Reconnaître pour choisir, orienter et rencontrer : mères, guérisseurs et biomédecins à l’épreuve des rencontres et reconnaissances en milieux pédiatriques camerounais

Si hier les guérisseurs revendiquaient uniquement le besoin de reconnaissance, aujourd’hui, ils se battent plutôt pour que la reconnaissance qui leur a été accordée par l’État soit capable d’intégrer les conceptions africaines de la maladie et des thérapies ; de les protéger au même titre que les bi...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Wamba, André
Other Authors: Fortin, Sylvie
Language:fr
Published: 2014
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/1866/10784
id ndltd-umontreal.ca-oai-papyrus.bib.umontreal.ca-1866-10784
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collection NDLTD
language fr
sources NDLTD
topic Anthropologie
Santé de la mère et de l’enfant
Rencontre
Reconnaissance
Informelle
Capacités et compétences
Renforcement de la légitimité
Rationalités
Médecines africaines
Biomédecine
Anthropology
Mother and child health
Encounter
Recognition
Informal
Capacity
Empowerment
Rationalities
African medicines
Biomedicine
Anthropology - Medical and Forensic / Anthropologie - Médicale et légale (UMI : 0339)
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Anthropology - Medical and Forensic / Anthropologie - Médicale et légale (UMI : 0339)
Wamba, André
Reconnaître pour choisir, orienter et rencontrer : mères, guérisseurs et biomédecins à l’épreuve des rencontres et reconnaissances en milieux pédiatriques camerounais
description Si hier les guérisseurs revendiquaient uniquement le besoin de reconnaissance, aujourd’hui, ils se battent plutôt pour que la reconnaissance qui leur a été accordée par l’État soit capable d’intégrer les conceptions africaines de la maladie et des thérapies ; de les protéger au même titre que les biomédecins dans l’exercice de leur profession ; de protéger les malades en cas de préjudices moral et physique. Ils craignent que la reconnaissance [accordée] ne soit pas reconnue juridiquement par une loi camerounaise qui régule leurs pratiques de soins. Dans la mesure où, sans une reconnaissance juridique et institutionnelle, il leur est impossible de se maintenir dans l’espace [public] de sociabilité thérapeutique ; de changer, à partir de la position illégitime, leurs conditions de praticiens précaires, et surtout leur relation aux usagers de soins [les mères] et aux biomédecins. Dans cette perspective, on se demande quelles sont les modalités d’intéressement ou de désintéressement mutuel qui permettent aux guérisseurs – affaiblis institutionnellement – et aux biomédecins – fortement reconnus – d’évoluer vers une réciprocité de perspectives. L’étude cherche à identifier les modes d’arrachement à l’affaiblissement institutionnel, en s’intéressant, d’un côté, aux processus de capacitation et de renforcement de la légitimité ; et de l’autre, à l’impact de ce renforcement, d’abord, sur la redéfinition des objets et figures de la rencontre et de la reconnaissance, et ensuite, sur la reconfiguration de l’espace de soins et du profil du thérapeute camerounais contemporain. Pour répondre à cet objectif, nous avons sollicité le cadre théorique de la sociologie des épreuves d’inspiration pragmatiste [Thévenot, Boltanski, Gennard et Cantelli] et de l’anthropologie capacitaire [Ricœur]. Les observations de consultations en Maisons de Soins [chez les guérisseurs] et au Centre Mère et Enfant [Hôpital pédiatrique] et les entretiens individuels effectués à Yaoundé [Cameroun] ont engendré une réflexion sur le sens que donnent les mères, guérisseurs et biomédecins au fait de rencontrer ou de refuser de rencontrer un soignant. L’analyse des données recueillies inscrit la rencontre dans l’axe de la reconnaissance capacitaire [des compétences], permettant ainsi d’envisager une pluralité de figures de la reconnaissance et de la rencontre. Elle indique aussi que si la formation à l’identité professionnelle biomédicale constitue pour les guérisseurs une tactique de renforcement de leur légitimité, l’inscription en médecines africaines de certains biomédecins [résistants ou non conformistes] les prédisposent à une résistance institutionnelle aux normes biomédicales ; ce qui permet de nuancer, au regard de la pluralisation et de la diversification des rationalités en jeu, la compréhension du caractère monolithique des institutions. Il en résulte une réflexion sur le brouillage des frontières entre les médecines africaines et la biomédecine, ce brouillage ayant alors comme conséquences, entre autres, une possible fragmentation ou morcellement de ces médecines en termes de «biomodernisation» des médecines africaines et de «traditionalisation» de la biomédecine en contexte africain. === If yesterday the need for recognition was the core claim among traditional health practitioners, today, their quest resides in the recognition not only of their practice but also of the African conceptions of diseases and therapies; in their protection as profesionnals (such as biomedical health practictioners); in the protection of patients in case of moral or physical prejudices. The traditional health practitioners fear that their recognition will not extend to or be sanctioned by Cameroonian law, which regulates their care practices. Without legal and institutional recognition, it is impossible for these practitioners to remain in the social care space; to change, from their illegitimate position, their condition of precarious practitioners, and especially their relationship to biomedical health practitioners. Thus, what are the modalities of mutual interestedness or disinterestedness that allow traditional [institutionally weakened] and biomedical practitioners [strongly recognized] to evolve towards reciprocity of perspectives? The study is seeking to identify modes of wrenching from the institutional weakening, focusing, on one hand, on empowerment and reinforcing processes of healers’ legitimacy; and on the other hand, to the impact of empowerment on the redefinition of objects and figures of encounter and of recognition, on the reconfiguration of social care space and the profile of the therapist. To achieve this objective, we have sought the reference framework of sociology of proofs and the anthropology of capacity of Ricœur. The observations of consultations in «Maisons de Soins» and to the «Centre Mère et Enfant» and interviews have led to a reflection on the interpretation associated by mothers, traditional and biomedical health practitioners to what it means to consult or refuse to consult traditional healer or biomedical practitioner. The analysis of data situates the encounter in the axis of capacity of recognition, allowing us to consider multiple figures of recognition and of encounter. It shows that if the adoption of the biomedical professional identity constitutes for traditional health practitioners a tactic of reinforcement of their legitimacy, the integration in African medicines of some biomedical health practitioners predispose them to an institutional resistance to biomedical norms; making it possible to nuance the comprehension of the monolithic character of institutions, given pluralization and diversification of rationalities at stake. This results in a reflection on blurring of frontiers of African medicines and biomedicine, thus giving place to a possible fragmentation of these medicines in terms in terms of biomodernization of African medicines and traditionalization of biomedicine.
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spelling ndltd-umontreal.ca-oai-papyrus.bib.umontreal.ca-1866-107842017-03-17T08:17:28Z Reconnaître pour choisir, orienter et rencontrer : mères, guérisseurs et biomédecins à l’épreuve des rencontres et reconnaissances en milieux pédiatriques camerounais Wamba, André Fortin, Sylvie Anthropologie Santé de la mère et de l’enfant Rencontre Reconnaissance Informelle Capacités et compétences Renforcement de la légitimité Rationalités Médecines africaines Biomédecine Anthropology Mother and child health Encounter Recognition Informal Capacity Empowerment Rationalities African medicines Biomedicine Anthropology - Medical and Forensic / Anthropologie - Médicale et légale (UMI : 0339) Si hier les guérisseurs revendiquaient uniquement le besoin de reconnaissance, aujourd’hui, ils se battent plutôt pour que la reconnaissance qui leur a été accordée par l’État soit capable d’intégrer les conceptions africaines de la maladie et des thérapies ; de les protéger au même titre que les biomédecins dans l’exercice de leur profession ; de protéger les malades en cas de préjudices moral et physique. Ils craignent que la reconnaissance [accordée] ne soit pas reconnue juridiquement par une loi camerounaise qui régule leurs pratiques de soins. Dans la mesure où, sans une reconnaissance juridique et institutionnelle, il leur est impossible de se maintenir dans l’espace [public] de sociabilité thérapeutique ; de changer, à partir de la position illégitime, leurs conditions de praticiens précaires, et surtout leur relation aux usagers de soins [les mères] et aux biomédecins. Dans cette perspective, on se demande quelles sont les modalités d’intéressement ou de désintéressement mutuel qui permettent aux guérisseurs – affaiblis institutionnellement – et aux biomédecins – fortement reconnus – d’évoluer vers une réciprocité de perspectives. L’étude cherche à identifier les modes d’arrachement à l’affaiblissement institutionnel, en s’intéressant, d’un côté, aux processus de capacitation et de renforcement de la légitimité ; et de l’autre, à l’impact de ce renforcement, d’abord, sur la redéfinition des objets et figures de la rencontre et de la reconnaissance, et ensuite, sur la reconfiguration de l’espace de soins et du profil du thérapeute camerounais contemporain. Pour répondre à cet objectif, nous avons sollicité le cadre théorique de la sociologie des épreuves d’inspiration pragmatiste [Thévenot, Boltanski, Gennard et Cantelli] et de l’anthropologie capacitaire [Ricœur]. Les observations de consultations en Maisons de Soins [chez les guérisseurs] et au Centre Mère et Enfant [Hôpital pédiatrique] et les entretiens individuels effectués à Yaoundé [Cameroun] ont engendré une réflexion sur le sens que donnent les mères, guérisseurs et biomédecins au fait de rencontrer ou de refuser de rencontrer un soignant. L’analyse des données recueillies inscrit la rencontre dans l’axe de la reconnaissance capacitaire [des compétences], permettant ainsi d’envisager une pluralité de figures de la reconnaissance et de la rencontre. Elle indique aussi que si la formation à l’identité professionnelle biomédicale constitue pour les guérisseurs une tactique de renforcement de leur légitimité, l’inscription en médecines africaines de certains biomédecins [résistants ou non conformistes] les prédisposent à une résistance institutionnelle aux normes biomédicales ; ce qui permet de nuancer, au regard de la pluralisation et de la diversification des rationalités en jeu, la compréhension du caractère monolithique des institutions. Il en résulte une réflexion sur le brouillage des frontières entre les médecines africaines et la biomédecine, ce brouillage ayant alors comme conséquences, entre autres, une possible fragmentation ou morcellement de ces médecines en termes de «biomodernisation» des médecines africaines et de «traditionalisation» de la biomédecine en contexte africain. If yesterday the need for recognition was the core claim among traditional health practitioners, today, their quest resides in the recognition not only of their practice but also of the African conceptions of diseases and therapies; in their protection as profesionnals (such as biomedical health practictioners); in the protection of patients in case of moral or physical prejudices. The traditional health practitioners fear that their recognition will not extend to or be sanctioned by Cameroonian law, which regulates their care practices. Without legal and institutional recognition, it is impossible for these practitioners to remain in the social care space; to change, from their illegitimate position, their condition of precarious practitioners, and especially their relationship to biomedical health practitioners. Thus, what are the modalities of mutual interestedness or disinterestedness that allow traditional [institutionally weakened] and biomedical practitioners [strongly recognized] to evolve towards reciprocity of perspectives? The study is seeking to identify modes of wrenching from the institutional weakening, focusing, on one hand, on empowerment and reinforcing processes of healers’ legitimacy; and on the other hand, to the impact of empowerment on the redefinition of objects and figures of encounter and of recognition, on the reconfiguration of social care space and the profile of the therapist. To achieve this objective, we have sought the reference framework of sociology of proofs and the anthropology of capacity of Ricœur. The observations of consultations in «Maisons de Soins» and to the «Centre Mère et Enfant» and interviews have led to a reflection on the interpretation associated by mothers, traditional and biomedical health practitioners to what it means to consult or refuse to consult traditional healer or biomedical practitioner. The analysis of data situates the encounter in the axis of capacity of recognition, allowing us to consider multiple figures of recognition and of encounter. It shows that if the adoption of the biomedical professional identity constitutes for traditional health practitioners a tactic of reinforcement of their legitimacy, the integration in African medicines of some biomedical health practitioners predispose them to an institutional resistance to biomedical norms; making it possible to nuance the comprehension of the monolithic character of institutions, given pluralization and diversification of rationalities at stake. This results in a reflection on blurring of frontiers of African medicines and biomedicine, thus giving place to a possible fragmentation of these medicines in terms in terms of biomodernization of African medicines and traditionalization of biomedicine. 2014-06-05T19:18:53Z NO_RESTRICTION 2014-06-05T19:18:53Z 2014-03-03 2014-01 Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation http://hdl.handle.net/1866/10784 fr