Fragmentation et stagnation : enjeux de mobilisation du mouvement LGBTIQ aux Philippines

Le présent mémoire s’intéresse au développement du mouvement social Lesbien, Gai, Bisexuel, Trans, Intersex et Queer (LGBTIQ) depuis la chute de la dictature de Ferdinand Marcos en 1986 jusqu’à aujourd’hui. À partir de 1990, le mouvement est caractérisé par un développement rapide. Il était parmi...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Chartrand, Alex
Other Authors: Caouette, Dominique
Language:fr
Published: 2017
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/1866/18833
Description
Summary:Le présent mémoire s’intéresse au développement du mouvement social Lesbien, Gai, Bisexuel, Trans, Intersex et Queer (LGBTIQ) depuis la chute de la dictature de Ferdinand Marcos en 1986 jusqu’à aujourd’hui. À partir de 1990, le mouvement est caractérisé par un développement rapide. Il était parmi les premiers en Asie du Sud-est à organiser une marche de la fierté et à créer un parti politique LGBTIQ. Toutefois, malgré le dynamisme inhérent à ce mouvement, les communautés LGBTIQ sont toujours discriminées sur le marché du travail, à l’université ou encore dans le système de santé. De plus, elles sont toujours les victimes de violence et de meurtre commis sur la base de leur orientation sexuelle ou de leur genre. Actuellement, le mouvement LGBTIQ n’a toujours pas été en mesure d’obtenir des gains politiques afin de mieux protéger les droits et la sécurité de ces communautés. Même si ce problème pourrait être attribué au conservatisme de l’élite politique ou encore à l’influence du Catholicisme et de l’homophobie dans la société philippine, l’argumentation de ce mémoire propose plutôt que la fragmentation et le manque de cohérence au sein du mouvement ont compliqué la formulation et l’adoption de politiques pouvant régler ces enjeux. Mon analyse du mouvement pendant les 30 dernières années identifie quatre conflits internes majeurs expliquant ce problème 1. la définition de l’identité collective 2. le cadrage utilisé afin de conceptualiser cet enjeu 3. les différentes idéologies structurant l’action des militant.es et 4. les divergences par rapport aux modes d’organisation et aux stratégies employées. Ainsi, ce mémoire tourne l’attention vers ces conflits internes plutôt que vers les facteurs exogènes. Mon argumentation est basée sur 17 entrevues semi-dirigées réalisées à Manille avec des militant.es du mouvement, de mai à octobre 2015. Dans les deux premiers chapitres de ce mémoire, j’analyse la littérature portant sur la théorie des mouvements sociaux en général pour ensuite aborder la littérature traitant précisément sur les Philippines et l’Asie du Sud-est. Cette revue servira de base théorique afin de comprendre les quatre facteurs identifiés ainsi que leur rôle dans la fragmentation du mouvement. Dans le quatrième chapitre, j’analyse la fragmentation du mouvement selon les échelles d’action des militant.es, leurs cibles ainsi que leur trajectoire de mobilisation. Dans le cinquième chapitre, j’explique cette fragmentation à l’aide des quatre facteurs identifiés dans la littérature. === This Master’s thesis investigates the development of the Lesbian, Gay, Bisexual, Trans, Intersex and Queer (LGBTIQ) movement in the Philippines from the fall of Ferdinand Marcos’ dictatorship in 1986 to the present moment. Since then, the LGBTIQ movement has developed rapidly. It was among the first in Southeast Asia to organise a Pride March and to constitute an LGBTIQ political party. However, despite this dynamism, LGBTIQ communities are still discriminated in the workspace, schools, and the healthcare system. Moreover, they are still the victims of homophobic crimes. To the present day, the movement has not been able to secure political protection for the rights and the safety of these communities. Although the current situation can be attributed to a certain extent to conservatism in the ruling class or the strong influence of Catholicism and homophobia, this thesis argues that the fragmentation and the lack of coherence of the movement iii has itself complicated the formulation and implementation of concrete policies. My analysis of the movement’s development throughout the last 30 years will highlight four fundamental conflicts resolving around 1. the definition of one collective identity, 2. the framing used to conceptualize these issues, 3. the different ideologies underlying the social activists’ actions, and 4. the divergence in organisational modes and strategies. As such, this thesis shifts attention from external factors to internal conflicts within the LGBTIQ movement of the Philippines. My arguments are based on 17 interviews with social activists, conducted between May and October 2015 in Manila. In the first two chapters of this thesis, I review current scholarship on social movements in general and about the Philippines and South East Asia in particular. This review will provide the theoretical foundation necessary to identify and understand the four identified social factors and their role on the fragmentation of the movement. In chapter four, I analyse the fragmentation of the movement based on the social activists’ scales of action, their targets of mobilization, and their mobilization trajectories. In chapter five, I analyze this fragmentation through the identified factors in the literature.