Les articulations de l'arabité et du genre à travers les chaines d'équivalence : le cas de Uprising of Women in the Arab World

Ce mémoire de maîtrise s’intéresse aux nouvelles expressions protestataires qui ont émergé après les soulèvements connus sous le « printemps arabe » en prenant, comme objet d’analyse, Uprising of Women in the Arab World (UWAW), une page Facebook qui œuvre pour les droits des femmes à travers le « mo...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Bouqentar, Lamiae
Other Authors: Grenier, Line
Language:fr
Published: 2015
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/1866/11973
Description
Summary:Ce mémoire de maîtrise s’intéresse aux nouvelles expressions protestataires qui ont émergé après les soulèvements connus sous le « printemps arabe » en prenant, comme objet d’analyse, Uprising of Women in the Arab World (UWAW), une page Facebook qui œuvre pour les droits des femmes à travers le « monde arabe ». Ce travail propose de saisir cette page Facebook à travers les croisements d’enjeux d’arabité et de genre, dans une perspective discursive critique. La notion d’arabité désigne une appartenance commune au « monde arabe » qui reposerait sur la production de référents religieux et linguistiques partagés par l’ensemble des pays arabes. Le genre est abordé comme un langage privilégié pour signifier les rapports de pouvoir (Scott, 1988). Afin de mettre en lumière les différentes intersections de l’arabité et du genre, je propose de recourir au concept d’articulation (Hall, 1980). Ce dernier réfère à l’assemblage de différentes pratiques de production qui constituent un discours. Cette mise en relation, non-nécessaire, s’effectue dans une conjoncture régie par les forces hégémoniques du moment. Ainsi, le concept d’articulation permet d’explorer ce que font dans leur (co)présence les discours hétérogènes par et dans lesquels l’arabité et le genre sont rendus visibles dans et à travers la page UWAW. Ces articulations sont questionnées à partir du concept de chaine d’équivalence de Laclau (2008) qui désigne une condensation de revendications hétérogènes, à travers des relations d’équivalence et de différence. Ces dernières se produisent à travers l’affirmation des particularités des revendications, tandis que les relations d’équivalence sont basées sur la mise en avant de la communalité des revendications. Cette recherche est guidée par la proposition de recherche suivante : UWAW peut être comprise comme un espace discursif traversé par des chaines d’équivalences où les articulations de l’arabité et du genre se matérialiseraient selon des relations d’équivalence et de différence. Elle fait l’objet d’une analyse critique de trois campagnes ayant eu cours sur l’UWAW en 2014. Ces dernières sont abordées comme des lieux de discours, soit des espaces construits dans et par un recours à des discours spécifiques qui participent à la production de savoirs situés dont ils sont aussi, de quelque manière, les produits. Ainsi, l’analyse s’attarde à comprendre comment la production de sens repose sur des discours concurrentiels qui puisent dans des savoirs différents qu’ils contribuent à faire circuler. L’analyse démontre la grande hétérogénéité de l’arabité qui s’est manifestée sous un visage distinct dans chaque campagne. Elle est homogénéisée et universalisée dans Do You know, clivée dans Israël Apartheid Week, et citoyenne dans « Je ne resterai pas silencieuse ». Le genre est davantage stabilisé, puisqu’il agit principalement comme force universalisante dans les trois campagnes. === This master’s thesis is concerned with the aftermath of the popular protests that have emerged in light of the « Arab Spring ». It addresses these issues by means of an analysis of the « Uprising of Women in the Arab World », a Facebook page that deals with women’s rights in the « arab world ». From a critical discursive standpoint, the research attempts to grasp the dynamics of this feminist collective through the lens of arabity and gender. On the one hand, the notion of arabity refers to a common belonging to the « arab world » that stems from the production of common religious and linguistic signifiers. On the other hand, gender refers to a privileged language used to signify power relations (Scott, 1988). I examine the intersections of gender and arabity through the concept of articulation (Hall, 1980) considered as the non-necessary assemblage of different production practices and hegemonic forces of a particular epoch that constitute a discourse. I use this concept of articulation to explore the intersections of different discourses through and by which gender and arabity are produced in the UWAW page. These articulations are analysed through the concept of chains of equivalence (Laclau, 2008), a concept that designates the aggregation of competing claims based on relations of equivalence and relations of difference. The latter are produced through the affirmation of the claims ‘particularity, while the former are constituted through the display of the claims' communalities. This research is guided by the following research proposal: UWAW can be understood as a discursive space constituted by chains of equivalence where articulations of arabity and gender are materialized through relations of difference and relations of equivalence. This proposal is explored through a critical discourse analysis of three of the campaigns that took place on the UWAW in 2014. Focusing on these campaigns as discursive spaces where competing and heterogeneous statements emerge, I examine how the production of meaning is both impacted and informed by the competing knowledges brought to the fore by UWAW. The analysis suggests that arabity is configured differently in each campaign. It is homogenized and universalized in « Do You Know », cleaved in « Israel Apartheid Week » and framed in civic terms in Je ne resterai pas silencieuse. Gender appears to be much more stable as it operated, for the most part, as a universalizing force throughout the campaigns.