Le corps “mort-vivant” et la ville “détruite” dans le cinéma libanais d’après guerre

Mon sujet n’est pas la guerre qu’on pourrait imaginer représentée par des bombardements, la peur, la panique, la fuite ou le refuge mais plus précisément les traces matérielles et immatérielles de la guerre dans la ville et sur ses habitants. Ce mémoire ne traitera donc pas directement de guerre mai...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Barakat, Céline
Other Authors: Tremblay, Élène
Language:fra
Published: 2016
Subjects:
War
Online Access:http://hdl.handle.net/1866/13722
Description
Summary:Mon sujet n’est pas la guerre qu’on pourrait imaginer représentée par des bombardements, la peur, la panique, la fuite ou le refuge mais plus précisément les traces matérielles et immatérielles de la guerre dans la ville et sur ses habitants. Ce mémoire ne traitera donc pas directement de guerre mais des effets de cette dernière, des traces qu’elle a laissées dans les corps et les esprits des citoyens de Beyrouth et sur le corps de la ville devenu monument de guerre. Cette figure de la guerre ne cesse d’apparaître dans le cinéma libanais en présentant Beyrouth en tant que ville témoin d’une violence continue. Pour examiner cette question des traces de la violence dans les corps, la ville, les relations interpersonnelles et la société, un corpus de trois films libanais a été choisi : Beyrouth fantôme, réalisé par Ghassan Salhab en 1999, Autour de la maison rose, réalisé par Khalil Joreige et Joana Hadjithomas en 1999 et Je veux voir, réalisé aussi par Khalil Joreige et Joana Hadjithomas en 2008. Ces films ne s’attardent pas à montrer la violence de la guerre, mais plutôt à penser la guerre au lieu de la raconter, à travers l’expérience corporelle, en plaçant le corps au milieu des ruines afin que le corps vive cette ruine, cette destruction et ce retour au point zéro, au point de son départ. Le corps pense cette guerre et lui survit. Les vies sont en suspens, dans ce que je nomme un « entre-deux »: un espace entre vie et mort, un présent écartelé entre un passé violent et un avenir non-envisageable, un espace de suspension, intermédiaire. Plusieurs thématiques retrouvées dans chacun des films seront abordées; la mémoire et l’oubli, la folie et la mélancolie des corps et de la ville, le corps martyrisé et l’autopunition, l’état de survie et de suspension ainsi que l’état mental collectif. Il me permettra également de nommer cet « entre-deux » apparent tout au long de ces oeuvres filmiques, qui se manifeste dans les allers-retours entre attachement et détachement, entre la disparition et la réapparition du corps, entre la construction et la destruction de la ville et dans l’espace chtonien ainsi créé. === My subject is the not the that war we could imagine represented by shelling, fear, panic, escape or refuge but more specifically the material and immaterial traces of war in the city and its inhabitants. This thesis does not therefore address directly the war but its effects, the traces left in the bodies and minds of the citizens of Beirut and on the body of the city that became war memorial. This figure of the war continues to appear in Lebanese cinema by presenting Beirut as a city that witnessed continuous violence. To examine these traces of violence in the body, the city, the relationships and society, a body of three Lebanese films was chosen: Beirut Phantom, directed by Ghassan Salhab in 1999, Around the Pink House, directed by Khalil Joreige and Joana Hadjithomas in 1999 and I want to see, directed by Khalil Joreige and Joana Hadjithomas in 2008. These films do not linger to show the violence of war, but rather to think the war, and that through bodily experience; placing the body in the ruins so that this body lives the ruins, the destruction and the return to the point of departure. The body thinks that war and survives it. Lives are in a pending stage in what I call an "in-between", a space between life and death, and a present torn between a violent past and a non-foreseeable future, a space of suspension intermediary. Several themes found in each of the films will be addressed; memory and oblivion, madness and melancholy of the body and the city, the martyred body and self punishment, the state of survival and suspension and the collective mental state. It will also allow me to name this "in-between" apparent throughout these cinematic works, manifested in the round trips between attachment and detachment between the disappearance and reappearance of the body, between construction and destruction the city and the chthonic space created.