Summary: | Notre travail trouve son origine : d’une part dans la mauvaise réputation du théâtre contemporain auprès du public qui ne le fréquente pas ou plus et qui le juge violent, ennuyeux ou incompréhensible ; d’autre part dans le caractère très circonscrit, sur le plan socio-culturel, du public de ce théâtre. Nous tâchons de faire le lien entre ces deux constats, en utilisant la question du rire comme un révélateur. Notre hypothèse est que la dilution de la perception du rire dans le théâtre contemporain et les efforts ponctuels des spectateurs pour réinjecter du rire dans leur expérience spectatorielle constituent un symptôme de blocage du potentiel subversif de la création théâtrale. Mais, plus profondément encore, il nous semble que cette espèce de dysfonctionnement du rire s’inscrit au cœur d’un problème plus vaste de renouvellement, qui se pose aussi bien pour les formes du spectacle que pour la composition socio-culturelle du public. En effet, le rapport du public et de la scène au rire/à l’humour apparaît lié à certains aspects essentiels du fonctionnement théâtral actuel, notamment : à un refus implicite ou explicite du divertissement, à la systématisation de l’esthétique du choc, à la mise à l’épreuve du spectateur et au traitement des tabous. Il s’agira donc, en interrogeant le déploiement du rire (notamment dysfonctionnel), côté salle et côté scène, d’identifier et d’analyser ce qui relie, en filigrane, les différents obstacles au renouvellement rencontrés par la création théâtrale contemporaine et ce qui contribue réellement à la désaffection du grand public pour un art devenu, au cours du XXème siècle, extrêmement marginal dans la vie quotidienne des individus. === My research was motivated on the one hand by the bad reputation of contemporary theatre among the people who do not or no longer attend it and who think it is violent, boring or hard to understand; on the other hand by the fact that its audience is socio-culturally extremely circumscribed. I try to make a link between those two observations by using the laugh as a revelatory tool. My hypothesis is that the increasing difficulties to perceive laugh in contemporary theatre and the audience’s punctual efforts to reinsert laugh in their theatrical experience are symptoms of a general limitation of the subversive potential in contemporary creation. Most of all, I think that this kind of laugh’s malfunction is a part of a bigger problem affecting the renewal capacity of theatre, in the aesthetic aspects as well as in the socio-cultural audience’s composition. In fact, the relation between the audience or the scene and laugh/or humour seems linked to some essential aspects of the actual theatrical working: the explicit or implicit refusal of entertainment; the systematization of the “shocking effects’ aesthetic”; the audience’s physical or psychological trial; the way taboos are managed. By exploring the way laugh/humour works or malfunctions, from the scene’s and the audience’s perspectives, I want to identify how the different obstacles to theatrical renewal are related and what really contributes to the audience’s disaffection for an art which, along the 20ieth century, has become more and more marginal in people’s day-to-day life.
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