Summary: | En dépit de nombreuses interventions en santé reproductive en Afrique subsaharienne, la trilogie « IST/VIH/SIDA - grossesses précoces - avortements » persiste à des niveaux très élevés par rapport aux autres parties du monde. Cela indique que les nombreuses interventions en santé reproductive auprès des adolescents et des jeunes ont enregistré peu de succès en ce qui concerne le changement des comportements sexuels. Ces interventions se focalisent souvent sur l’individu, et négligent les environnements sociaux et culturels dans lesquels se forge le vécu de la sexualité chez les jeunes. Un de ces agents de socialisation est la famille, où les individus naissent, grandissent, et sont socialisés selon les valeurs et normes en vigueur.
Fort de ce constat, l’objectif principal de la présente thèse est de resituer l’environnement familial au cœur des débats en santé reproductive chez les adolescents et les jeunes en Afrique subsaharienne. Trois questions spécifiques sont examinées dans cette thèse. Premièrement, elle aborde les associations entre les structures familiales et l’entrée en sexualité. Deuxièmement, elle analyse leurs influences sur les connaissances des modes de transmission et des moyens de prévention du VIH/SIDA. Troisièmement, elle cherche à déterminer les forces potentielles dans les familles dites « à risque » (ayant au plus un parent biologique) à partir de la théorie de résilience selon laquelle des facteurs familiaux et contextuels peuvent atténuer les comportements sexuels à risque chez les adolescents et jeunes.
Cette thèse démontre substantiellement que vivre avec ses deux parents biologiques, la nature des relations entre parents/tuteurs et le jeune et un niveau élevé du contrôle parental sont significativement associés à de faibles risques des rapports sexuels prémaritaux. Par contre, les unions polygamiques, un statut socioéconomique élevé du ménage, et le fait d’être orphelin augmentent significativement le risque de rapports sexuels prémaritaux.
L’étude démontre aussi que l’environnement familial et la communication sur la sexualité, aussi bien avec les parents/tuteurs qu’avec les pairs, jouent un rôle fondamental dans l’acquisition des connaissances correctes des modes de transmission et de prévention du VIH/SIDA. Néanmoins, le rôle des parents/tuteurs sur l’acquisition des connaissances sur le VIH/SIDA s’avère indirect puisqu’elle repose sur une hypothèse implicite. Seule une mesure directe des connaissances des parents sur les modes de transmission et les moyens de prévention peut mieux rendre compte de cette association.
Les résultats obtenus à partir de la théorie de résilience indiquent, dans chaque type de familles, que la qualité des relations entre les parents/tuteurs et le jeune est significativement associée à une faible probabilité de comportement sexuel à risque, défini comme étant la cooccurrence de plusieurs partenaires sexuels au cours de 12 derniers mois et de non-utilisation du condom. Par contre, le contrôle parental est associé à une faible probabilité de comportement sexuel à risque seulement dans les familles à deux parents biologiques. Ce résultat suggère que l’influence du contrôle parental baisse une fois que les jeunes ont eu une expérience sexuelle. Les interventions en santé reproductive devraient promouvoir chez les parents/tuteurs les facteurs familiaux susceptibles de réduire les comportements sexuels à risque. === In spite of numerous reproductive health interventions in sub-Saharan Africa, the trilogy “STDs/HIV/AIDS - Unwanted pregnancies - Abortion” remains at the highest rates compared with other regions of the world. In fact, youth-oriented reproductive health programmes did not work adequately in sub-Saharan Africa, as regards changes in risky sexual behaviors. These interventions have often focused on individuals, and have neglected socio-cultural environments in which sexual behaviors are shaped. One of the most influential contexts is the family in which young people are born, grow up, learn and internalize norms and values about socially acceptable behaviors and sexual conduct.
In order to fill this gap, this research aims to address the centrality of family structure in reproductive health debate in sub-Saharan Africa where little is known about its potential influences on sexual behaviors. Three issues are of interest in this thesis. Firstly, the study examines the interplay of family structure and premarital sexual intercourse. Secondly, it addresses the role of family structures in shaping accurate and inaccurate HIV/AIDS knowledge of transmission routes and preventive strategies. Thirdly, using the resilience theory, the study aims to determine the strengths within families “at-risk” that can prevent young people from engaging in risky sexual behaviors.
The research substantiates that living in two-parent families, higher levels of parent/guardian monitoring, and good parent/guardian-youth relationships are associated with lower rates of premarital sexual intercourse. By contrast, polygamous families, parent/guardian-youth communication about sexuality, higher household socioeconomic status, change in family structure, and orphanhood were significantly associated with higher rates of premarital sexual intercourse.
The study also finds that family structure as well as family/peer communication about sexuality is key explanatory variable on which HIV education and prevention efforts should be directed at. A more direct effect of family structure must be addressed in future research, using direct measures of parent/guardian’s HIV knowledge.
Finally, using the resilience theory, this thesis finds that good parent/guardian-youth relationships are associated with lower rates of risky sexual behaviors, captured by the co-occurrence of multi-partnership and condom non-use in the last 12 months preceding the surveys, irrespective of the type of family. Parental monitoring showed a protective effect only in two-parent families. This finding suggests that when young people are sexually experienced, parental monitoring becomes less efficient than when they are not. HIV interventions must put emphasis on these factors that help to reduce risky sexual behaviors among young people even among those living in the so-called “at-risk” families.
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