Summary: | En mai 1940, la population ardennaise fuit devant l’arrivée des troupes allemandes. Les ressources économiques et agricoles du département, qui faisaient pourtant l’objet de plans d’évacuation préparés dès les années 1930, sont abandonnées à l’occupant. Quelques semaines plus tard, une vaste zone du nord-est de la France, dont les Ardennes font partie, est déclarée « zone interdite ». Les terres cultivables sont confisquées à leurs propriétaires et prises en charge au profit du Reich par une entreprise appelée Ostland, qui a déjà orchestré un semblable mouvement de spoliation en Pologne depuis son invasion. L’une de ses filiales régionales, la WOL III, met en place dans les Ardennes un vaste projet d’implantation des méthodes agricoles nationales-socialistes qui nécessite une abondante main-d’œuvre. Des agriculteurs allemands, appelés « chefs de culture » sont diligentés sur place et gèrent de grandes exploitations dans lesquelles travaillent plusieurs milliers de prisonniers français et coloniaux ainsi que 5 000 agriculteurs ardennais contraints à se mettre à leur service. Des ouvriers juifs sont également recrutés et des milliers de Polonais, expulsés de leurs villages, sont déportés pour travailler dans ces fermes qui exercent une agriculture intensive. Cette situation engendre des tensions sociales qui s’expriment particulièrement lors de la Libération et lors de procès d’épuration qui visent certains employés de l’Ostland. Les autorités françaises tentent de gérer au mieux la liquidation de l’entreprise allemande et l’organisation du rapatriement des Polonais dans leur pays, deux opérations difficiles qui nécessitent de longs mois. La reconnaissance des victimes de l’Ostland est inégale et tardive puisqu’elle n’intervient qu’à partir des années 1990. Des mémoires distinctes et spécifiques aux différents groupes de travailleurs émergent aussi à cette époque et s’expriment lors de commémorations. === In May 1940, the population of the Ardennes fled from the arrival of the German troops. The economic and agricultural ressources of the department, which yet had been subject to evacuation plans since the thirties, were given up to the occupying forces. A few weeks later, a large area of the North-East of France including the Ardennes was declared « forbidden zone ». The cultivable land was confiscated from its owners and taken over for the benefit of the Reich by a company named Ostland, which had already orchestrated a similar spoliation movement in Poland since its invasion. One of its local subsidiaries, WOL III , set up in the Ardennes a vast project to implement the National Socialist agricultural methods which required an abundant workforce. Some German farmers, called crop managers, were sent out there to run large farms on which several thousands of French and colonial prisoners as well as 5000 Ardennes farmers were working under duress. Jewish labourers were also recruited and thousands of Poles, expelled from their villages, were deported to work on these farms with intensive agriculture. This situation caused social tensions that were particuliarly evident during the Liberation and during the « purification » trials involving some WOL employees. French authorities tried to manage the liquidation of the German company and the organisation of the repatriation of the Poles, two difficult operations that took many months to complete. Recognition of Ostland victims was uneven and late since it occurred only from the 1990s onwards. Distinct memories specific to the different groups of workers also emerged at that time and were expressed during commemorations.
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