Pour une Église-communauté-de-paix dans un contexte multiethnique conflictuel : le cas du Cameroun

L’effervescence religieuse et politique au Cameroun engendre progressivement la fragmentation ethnique du peuple chrétien camerounais. Face à la manipulation politique, l’autre nom de l’injustice ethnique, la plupart des Camerounais et Camerounaises y compris les chrétiens réagissent désormais par l...

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Bibliographic Details
Main Author: Kougoum, Galbert
Other Authors: Gauthier, Jean-Marc
Language:fr
Published: 2010
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/1866/3503
Description
Summary:L’effervescence religieuse et politique au Cameroun engendre progressivement la fragmentation ethnique du peuple chrétien camerounais. Face à la manipulation politique, l’autre nom de l’injustice ethnique, la plupart des Camerounais et Camerounaises y compris les chrétiens réagissent désormais par le tribalisme, l’autre nom de la résignation ou mieux du déchirement social. Les Camerounais et Camerounaises donnent l’impression d’avoir perdu l’esprit de résistance/dissidence qui leur a valu la liberté ou mieux l’indépendance. Comment ignorer que de s’accoutumer au drame de la dérive ethnique, en s’installant, pour des raisons de survie, dans l’éclatement le plus abject, c’est opter pour l’asservissement volontaire d’un peuple qui mène inexorablement au génocide collectif ? Notre recherche repose sur l’hypothèse que les conflits ethniques ont pénétré la sphère du christianisme et font désormais partie des dysfonctionnements de l’Église du Cameroun. Ces dysfonctionnements internes nuisent à la crédibilité de l’Église. Il y a un lien entre les défaillances observées dans l’Église et les défaillances de la société Camerounaise. De plus, le rapport de convergence entre les rivalités ethniques et la religion, provoque un questionnement théologique inévitable : comment amener les différentes ethnies qui forment la plupart des États africains à un harmonieux vivre - ensemble inspiré par le mode de vie et de fonctionnement des Églises chrétiennes, au Cameroun en l'occurrence ? Faut-il se limiter à l’adoption d’une nouvelle image de l’Église par exemple l’Église-famille-de-Dieu, ou bien faut-il prendre le taureau par les cornes et éduquer les peuples africains à une culture de la paix ? La démarche de cette thèse s’inspire de la méthode adoptée par la théologie pratique, c’est-à-dire la praxéologie1, en relation avec la théologie contextuelle2, au niveau du lien avec les méthodes d’analyses des sciences sociales et sciences humaines, et au niveau de sa dimension prophétique créatrice. Elle est construite autour de quatre coordonnées: observation (médiation sociale), interprétation (médiation herméneutique), intervention pastorale (médiation pratique) et prospective. 1 Cf. G. ROUTHIER, et M.VIAU, (dir.), Précis de théologie pratique, Montréal/Bruxelles, Novalis/Lumen Vitae, 2004, 819 p. 2 Cf. C. BOFF, Théorie et pratique . La méthode des théologies de la libération, Paris, Cerf, 1990, 400 p. ii La thèse comporte quatre parties. La première partie (chapitres 1, 2 et 3) consacrée à l’observation cerne la problématique du vivre ensemble multiethnique, pour permettre de mieux percevoir la manifestation du phénomène du tribalisme dans l’Église (les Églises) et la société camerounaise. Elle montre que des situations dramatiques, de malheurs, de pauvreté, de famine, de conflits et de guerres sont causées en partie par le tribalisme exclusif. La deuxième partie (chapitres 4 et 5) porte sur la question du sens. Elle analyse et met à l’épreuve la compréhension du phénomène du tribalisme et des conflits ethniques dans la société et dans les Églises du Cameroun. Sont ainsi abordés, successivement, les principales articulations du tribalisme, la stratégie mise sur pied (diviser pour mieux régner) pour la transformation des structures sociales au Cameroun pendant la colonisation, puis récupérée par les politiciens comme idéologie politique depuis les indépendances. Nous en sommes arrivés à constater que cette idéologie a conduit à une profonde déstructuration de la société camerounaise jusque dans l’Église (les Églises). La troisième partie (chapitres 6 et 7) est consacrée à la pratique ecclésiale du dialogue de la diversité ethnique africaine pour la paix ; nous y montrons comment les solidarités ethniques purifiées au feu de l’Évangile peuvent avoir une influence sur la pratique chrétienne. Nous cherchons ensuite à démontrer que le dialogue interethnique bien articulé est le chemin de la réconciliation. La quatrième partie (chapitre 8) est un effort pour passer de l’utopie mise en pratique à une pratique en forme d’utopie. Nous cherchons à montrer que le dialogue pastoral enrichi par la diversité ethnique et religieuse entraînera la transformation de l’Église locale dans son interaction avec les différentes ethnies du Cameroun et d’Afrique. === The religious and political effervescence in Cameroon is progressively causing the ethnic fragmentation of the Christian people of Cameroon. In the face of political manipulation, the other name for ethnic injustice, the majority of Cameroonians, and Christians in particular, now react by tribalism, the other name for resignation, or better yet, for social fraying. Cameroonians give the impression they have lost the spirit of resistance/dissidence that made their freedom, better yet, their independence possible. How can one ignore that to become accustomed to the drama of ethnic drifting by settling, for reasons of survival, into the most abject fragmentation, is to opt for the voluntary enslavement of a people that inexorably leads to collective genocide? Our research puts forward the hypothesis that ethnic conflicts have penetrated the sphere of Christianity and are now a part of the dysfunctions of the Church in Cameroon. These internal dysfunctions hinder the credibility of the Church. There is a link between the shortcomings observed in the Church and those in Cameroonian society. Furthermore, the relationship of convergence between ethnic rivalries and religion provoke an unavoidable theological questioning: how are the different ethnic groups that make up most African countries to be lead to a harmonious living together inspired by the way of life and the way of functioning of the Christian Churches, in Cameroon to be specific. Must one be limited to adopting a new image of the church, for example the Church- family-of- God, or must one take the bull by the horns and educate the peoples of Africa in regards to living a culture of peace? The approach of this thesis is inspired by the method adopted by practical theology, in other words praxeology3, in relation to contextual theology4, in regards to the relationship with the human and social sciences’ methods of analysis, and in regards to its creative prophetic dimension. It is constructed around four axes: observation (social mediation), 3 Cf. G. ROUTHIER et VIAU (dir.), Précis de théologie pratique, Montréal/Bruxelles, Novalis/Lumen Vitae, 2004, 819p. 4 C. BOFF, Théorie et pratique. La méthode des théologies de la libération, Paris, Cerf, 1900, 400p. iv interpretation (hermeneutic mediation), pastoral intervention (practical mediation) and prospective. The thesis is composed of four parts. The first part (chapters 1, 2, and 3), dedicated to observation, seeks to encompass the issue of multiethnic cohabitation thus enabling a better perception of the manifestation of the phenomenon of tribalism in the Church (the Churches) and in Cameroonian society. It shows that dramatic situations of misfortune, poverty, famine, conflicts and wars are caused in part by excessive tribalism. The second part (chapters 4 and 5) deals with comprehension of the meaning. It analyses and tests the comprehension of the phenomenon of tribalism and ethnic conflict in Cameroonian society and its Churches. What is thus successively examined are the principal manifestations of tribalism, the strategy employed during the era of colonialism in order to transform the social structure in Cameroon (divide to reign more easily), and subsequently kept up by politicians as political ideology since independence. We have come to realize that this ideology has lead to a profound structural breakdown of Cameroonian society that extends to the Church (the Churches). The third part (chapters 6 and 7) is dedicated to the ecclesial practise of dialogue for peace within the African ethnic diversity. We illustrate how ethnic solidarities purified by the fire of the Gospel can have an influence on Christian practise. We then seek to demonstrate that a well articulated ethnic dialogue is the way to reconciliation. The fourth part (chapter 8) is an effort to move from utopia put unto practise to a practise in a utopian form the fertile pastoral dialogue within the ethnic and religious diversity shall bring forth the transformation of the local Church in its interaction with the different ethnic groups of Cameroon and Africa.