Les pratiques culturelles des excisions et des infibulations à Bamako au Mali : la contribution de la dignité humaine au respect de l’intégrité physique des femmes

Une des questions les plus débattues dans le domaine de l’éthique en ce XXIème siècle entre l’Afrique et le monde occidental concerne le respect de l’intégrité physique des femmes. Parmi les actions humaines qui touchent le plus l’intégrité corporelle, les excisions et les infibulations sont les plu...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Dembélé, Moïse
Other Authors: Godard, Béatrice
Language:fr
Published: 2016
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/1866/14117
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collection NDLTD
language fr
sources NDLTD
topic Bioéthique
Culturelle
Dignité
Excision
Femme
Infibulation
Intégrité
Personne
Physique
Pratique
Bioethic
Circumcision
Cultural
Dignity
Infibulation
Integrity
Person
Physical
Practice
Woman
Health Sciences - Public Health / Sciences de la santé - Santé publique (UMI : 0573)
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Health Sciences - Public Health / Sciences de la santé - Santé publique (UMI : 0573)
Dembélé, Moïse
Les pratiques culturelles des excisions et des infibulations à Bamako au Mali : la contribution de la dignité humaine au respect de l’intégrité physique des femmes
description Une des questions les plus débattues dans le domaine de l’éthique en ce XXIème siècle entre l’Afrique et le monde occidental concerne le respect de l’intégrité physique des femmes. Parmi les actions humaines qui touchent le plus l’intégrité corporelle, les excisions et les infibulations sont les plus dénoncées en Afrique. Longtemps considérées comme des rites d’initiation pubertaire des filles, ces pratiques sont maintenant considérées comme néfastes à la santé, et communément désignées par la communauté internationale de « mutilations sexuelles féminines ». Au cours des dernières décennies, ces pratiques ont été progressivement interdites légalement tant dans la plupart des pays d’Afrique que dans les pays occidentaux. Le Comité Inter-Africain (CIAF) contre les mutilations sexuelles demande la « tolérance zéro » par rapport à ces pratiques. La communauté internationale les combat avec des armes juridiques, en se référant aux conséquences médicales et aux droits de l’homme. Notre thèse est née d’une interrogation sur les raisons pour lesquelles ces rites se poursuivent encore en Afrique et plus spécialement au Mali, alors que dans les pays occidentaux, on élève fortement la voix pour les dénoncer comme sévices infligés aux femmes. Sur le plan international, on hésite à imposer des valeurs universelles à un phénomène perçu dans une large mesure comme une tradition conforme aux normes sociales des communautés qui les maintiennent. Afin de mieux cerner le sujet, notre questionnement a été le suivant : « Comment les pratiques culturelles des excisions et des infibulations, dans la ville de Bamako au Mali, interpellent-elles l’éthique : en quoi l’analyse de ces rites constitue-t-elle un domaine légitime d’application des principes de la bioéthique ? » Notre réflexion part du postulat que la dignité humaine est une norme à l’aune de laquelle se mesurent les défis éthiques liés à ces rites. Un proverbe Bambara dit ceci : « Une seule main ne lave pas proprement un éléphant ». La logique de cette sagesse met en évidence qu’une seule approche disciplinaire ne saurait faire ressortir les enjeux éthiques de ces pratiques. Notre analyse bioéthique se veut une démarche interdisciplinaire, qui permet d’articuler les approches philosophiques, anthropologiques, sociologiques et biomédicales de ces pratiques. Le premier chapitre, à travers la revue des écrits, présente la problématique de ces rites. Le deuxième chapitre présente le cadre théorique basé sur la notion de dignité humaine et délimite « ses contours, ses sources, ses formes et ses conséquences » afin de la rendre plus efficace et opérationnelle comme moyen de protection de l’être humain. Le troisième chapitre présente la méthodologie de la recherche basée sur la méthode qualitative et l’induction analytique et décrit le contexte de l’étude. Le quatrième chapitre présente les résultats de la recherche qui font ressortir que ces pratiques se résument essentiellement au contrôle du désir sexuel féminin. Ces pratiques sont par ailleurs déritualisées, touchent de plus en plus des enfants, comportent des risques et des conséquences sur la santé avec des coûts humains et financiers pour la société. Le cinquième chapitre analyse ces pratiques avec les principes éthiques qui démontrent qu’elles constituent un problème de santé publique malgré leur caractère culturel. Enfin, le sixième chapitre présente la portée et la limite de la thèse. Celle-ci montre qu’il est possible de mener un débat sur les excisions et les infibulations à travers une éthique de discussion. Elle offre un moyen pour y parvenir avec une vision de la notion de dignité humaine comme une « valeur éthique universelle » susceptible d’être utilisée dans toutes les actions impliquant l’être humain et dans tous les contextes socio-culturels. Notre démarche élargit ainsi le champ d’application des principes bioéthiques à des pratiques non-médicales. Par cette thèse, nous souhaitons contribuer à enrichir la réflexion éthique sur les excisions et les infibulations et inspirer les politiques de santé publique dans le respect des diversités culturelles. Nous espérons pouvoir inspirer aussi d’autres recherches en vue de rapprocher la bioéthique des pratiques culturelles traditionnelles afin de trouver des compromis raisonnables qui pourraient renforcer le rôle de protection de la dignité humaine. === One of the most debated issues in the area of ethics in the twenty first century between Africa and the Western world concerns the respect for the women’s physical integrity. Among human actions that most affect the bodily integrity of women, female circumcision and infibulation are the most denounced in Africa. Long regarded as rites of puberty and initiation of girls, these practices are now considered as exceedingly harmful to health, and commonly called "female genital mutilation" (FGM) by the international community. In recent decades, these practices have gradually been legally prohibited in most African countries as well as in Western countries. The Inter-African Committee on Traditional Practices Affecting the Health of Women and Children (IAC) demands 'zero tolerance'. The international community fights them with legal weapons, basing on the medical consequences and the infringement of human rights. Our thesis was born from a question on the reasons why these rites are still going on in Africa and more especially in Mali, while in Western countries; voices are strongly raised to denounce them as abusive to women. On the international front, we hesitate to impose universal values to a phenomenon, perceived to a large extent as a tradition in conformity with the social norms of the communities that maintain them. In order to better circumscribe the subject, our question is as follows: “How do the cultural practices of female circumcision and infibulation in the city of Bamako, Mali, challenge ethical norms : in what way does the analysis of these rites constitute a legitimate sphere of application of the principles of bioethics?” Our reflection starts from the assumption that human dignity is a standard against which measuring the ethical challenges associated with these rites. A Bambara proverb says: “One hand does not properly wash an elephant.” The logic of this wisdom highlights the fact that using only one approach from a certain discipline cannot bring out the ethical issues of these practices. Our bioethical analysis is meant to be an interdisciplinary approach that allows one to articulate the philosophical, anthropological, sociological and biomedical approaches to these practices. The first chapter, through the literature review, presents the problem associated with these rites. The second chapter presents the theoretical framework based on the concept of human dignity, and delineates its contours: its sources, its forms and its consequences in order to make it more effective and operational as means of protection of the human being. The chapter three presents the methodology of the research based on the qualitative method and analytical induction, and describes the context of the study. The chapter four presents the results of the research which highlights the fact that these practices essentially refer to the control of female sexual desire. These practices are also “deritualized” and affect more and more children, which involves risks and consequences on health with enormous human and financial costs to society. The fifth chapter analyses these practices with the ethical principles which demonstrate that these ritual practices constitute a public health problem despite their cultural character finally. The sixth chapter presents the scope and the limit of the thesis. It shows that it is possible to have a debate on female circumcision and infibulation through an ethic of discussion. It provides a way to achieve this with a vision of the concept of human dignity as a “universal ethical value” which can be used in all actions involving the human being and in all socio-cultural contexts. Our approach broadens the field of application of the bioethical principles to non-medical practices. By this thesis, we wish to contribute to the enrichment of the ethical reflection on female circumcision and infibulation and to inspire public health policies keeping in mind the respect for cultural diversity. We also hope to inspire further research in view of bringing together the bioethics of traditional cultural practices in order to find reasonable compromises which could strengthen the role of protection of human dignity.
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Dembélé, Moïse
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Longtemps considérées comme des rites d’initiation pubertaire des filles, ces pratiques sont maintenant considérées comme néfastes à la santé, et communément désignées par la communauté internationale de « mutilations sexuelles féminines ». Au cours des dernières décennies, ces pratiques ont été progressivement interdites légalement tant dans la plupart des pays d’Afrique que dans les pays occidentaux. Le Comité Inter-Africain (CIAF) contre les mutilations sexuelles demande la « tolérance zéro » par rapport à ces pratiques. La communauté internationale les combat avec des armes juridiques, en se référant aux conséquences médicales et aux droits de l’homme. Notre thèse est née d’une interrogation sur les raisons pour lesquelles ces rites se poursuivent encore en Afrique et plus spécialement au Mali, alors que dans les pays occidentaux, on élève fortement la voix pour les dénoncer comme sévices infligés aux femmes. Sur le plan international, on hésite à imposer des valeurs universelles à un phénomène perçu dans une large mesure comme une tradition conforme aux normes sociales des communautés qui les maintiennent. Afin de mieux cerner le sujet, notre questionnement a été le suivant : « Comment les pratiques culturelles des excisions et des infibulations, dans la ville de Bamako au Mali, interpellent-elles l’éthique : en quoi l’analyse de ces rites constitue-t-elle un domaine légitime d’application des principes de la bioéthique ? » Notre réflexion part du postulat que la dignité humaine est une norme à l’aune de laquelle se mesurent les défis éthiques liés à ces rites. Un proverbe Bambara dit ceci : « Une seule main ne lave pas proprement un éléphant ». La logique de cette sagesse met en évidence qu’une seule approche disciplinaire ne saurait faire ressortir les enjeux éthiques de ces pratiques. Notre analyse bioéthique se veut une démarche interdisciplinaire, qui permet d’articuler les approches philosophiques, anthropologiques, sociologiques et biomédicales de ces pratiques. Le premier chapitre, à travers la revue des écrits, présente la problématique de ces rites. Le deuxième chapitre présente le cadre théorique basé sur la notion de dignité humaine et délimite « ses contours, ses sources, ses formes et ses conséquences » afin de la rendre plus efficace et opérationnelle comme moyen de protection de l’être humain. Le troisième chapitre présente la méthodologie de la recherche basée sur la méthode qualitative et l’induction analytique et décrit le contexte de l’étude. Le quatrième chapitre présente les résultats de la recherche qui font ressortir que ces pratiques se résument essentiellement au contrôle du désir sexuel féminin. Ces pratiques sont par ailleurs déritualisées, touchent de plus en plus des enfants, comportent des risques et des conséquences sur la santé avec des coûts humains et financiers pour la société. Le cinquième chapitre analyse ces pratiques avec les principes éthiques qui démontrent qu’elles constituent un problème de santé publique malgré leur caractère culturel. Enfin, le sixième chapitre présente la portée et la limite de la thèse. Celle-ci montre qu’il est possible de mener un débat sur les excisions et les infibulations à travers une éthique de discussion. Elle offre un moyen pour y parvenir avec une vision de la notion de dignité humaine comme une « valeur éthique universelle » susceptible d’être utilisée dans toutes les actions impliquant l’être humain et dans tous les contextes socio-culturels. Notre démarche élargit ainsi le champ d’application des principes bioéthiques à des pratiques non-médicales. Par cette thèse, nous souhaitons contribuer à enrichir la réflexion éthique sur les excisions et les infibulations et inspirer les politiques de santé publique dans le respect des diversités culturelles. Nous espérons pouvoir inspirer aussi d’autres recherches en vue de rapprocher la bioéthique des pratiques culturelles traditionnelles afin de trouver des compromis raisonnables qui pourraient renforcer le rôle de protection de la dignité humaine. One of the most debated issues in the area of ethics in the twenty first century between Africa and the Western world concerns the respect for the women’s physical integrity. Among human actions that most affect the bodily integrity of women, female circumcision and infibulation are the most denounced in Africa. Long regarded as rites of puberty and initiation of girls, these practices are now considered as exceedingly harmful to health, and commonly called "female genital mutilation" (FGM) by the international community. In recent decades, these practices have gradually been legally prohibited in most African countries as well as in Western countries. The Inter-African Committee on Traditional Practices Affecting the Health of Women and Children (IAC) demands 'zero tolerance'. The international community fights them with legal weapons, basing on the medical consequences and the infringement of human rights. Our thesis was born from a question on the reasons why these rites are still going on in Africa and more especially in Mali, while in Western countries; voices are strongly raised to denounce them as abusive to women. On the international front, we hesitate to impose universal values to a phenomenon, perceived to a large extent as a tradition in conformity with the social norms of the communities that maintain them. In order to better circumscribe the subject, our question is as follows: “How do the cultural practices of female circumcision and infibulation in the city of Bamako, Mali, challenge ethical norms : in what way does the analysis of these rites constitute a legitimate sphere of application of the principles of bioethics?” Our reflection starts from the assumption that human dignity is a standard against which measuring the ethical challenges associated with these rites. A Bambara proverb says: “One hand does not properly wash an elephant.” The logic of this wisdom highlights the fact that using only one approach from a certain discipline cannot bring out the ethical issues of these practices. Our bioethical analysis is meant to be an interdisciplinary approach that allows one to articulate the philosophical, anthropological, sociological and biomedical approaches to these practices. The first chapter, through the literature review, presents the problem associated with these rites. The second chapter presents the theoretical framework based on the concept of human dignity, and delineates its contours: its sources, its forms and its consequences in order to make it more effective and operational as means of protection of the human being. The chapter three presents the methodology of the research based on the qualitative method and analytical induction, and describes the context of the study. The chapter four presents the results of the research which highlights the fact that these practices essentially refer to the control of female sexual desire. These practices are also “deritualized” and affect more and more children, which involves risks and consequences on health with enormous human and financial costs to society. The fifth chapter analyses these practices with the ethical principles which demonstrate that these ritual practices constitute a public health problem despite their cultural character finally. The sixth chapter presents the scope and the limit of the thesis. It shows that it is possible to have a debate on female circumcision and infibulation through an ethic of discussion. It provides a way to achieve this with a vision of the concept of human dignity as a “universal ethical value” which can be used in all actions involving the human being and in all socio-cultural contexts. Our approach broadens the field of application of the bioethical principles to non-medical practices. By this thesis, we wish to contribute to the enrichment of the ethical reflection on female circumcision and infibulation and to inspire public health policies keeping in mind the respect for cultural diversity. We also hope to inspire further research in view of bringing together the bioethics of traditional cultural practices in order to find reasonable compromises which could strengthen the role of protection of human dignity. 2016-08-25T18:32:38Z 2016-08-25T18:32:38Z 2016-04-20 2015-08 Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation http://hdl.handle.net/1866/14117 fr