Summary: | La comparaison du discours de jeunes citoyens français et britanniques de confession musulmane issus de l’immigration postcoloniale et engagés au sein d’Etudiants musulmans de France et des Islamic Societies dans un contexte de lutte internationale contre le terrorisme et d’islamophobie a fait émerger un discours alternatif identique aux deux groupes. Celui-ci s’est inscrit dans le processus d’institutionnalisation de l’islam de l’entre-deux-guerres à la période contemporaine pour retracer l’évolution de la constitution des communautés musulmanes dans les deux pays et le processus de racialisation de l’identité islamique.En considérant les différences entre les systèmes étatiques français et britanniques, notamment les politiques d’immigration et d’intégration, cette thèse a cherché à démontrer les similitudes quant au traitement des populations issues des colonies françaises et britanniques, depuis la présence des soldats, étudiants et travailleurs immigrés de la Première Guerre mondiale au regroupement familial dans les années 1960-1970, à l’émergence sur la scène politique des générations suivantes dans les années 1980, à la criminalisation des jeunes de confession musulmane dans la lutte contre la radicalisation violente à partir de 2005. L’analogie entre les deux pays dans la gestion d’une population issue des colonies est particulièrement lisible dans le processus de gouvernance racialisé des jeunes de confession musulmane à l’ère sécuritaire et de l’islamophobie décomplexée. Les figures du jeune potentiel terroriste et de la fille voilée sont depuis le 11 septembre au cœur des débats sur l’identité nationale, les valeurs françaises et britanniques et l’égalité des sexes, tandis que les communautés musulmanes sont érigées en communautés suspectes. La focalisation dans ce travail sur l’expérience comparée et les subjectivités des étudiants enquêtés a tendu à démontrer comment leurs constructions identitaires, au croisement de la classe, de la race et du genre, brouillent les frontières établies des appartenances ethniques, sociales et culturelles pour faire place à des identifications et des représentations multiples transcendant les représentations établies. C’est à l’interstice de différents espaces (local, national, international) dans un monde globalisé qu’a émergé un discours alternatif au discours homogénéisant et essentialisant des identités musulmanes. === From the comparison of the discourse of young French and British citizens of Muslim faith from postcolonial immigration who are involved in Etudiants Musulmans de France and Islamic Societies in a context of international war against terrorism and islamophobia, has emerged an alternative discourse identical to two groups. Their discourse has been inscribed in the process of institutionalizing Islam from the mid-war to the contemporary period to trace the evolution of the constitution of Muslim communities in both countries and the process of racialization of Islamic identity.Considering the differences between French and British state systems, particularly immigration and integration policies, this thesis has sought to demonstrate similarities in the treatment of populations from French and British colonies, from the presence of soldiers, students and immigrant workers of the First World War to the settlement of immigrants from the 1960s-1970s, the emergence on the political scene of the following generations in the 1980s, and the criminalization of young Muslims in the war against violent radicalization from 2005. The analogy between the two countries in the management of postcolonial populations is particularly readable in the process of racialized governance of young people of Muslim faith in the era of security and uninhibited Islamophobia. The figures of the young potential terrorist and the veiled girl have been at the heart of the debates on national identity, French and British values and gender equality since September 11, while Muslim communities are erected into suspect communities.The focus in this work on the comparative experience and subjectivities of the students surveyed has tended to demonstrate how their identity constructions, at the intersection of class, race and gender, blur the established boundaries of ethnic, social and cultural belonging to give way to multiple identifications and representations that transcend established representations. It is at the interstice of different spaces (local, national, international) in a globalized world that an alternative discourse to the homogenizing and essentializing discourse of Muslim identities has emerged.
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