Summary: | Si les membres des « Ordres du roi », expression désignant, sous l’Ancien Régime, l’Ordre de Saint Michel créé en 1469 par Louis XI, et l’Ordre du Saint-Esprit créé en 1578 par Henri III, sont connus et précisément recensés, l’histoire de l’art, en l’occurrence l’examen des toiles, gravures ou sculptures produits entre les XVe et XVIIIe siècles, et en particulier des portraits peints et gravés de chevaliers, permet de progresser dans la compréhension de la fonction et du fonctionnement de ces deux institutions. L’invention et le recours aux ordres de chevalerie par des puissances étatiques centralisatrices ne peuvent être dissociés du processus qui vit en Europe, du Moyen Âge à nos jours, l’affirmation et l’ascension progressive de l’individu, sinon de l’individualisme, face à la collectivité, aux corporations, aux « castes » d’un « vieux monde » solidement organisé. Loin de servir cette vaste émancipation, comme on le conçoit a priori, les ordres de chevalerie agissent à son encontre en permettant certes aux chevaliers décorés d’assouvir leur désir de distinction, mais uniquement de façon superficielle – en leur offrant la possibilité de ressembler au roi –, sans conséquence sur l’ordonnancement des affaires de l’État. À partir de l’étude du don du cordon bleu aux fils de France, des insignes accaparés et des signes que l’on prend pour des insignes alors qu’ils n’en sont pas et de l’altération, par accident, par intention ou par incompréhension des motifs visuels des Ordres du roi, il s’agit de démontrer comment ces derniers constituent des outils de neutralisation d’ordre esthétique, par le pouvoir, des ambitions aristocratiques. === If the members of the "Orders of the King", which refer, under the Ancien Régime, to the Order of Saint Michael created in 1469 by Louis XI of France, and the Order of the Holy Spirit created in 1578 by Henry III of France, are well known and precisely identified, history of art, through the examination of canvases, engravings or sculptures produced between the 15th and the 18th centuries, and in particular painted and engraved portraits of knights, paves the way to a better understanding of the Orders in terms of roles and operation. The invention and the use of chivalric orders by a centralized state is intimately linked to the process that led in Europe, from the Middle Ages to present days, to the rise of the individual, if not the rise of individualism itself, in a strong society made up of corporations and “castes”. These orders were not founded to strengthen this dynamics of emancipation, as one could think. Even if the knights were given the right to stand out from the crowd, thanks to insignias that give them the illusion to look like the king, it was only in a superficial way, without affecting the affairs of the state. Our thesis, which consists in demonstrating how the “Orders of the King” were used as a tool of aesthetic neutralization, by the King, of aristocratic ambitions, relies on the study of the Sons of France’s Cordons Bleus – the ribbon from which the Cross of the Holy Spirit was hung was blue –, insignias that are not precisely insignias of the Orders of the King, and the modification by accident, intent or misconception of the Orders of the King’s symbols and representations.
|