Summary: | L’objet de ce travail est de rendre compte d’une triple invention. La première, au sens de « trouver », tient à la découverte fortuite des œuvres d’Henry Darger (1892-1973). La deuxième, qui est le fait de la réception institutionnelle, consiste à faire de l’écrivain et illustrateur un artiste d’Art Brut, créateur pour ainsi dire par accident. Qui plus est, cette approche privilégie sa production picturale, alors qu’il se considérait lui-même avant tout comme romancier. Ces deux inventions seront avant tout l’occasion d’exposer l’objet central de cette étude : l’invention de l’artiste par lui-même, rétabli en écrivain. Dans ses écrits, autobiographiques et fictionnels, Darger déploie une inquiétude volontaire qui lui permet de remettre en cause le primat de l’identité personnelle, en multipliant les Moi potentiels. L’état d’inquiétude interroge la relation au monde, bouleverse les rapports conventionnels entre réel et vrai, vrai et faux, et met au jour l’irréel, ce pan de la réalité que la fiction rend accessible. Enfin, Darger déploie une pratique littéraire en rapports à des œuvres préexistantes, véritable écriture-lectrice qui repose toutefois sur une mythologie personnelle, un ensemble de thèmes structuré en architecture de symboles. === The purpose of this study is to account for a triple invention. The first resultsfrom the incidental finding of Henry Darger’s works (1892-1973). The secondone, which is the result of institutional reception, consists in turning both writerand illustrator into an Outsider Artist, creator by accident, so to speak.Moreover, this approach favour his pictorial work, whereas he consideredhimself to be a novelist above all. These two inventions will give us theopportunity to present the main issue of this study : the artist’ self-creation,reclaiming the status of writer. In his writings, be they autobiographical or fiction, Darger displays a purposeful anxiety enabling him to question theprimacy of personal identity, hence multiplying potential selves. This purposefulanxiety questions his relation to the world and upsets the traditional structuresbetween what is real and what is true, right and wrong. It also unveils the unreal,this aspect of reality made available by fiction. Finally, Darger displays aliterally craft associated with pre-existing works, a fully-fledged writing-in-thereadingexperience still based upon a personal mythology: a set of themeswoven into an architecture of symbols.
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