jeunes en quatre groupes à savoir : jeunes exposés à l’intervention en milieu communautaire, jeunes exposés à l’intervention en milieu scolaire, jeunes non scolarisés non-exposés à l’intervention et jeunes scolarisés non-exposés à l’intervention. Les analyses descriptives et les analyses multivariées utilisant la régression logistique ont été utilisées pour examiner les associations présumées entre les variables d’intervention et les variables dépendantes considérées par rapport aux hypothèses de recherche émises. Nos analyses suggèrent que les adolescents scolarisés qui n’avaient pas déclaré avoir été exposés à l’intervention (RC = 1,973 ; IC =1,195-3,260) sont plus portés à avoir une perception négative de la sexualité prémaritale, que les adolescents non scolarisés n’ayant pas déclaré avoir été exposés aux activités d’intervention. Il n’y avait cependant pas de report significatif du premier rapport sexuel dans les groupes d’adolescents exposés à l’intervention par rapport à ceux non-exposés. Les connaissances sur la prévention des grossesses sont significativement plus élevées chez les jeunes scolarisés non-exposés (RC=1,953; IC=1,452 – 2,627), jeunes exposés à l’intervention en milieu communautaire (RC = 3,074 ; IC = 2,157 - 4,382) et les jeunes exposés à l’intervention en milieu scolaire (RC = 4,962 ; IC = 3,367 - 7,311) que chez les jeunes non scolarisés n’ayant pas déclaré avoir été exposés aux activités d’intervention. Il n’y a aucune différence statistiquement significative entre ces différents groupes quant à l’utilisation de la contraception moderne. La discussion sur la prévention des grossesses ou l’utilisation de la contraception avec un formateur était significativement associée à une amélioration des connaissances en prévention de grossesses chez les jeunes exposés à l’intervention en milieu scolaire (RC = 1,549 ; IC = 1,056 – 2,272), comparativement à leurs camarades exposés aux activités d’intervention en milieu communautaire sans avoir bénéficié d’une telle discussion. Les jeunes exposés à l’intervention en milieu communautaire (RC = 2,106 ; IC = 1,514 – 2,930) et ceux exposés l’intervention en milieu scolaire (RC = 3,117 ; IC = 2,192 – 4,433) connaissent mieux les modes de prévention de l’infection à VIH que les jeunes scolarisés mais n’ayant pas été exposés aux activités d’intervention. Il n’y avait toutefois pas de différences entre les groupes quant à l’utilisation du condom.
Ces conclusions sont interprétables dans les limites des données disponibles. En effet, il n’a pas été possible de déterminer les niveaux de connaissances en prévention de grossesses ou du VIH avant l’exposition des jeunes à l’intervention. Ainsi, chez les jeunes exposés en milieu communautaire ou scolaire, on ne peut savoir quel aurait été leur niveau de connaissance en l’absence de l’intervention. Toutefois, il est très probable que l’intervention ait eu plus d’effets bénéfiques sur l’amélioration des connaissances que des comportements. === Early sexual initiation and delayed marriage are concurrently happening in most environments in Africa where traditionally early marriage and sexual initiation within marital union were more prevalent. This lengthens the time of exposure of young people to the risk of premarital sex and unwanted pregnancies as well as sexually transmitted infections including HIV/AIDS. Hence, several interventions have been carried out to promote the sexual and reproductive health of adolescents and young people. The Population Observatory in Socio-Clinical Epidemiology (POSE) designed and implemented since 1995 in Cameroon, had targeted the reproductive health promotion of adolescents and young people as one of its priorities, through the Cameroon Adolescent and Youth Reproductive Health Promotion Program (CAREH). The CAREH Program has been carrying out a series of intervention activities in the prefecture of Bandjoun since July 2000 and many other parts of Cameroon since 2003. This thesis evaluates some aspects of this intervention by examining the extent to which the intervention activities undertaken between 2000 and 2002 have contributed to: 1) delaying first sexual intercourse among adolescents aged 10 to 20 years, 2) preventing unwanted pregnancies among young people aged 10 to 29 years, and 3) preventing HIV infection among young people aged 10 to 29 years.
Data came from the 2002 Cameroon Family and Health Surveys (CFHS). A post-test design was used which divided adolescents and youth into four intervention groups (out-of-school youth unexposed to the intervention, young people enrolled in schools and unexposed to the intervention, young people exposed to the intervention in the community and young people exposed to the intervention in school settings). Descriptive analyses and multivariate logistic regression were used to assess the possible associations between intervention and outcomes variables, given the enunciated research hypotheses. Adolescents attending school who reported no exposure to the intervention (OR = 1.973; CI = 1.195 to 3.260) were more likely to have a negative perception of premarital sex than out-of-school and unexposed adolescents. However, there were no significant differences in delaying the first sexual intercourse among adolescents exposed to the intervention compared to those not exposed. Knowledge about the prevention of pregnancy was significantly higher among unexposed students (OR = 1.953, CI = 1.452-2.627), youth exposed to the intervention in the community (OR = 3.074; CI = 2.157-4.382) and youth exposed to the intervention in school (OR = 4.962, CI = 3.367 to 7.311) than among those not exposed and not in school. No statistically significant difference was found between these groups regarding the use of modern contraception. The discussion about pregnancy prevention or contraceptive use led by a CAREH peer-educator significantly improved knowledge about pregnancy prevention for youth exposed to the intervention in school compared to their peers exposed in community where such discussion did not occur (OR = 1.549, CI = 1.056 to 2.272). Young people exposed to the intervention in community settings (OR = 2.106, CI = 1.514-2.930) and those exposed in school settings (OR = 3.117, CI = 2.192-4.433) significantly improved their knowledge about HIV prevention more than out-of-school youth unexposed to the intervention. Nevertheless, there were no significant differences between groups regarding the use of condom.
These findings should be interpreted within the limits of available data. Indeed, it was not possible to determine the level of knowledge about pregnancy prevention or HIV prevention among young people exposed to the intervention before hand. Therefore, it is impossible to know what level of knowledge young people exposed to the intervention would have had in the absence of the intervention. However, given the results comparing the four stratified groups, it is likely that the intervention had more beneficial effects on improving knowledge than behaviours.
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