Summary: | Que l’on parle de « technosemen », de « cyborg babies » ou de « techno-birth », force est de constater que le recours aux nouvelles technologies de reproduction participe d’une reconfiguration des processus biologiques. On assiste à une technicisation du corps qui entraine sa parcellisation et rend possibles son exploitation et sa commercialisation en pièces détachées. Or, la mise en valeur des substances biologiques est souvent accompagnée de leur rematérialisation dans l’imaginaire social. En nous intéressant à l’industrie du don de gamètes, nous cherchons à comprendre comment elle marchandise les substances reproductives en reconstituant le corps du donneur. La littérature est abondante sur la participation des nouvelles technologies de reproduction au renouveau identitaire et sociétal. Nous souhaitons donc décaler le regard et réfléchir sur la manière avec laquelle la sélection génétique opérée en clinique de reproduction nous révèle des schémas sociaux qui interviennent dans la dimension identitaire du corps. Dans le cadre de ce mémoire, il s’agira d’analyser les discours entourant le recrutement et la présentation des donneurs sur les sites internet de banques de gamètes au Canada et aux États-Unis. Nous montrerons que l’industrie du don de sperme et d’ovules, qui s’insère dans ce que l’on appelle la bioéconomie, participe à la reproduction d’une vision des formations sociales qui est à la fois genrée, racialisée et stratifiée par classes sociales. === Whether we talk about “technosemen”, “cyborg babies” or “techno-birth”, it all comes down to one thing: the use of the latest reproductive technologies is part of a redesign of the biological processes. What we are witnessing is that the body is being technified and ultimately broken down in such a way that it can be exploited and marketed in spare parts. However, because they’re being valued, the biological substances are often also rematerialized in the social consciousness. In looking at the gamete donation industry, we are trying to understand how it treats the reproductive substances as commodities in
reconstructing the donor’s body. There is plenty of literature on how the new reproductive technologies are contributing to the identity and societal renewal. Our goal is therefore to look beyond and reflect on how much the genetic selection performed in fertility clinics says about the social patterns that enter in the identity dimension of the body. This thesis analyses the rhetoric used on the websites of sperm and egg banks in Canada and in the United States to recruit and present the donors. We will show that sperm and egg donations, which come within what is now called the bioeconomy, replicate a certain vision of social groups which are altogether classified by gender, race and social class.
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