Summary: | L’épidémie de surpoids et d’obésité concerne également les jeunes enfants, se caractérise par d’importantes inégalités sociales et entraîne des conséquences graves pour la santé à court, moyen et long terme. Les comportements impliqués dans la balance énergétique, à savoir l’activité physique, l’exposition à la télévision et l’alimentation pourraient jouer un rôle déterminant vis-à-vis du risque d’obésité du jeune enfant et sont potentiellement modifiables. Les objectifs de ce travail étaient d’étudier l’association entre ces comportements, considérés isolément mais aussi de manière intégrée sous forme de clusters multi-comportementaux à 2 et 5 ans, et le risque d’obésité et ce, séparément chez les filles et les garçons. Le risque d’obésité a été appréhendé au travers de la masse grasse à 5 ans et de l’âge au rebond d’adiposité. Le travail s’appuie sur les données de la cohorte EDEN. A 2 ans, le temps de jeux extérieurs chez les filles et le temps passé devant la télévision chez les garçons étaient respectivement associés inversement et positivement au pourcentage de masse grasse à 5 ans. A 2 ans, nous avons identifié des clusters multi-comportementaux caractérisés principalement par la fréquence de consommation d’aliments et de boissons à forte densité énergétique. Ces derniers n’étaient pas liés longitudinalement au pourcentage de masse grasse à 5 ans. Les clusters identifiés à 5 ans (4 clusters chez les filles et 2 chez les garçons) étaient principalement différentiés par l’exposition à la télévision ; chez les garçons la surexposition à la télévision était en outre associée à de moins bonnes habitudes alimentaires, tandis que chez les filles toutes les combinaisons possibles de niveaux d’exposition à la télévision et d’activité physique en extérieur (jeux/marche) étaient observées au sein des clusters. Les filles appartenant au cluster « Exposition très élevée à la télévision – Activité physique extérieure élevée » à 5 ans avaient un pourcentage de masse grasse plus élevé que celles du cluster de référence « Exposition modérée à la télévision – Activité physique extérieure plutôt élevée ». Par ailleurs, une plus forte adhésion au profil alimentaire «Aliments transformés, ou type fast-food » (identifié dans des travaux précédents) à 2 ans était associée à un âge plus précoce du rebond d’adiposité, défini comme intervenant en moyenne avant 3,7 ans dans les 2 sexes. Enfin, la position socioéconomique était inversement associée au temps passé devant la télévision ainsi qu’aux clusters caractérisés par une surexposition à la télévision et/ou de moins bonnes habitudes alimentaires ou de repas. Ces travaux montrent que tous les comportements impliqués dans la balance énergétique influencent le risque ultérieur de surpoids et d’obésité, mais avec une temporalité différente, sur des marqueurs de risque distincts et de façon variable en fonction du sexe de l’enfant et de son origine sociale. Ils montrent aussi que ces comportements se combinent de façon complexe et variable selon le sexe, et suggèrent que certaines typologies comportementales confèrent un risque plus élevé d’accumulation excessive de masse grasse. Ces résultats nous invitent à mettre en place des stratégies de prévention de l’obésité intégrant tous les comportements impliqués dans la balance énergétique et ce dès le plus jeune âge. Les efforts doivent viser à réduire le temps passé devant la télévision, en particulier dans les familles les plus modestes, tout en promouvant l’activité physique, en particulier en encourageant les petites filles aux jeux actifs à l’extérieur. En parallèle, il semble pertinent d’inciter les familles, et ce dès la grossesse, à adopter une alimentation proche des recommandations, en insistant sur l’importance des habitudes de repas, télévision éteinte et sans mise à disposition de boissons sucrées. Compte tenu de son approche holistique de la famille, le médecin généraliste est un vecteur idéal de ces messages de prévention. === The epidemy of obesity concerns also young children, is characterized by important social inequalities and has important consequences on health in the short, medium and long-term. Energy balance-related behaviors, namely physical activity, television exposure and diet, may be important in young children in determining subsequent obesity risk, and are potentially modifiable. The objective of this work was to examine the association between energy balance-related behaviors, considered in isolation or in combination (via cluster analysis) at 2 and 5 years of age, and obesity risk in boys and girls separately. Obesity risk was assessed by the percentage of body fat at 5 years and the age of the adiposity rebound. The work is based on data from the EDEN birth cohort. At 2 years, outdoor play time and television watching time were respectively, inversely and positively associated with the percentage of body fat at 5 years. At 2 years, 2 clusters emerged that were essentially characterized by opposite eating habits, with intake of energy-dense food and sweetened beverages being the most discriminating feature. At 5 years, clusters (2 in boys, 4 in girls) were mainly differentiated by the level of television exposure; in boys, high television exposure combined with unhealthy eating habits, while in girls, all possible combinations of the level of television exposure and time spent in outdoor physical activity (play and walk) were observed within clusters. Girls belonging to the ‘Very high television exposure – High outdoor physical activity’ cluster had a significantly higher percentage of body fat than girls in the reference cluster (labeled ‘Moderate television exposure – rather high outdoor physical activity’). Furthermore, a higher score on the ‘Processed and fast foods’ pattern (identified in a previous Eden analysis) at 2 years was associated with an earlier age of adiposity rebound (here defined as before 3.7 years on the average in both sexes). Maternal education level (taken as a general indicator of socio-economic position (SEP)) was inversely related to television viewing time as well as clusters characterized by a high level of television and/or less favorable eating habits (eating while the television is on and drinking sweetened beverages at mealtimes). These results suggest that all three-energy balance-related behaviors influence the subsequent risk of obesity, but with different timing of influence, on distinct markers of obesity risk, and in a way that differ according to the child’s sex and his/her family’s SEP. Furthermore, results suggest that these behaviors combine in complex ways that differ in boys and girls, and that identification of behavioral typologies based on specific combinations of behaviors may be useful to distinguish groups of children with different levels of risk. These results plead for integrated obesity preventive strategies targeting all three-energy balance-related behaviors, and implemented as early as possible, ideally before the age of 2. Efforts should strive to decrease television viewing time, especially in low SEP families, while simultaneously promoting physical activity, in particular by encouraging young girls to engage in active outdoor play. In parallel, it appears important to encourage mothers, especially from low SEP families, to follow diet guidelines and adopt favorable mealtime routines (e.g., turning off the television during meals, and proposing water rather than sodas at mealtime). Because of their frequent and continued contact with parents and their children throughout childhood, family physicians are particularly well positioned to help parents promote and support the development of early healthful physical activity and diet habits of children, starting in early childhood.
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