Summary: | Il y a quelques décennies, l’émergence du discours de la promotion de la santé infléchissait un nouveau tournant à la santé publique, orientant sa pratique vers l’action communautaire, participative et intersectorielle. Parallèlement, au Québec, la réforme du système de santé de 2004 réorganisait le niveau de gouverne locale à travers la création des centres de santé et de services sociaux (CSSS). Ceux-ci doivent articuler les secteurs des soins et de la santé publique à travers un continuum de services qui va de la promotion de la santé aux soins palliatifs. Ces changements ont des implications majeures pour les acteurs de la santé et de la santé publique, qui doivent composer avec de nouveaux rôles professionnels et de nouvelles stratégies d’action. Le développement professionnel est considéré comme un levier potentiel pour soutenir ces changements.
En 2009, une équipe de la Direction de la santé publique de l’Agence de santé et des services sociaux de Montréal concevait un programme de développement professionnel appelé le Laboratoire de promotion de la santé. Ce programme mise sur une approche d’apprentissage de groupe pour permettre aux professionnels des CSSS de développer de nouvelles compétences, une pratique réflexive ainsi que de nouvelles pratiques de promotion de la santé.
Basée sur une méthodologie générale qualitative et une approche d’évaluation collaborative, cette thèse utilise plusieurs stratégies d’investigation afin d’évaluer le Laboratoire de promotion de la santé sous trois angles, qui renvoient à sa conceptualisation, à son implantation et à ses effets. Plus spécifiquement, elle vise à : (1) examiner la plausibilité de la théorie d’intervention du programme; (2) décrire et comprendre les processus d’apprentissage d’équipe ainsi que les facteurs qui les influencent; et (3) explorer, du point de vue des participants, les effets réflexifs du Laboratoire. Afin de répondre à ces objectifs, la thèse mobilise diverses perspectives théoriques liées à l’apprentissage individuel, d’équipe et organisationnel.
Les résultats des analyses démontrent que : (1) malgré quelques améliorations possibles, le modèle du programme est généralement bien conçu pour parvenir aux résultats visés; (2) l’implantation de ce modèle dans deux sites a donné lieu à des processus d’apprentissage d’équipe différents, bien que conditionnés par des facteurs communs liés aux participants, à l’équipe, au contexte organisationnel et à l’implantation du programme; (3) tel que visé, les participants des deux sites ont développé de la réflexivité vis-à-vis leur pratique et leur rôle professionnel – cette réflexivité adoptant une fonction formative ou critique en regard de l’expérience professionnelle.
Ces résultats soulignent le potentiel que représente l’évaluation de la théorie d’intervention pour améliorer la conceptualisation d’un programme de développement professionnel, ainsi que l’intérêt et la pertinence d’évaluer les processus d’apprentissage au niveau de l’équipe dans le cadre d’une approche collective de développement professionnel. De plus, ils appuient l’importance de l’apprentissage réflexif pour l’amélioration des pratiques et l’engagement social des professionnels. En ce sens, ils proposent différentes avenues qui ont le potentiel de consolider les capacités de la main-d’œuvre de santé publique et d’influer conséquemment sur son efficacité à améliorer la santé des collectivités dans le prochain siècle. === The emergence of the health promotion discourse a few decades ago steered public health practice into a new direction, orienting it toward community-based, participatory, and intersectoral action. Meanwhile, in Quebec, the 2004 healthcare system reform restructured the local level through the creation of health and social services centres. The mandate of these new organizations is to integrate the public health and the healthcare sector across a continuum of services ranging from health promotion all the way to palliative care.All these changes have significant implications for healthcare and public health practitioners, who must come to terms with new professional roles and new intervention strategies. Professional development is considered to be a potential lever for action to support these changes.
In 2009, a team from the Public Health Directorate of the Health and Social Services Agency of Montreal designed a professional development program called the Health Promotion Laboratory. This program builds on a team learning approach to enable participants to develop new competencies, a reflexive practice, and new health promotion practices within the organization.
Based on a qualitative methodology and a collaborative evaluation approach, this doctoral thesis used several investigation strategies to evaluate three components of the Health Promotion Laboratory, i.e., the program’s conceptualization, implementation, and outcomes. More specifically, this thesis aims to: (1) examine the plausibility of the program’s intervention theory; (2) describe and understand the team learning processes involved in the program, as well as the factors influencing them; and (3) explore, from the participants’ perspective, the reflexivity outcomes of the program. In pursuing these objectives, this thesis adopts several theoretical perspectives related to adult learning, team learning, and organizational learning.
The results show that: (1) while there is room for improvement, the program’s model is generally well designed to achieve the intended outcomes; (2) the model’s implementation in two sites resulted in different team learning processes, both of which depended on common factors related to the participants, the team, the organizational context, and the implementation of the program itself; and (3) as intended, participants from both sites developed reflexivity with regard to their practice and their professional roles, with this reflexivity taking on a formative and a critical function in terms of their professional experience.
These results highlight the potential offered by the evaluation of a program’s intervention theory for improving the conceptualization of a professional development program. They also demonstrate the importance and relevance of assessing the learning process at a group level in the context of a collective professional development approach. Finally, the findings support the importance of reflexive learning for improving professional practice and fostering the social engagement of practitioners. Thus, they suggest different avenues having the potential to strengthen the capacities of the public health workforce and thereby to increase its effectiveness in improving the health of communities in the coming century.
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