Summary: | Ce travail a tenté de dresser une cartographie de l'utilisation par le juge de l'OMC et l'arbitre de l'investissement de l'argument juridique fondé sur le droit non écrit. Le discours juridictionnel est considéré dans une perspective métathéorique et le droit non écrit a été étudié en tant que structure discursive au sens foucaldien du terme. En prenant comme point de départ la thèse de Martti Koskennicmi, il est soutenu que le discours juridictionnel fondé sur le droit non écrit est caractérisé par des oppositions binaires, propres au droit international libéral. Aussi ce discours oscille-t-il entre deux pôles : celui de l'apologie et celui de l'utopie. Ce balancement est résumé, dans ce travail, par l'emploi de deux concepts qui représentent les deux extrémités du spectre : la banalisation et la systématisation. Dans une logique de banalisation, le juge ancre son espace normatif dans le droit international général pour y ancrer sa légitimité. La banalisation de son espace normatif particulier reflète la volonté du juge de s'aligner sur les structures de pouvoir du droit international général. Il a été démontré, dans cette optique, que le juge de l'OMC, tout comme l'arbitre d'investissement, a banalisé à dessein la nature de son espace normatif ainsi que sa fonction juridictionnelle. Un deuxième registre linguistique employé par le juge est celui de la systématisation. Dans ce contexte, le juge utilise moins le droit non écrit pour ancrer son espace normatif dans le droit international général que pour construire une certaine unité interne au régime. Le langage de systématisation a pour effet ultime de renforcer la logique néolibérale sur laquelle le régime est bâti. === The thesis has attempted to sketch a cartography of the way the WTO judge and the investment arbitrator use the judicial argument based on unwritten Law. The general approach consisted in studying the judicial discourse from a metatheoretical perspective: unwritten law is studied as a discursive structure in the Foucauldian sense of the term. Taking Martti Koskenniemi's thesis as a starting point, it is maintained that the judicial discourse based on unwritten law is grounded on binary oppositions. It oscillates between two poles : the pole of apology and the pole of utopia. This oscillation is explained using two concepts, constituting the extremities of the spectrum: banalization and systematization. In the perspective of banalization, the judge grounds its normative space in general international law. Using this approach, the WTO judge and the investment arbitrator have banalized both the nature of their normative spaces and their own judicial function. The judge also uses the linguistic register of systematization. ln this context, unwritten law is used to construct the internal unity of the regime. The effect of the language of systematization is to generate a movement between consolidation of the unity of the regime and strengthening the embedded neoliberal bias thereof.
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