Summary: | Cette thèse de doctorat porte sur le parcours socio-institutionnel d’un groupe de jeunes peu ou sans qualification bénéficiant d’une mesure politique d’aide à l’insertion professionnelle. Le but de cette recherche a été d’étudier comment ce public, marqué par des formes de disqualifications plurielles, est pris en charge par les dispositifs qui leur sont consacrés. Notons, de prime à bord, que les personnes ayant recours à l’assistance publique ont longtemps été jugées à tort comme une strate homogène alors qu’il existe plusieurs types de rapports aux services d’action sociale qui varient en fonction des individus, de leurs vécus voire de la phase qu’ils traversent au moment où ils sollicitent de l’aide. Dans la continuité de cette assertion, suivant le modèle du diagnostic médical, j’ai entrepris un travail d’anamnèse permettant de comprendre, plus ou moins, l’histoire étiologique de ceux et celles qui se retrouvent, a posteriori, dans le rôle institutionnalisé de stagiaire pathologique. De ce point de vue, je me suis intéressée aux différents cadres d’expériences des jeunes que sont : la famille, l’école et le milieu associatif ainsi que leurs impacts dans leurs trajectoires socioprofessionnelles. Autrement dit, l’objectif a été de voir comment, à partir de ses supports sociaux (nature, intensité, qualité des ressources), cette jeunesse trouve ou non les ressorts et dynamiques lui permettant de tracer sa voie. C’est dans ce contexte que j’ai intégré deux associations oeuvrant dans le processus d’insertion de jeunes ayant des difficultés à accéder au monde de l’emploi. Abordés comme étant des espaces communicationnels, la mission locale et en particulier l’Atelier ont été les lieux d’observations ethnographiques au sein desquels, j’ai tenté de faire ressortir les jeux d’acteurs, de pouvoir, les objectifs et les interactions multiples qui traversent ces territoires. Un intérêt spécifique a, ainsi, été porté sur les vécus, les représentations, les échanges conflictuels ou/et coopératifs entre les travailleurs sociaux et les bénéficiaires. Jogging, basket, casquette à l’envers ou langage de cité, cette enquête de terrain m’a,également, permis d’étudier l’esthétique, les postures et les expressions corporelles des jeunes en allant en quête du sens qu’elles prennent en tant qu’action individuelle et/ou collective notamment au sein des associations. Dans un horizon plus large, j’ai essayé de voir comment et dans quelle mesure les agents/acteurs de l’action sociale prennent en compte les spécificités de ce public et arrivent à créer des points d’équilibre entre la demande des bénéficiaires et la commande institutionnelle, entre les impératifs en tant que médiat et les contraintes structurelles axées sur l’immédiat. === This doctoral thesis deals with the socio-institutional trajectories of a group of youth with low-level qualifications or no qualifications at all, who benefit from a reinsertion policy measure designed to help them find job. The purpose of this research is to study how this target-group of youth – characterized by multiple forms of disqualifications – is getting the proposed support. First and foremost, it should be noted that those who have resorted to public assistance have been long wrongly considered a homogeneous social stratum, whereas indeed, there are several ways to deliver social support, depending on individuals, their different life experiences or even the specific phases they are go through by the time they ask for help. In line with this assertion, following the model of medical diagnosis, I undertook an“anamnesis” towards understanding, more or less, the etiological history of those male and female as well, finding themselves “ à posteriori” playing the institutionalized part of“pathological” trainees. From that point of view, I had to study different spaces that are namely : the family, the school and the institutional environment as well as their impacts on the socio-professional trajectories of the individuals concerned. In other words, the objective was to check to what extent, based on social supports received (nature, intensity, quality of resources ...), that youth may find the springs and dynamics allowing them to trace their own path.It is in this context that I integrated two associations active in social work towards facilitating the process of inserting young people having difficulties to enter the world of employment. Considered as communicational spaces, the “Mission Locale” and particularly “l’Atelier” were my privileged places of ethnographic observation, where I strived to single out the games of actors, power games, objectives and the multiple interactions entwined in these territories. A specific interest was put on personal experiences, perceptions, conflictual and /or cooperative interactions between social workers and beneficiaries. Jogging, basket (shoes), cap position (back / front) or street language, this field survey also allowed me to study the esthetics, postures and body expressions of young people by looking at the significance they take as individuals and / or collective action, particularly within social associations. In a broader prospect, I have tried to see how and to what extent the agents / actors of the social institutions take into account the specificities of this public and manage to create points of balance between the request of the beneficiaries and the institutional command, between imperatives as mediate and immediate structural constraints.
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