Summary: | Qu’est-ce que la bio-ingénierie ? Assimilée à l’essor des nouvelles manières de manipuler et contrôler le vivant par la modification du génome depuis les années 70-80, la bio-ingénierie est fréquemment identifiée et restreinte aux biotechnologies à ADN. Ingénieriser le vivant est alors synonyme du développement des plantes génétiquement modifiées et des transformations de l’industrie pharmaceutique qui témoignent de l’apparition d’un nouvel agencement entre science, industrie et politique. Au milieu des années 2000, une communauté d’ingénieurs se rassemble autour du terme de « biologie synthétique » avec pour ambition de faire advenir la « vraie » bio-ingénierie. Davantage qu’un nouveau domaine scientifique, cette communauté naissante revendique une véritable utopie technique de modification du vivant sur le modèle de l’électronique et de l’informatique en rupture avec les biotechnologies à ADN et leurs régulations. Cette utopie est néanmoins marginalisée et la biologie synthétique se range alors comme un domaine scientifique stabilisée.La thèse enquête à partir de l’émergence de la biologie synthétique pour interroger les pratiques et les régulations de la bio-ingénierie depuis le milieu des années 80. Suivre la bio-ingénierie permet alors de mettre à jour un régime de production de savoir à l’ombre des biotechnologies à ADN et des récits dominants sur la manière dont le savoir contemporain est produit. L’expression « à l’ombre » renvoie alors aux régulations délaissées, aux applications peu révolutionnaires, aux acteurs puissants et discrets, aux secteurs économiques peu enquêtés, aux programmes peu étudiés pour rendre compte de ce que l’on appelle les biotechnologies et de la production de savoirs contemporaine. === What is bioengineering? Associated to the rise of the ways of manipulating and controlling the living through the modification of the genome since the 70s-80s, bioengineering is frequently identified and restricted to DNA biotechnologies. Engineering the living is then synonymous with the development of genetically modified plants and transformations of the pharmaceutical industry which testify to the appearance of a new arrangement between science, industry and politics. In the mid-2000s, a community of engineers gathered around the term "synthetic biology" with the ambition to bring about the "true" bio-engineering. More than a new scientific field, this emerging community claims a real technical utopia of modification of life based on the model of electronics and computer technology breaking with DNA biotechnologies and their regulations. This utopia is nevertheless marginalized and synthetic biology ranks as a stabilized scientific domain.The thesis starts from the emergence of synthetic biology to interrogate the practices and regulations of bioengineering since the middle of the 80's. Following bioengineering then allows to update a regime of production of knowledge in the shadow of DNA biotechnologies and dominant narratives of how contemporary knowledge is produced. The term "in the shadow" then refers to neglected regulations, non-revolutionary applications, powerful and discrete actors, the economic sector under investigation, under-researched programs to account for is commonly called biotechnology and contemporary knowledge production.
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