Summary: | L’œuvre rigoureuse de Bill Brandt, au service d’une incontestable poésie, s’écoule sur près d’un demi-siècle et résume à elle seule les quatre grands genres de la photographie que sont le reportage social, le portrait, le nu et le paysage. Né à Hambourg en 1904, le déni de ses origines allemandes l’amena à s’identifier pleinement à l’Angleterre où il vécut la plus grande partie de sa vie, laquelle prit fin à Londres en 1983. Cette thèse a pour objet de mettre en évidence la trajectoire éminemment moderniste de Brandt, lequel a exploité au maximum le caractère réflexif de la photographie afin de satisfaire au mieux sa quête identitaire. Cette dernière, en prise avec les traversées géographiques et culturelles vécues par le photographe, s’articule autour de registres plus ténus ayant trait à la mémoire ainsi qu’aux perspectives historiques et généalogiques. Aussi, cette reformulation personnelle s’est accompagnée chez Brandt d’une reformulation de son œuvre et de sa pratique du médium jusqu’à en repousser les limites intrinsèques : portée par une appétence scopique, elle a exploré les ressorts spatiaux et diégétiques de l’image avant de tendre vers une sérénité haptique et sculpturale alors que le photographe accédait à sa pleine reconnaissance artistique, proposant ainsi une relecture des apports modernistes. === Bill Brandt's quite rigorous works cover nearly half a century and encompass the four major kinds of photography (i.e. social photo-reportage, portraits, nudes and landscapes) with a true sense of poetry. Born in Hamburg in 1904, the denial of his German origins led him to fully identify himself with England where he lived most of his life in London until his death in 1983. This thesis aims at highlighting Brandt's modernist path as he constantly used the reflexive capabilities of photography as a way to satisfy his own quest for a native English identity. Beyond the geographical and cultural journeys experienced by the photographer before his arrival in England, the root causes of his quest actually lie in more tenuous matters related to memory as well as historical and genealogical perspectives. This personal quest for redefining his identity resulted in a progressive reshaping of his own works and practice of the medium to push back its inner limits: firstly driven by a scopic appetite, he then explored the many spatial and diegetic dimensions of image until finally evolving towards a more haptic and sculptural serenity as he was receiving a proper artistic recognition, hence offering a rereading of his modernist contributions.
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