Corps et lumières : les "docteurs régents de la faculté de médecine en l'Université de Paris" au XVIIIe siècle

Cette thèse étudie l’histoire des médecins au XVIIIe siècle, à travers les docteurs régents de la faculté de médecine de Paris. Partageant une même formation médicale donnant accès à la qualité de « régent », les docteurs sont les membres d’un corps puissant -la Faculté- dirigé par son doyen. Enseig...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Coquillard, Isabelle
Other Authors: Paris 10
Language:fr
Published: 2018
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2018PA100156
Description
Summary:Cette thèse étudie l’histoire des médecins au XVIIIe siècle, à travers les docteurs régents de la faculté de médecine de Paris. Partageant une même formation médicale donnant accès à la qualité de « régent », les docteurs sont les membres d’un corps puissant -la Faculté- dirigé par son doyen. Enseignants et chercheurs, ils investissent les institutions savantes, participent à la modernisation, à la circulation et au contrôle des savoirs médicaux non seulement auprès des professionnels de la santé mais aussi auprès des profanes. Également médecins libéraux, les docteurs régents prennent position dans le marché thérapeutique avec les autres professionnels de santé et les « charlatans ». Les inventaires après décès montrent l’adaptation de leur cadre de vie à leurs besoins professionnels (choix du quartier d’installation, possession d’un cabinet-bibliothèque, de carrosses et chevaux). Ils révèlent aussi combien leur activité, lucrative, les intègre dans la bonne bourgeoisie parisienne. Enfin, les actes notariés permettent d’identifier la clientèle des docteurs régents et de reconstituer leurs échanges avec les patients-clients, de la nature des services médicaux proposés aux honoraires. Les docteurs régents apparaissent aussi comme des conseillers techniques et des administrateurs des services de santé publique. La monarchie, soucieuse de l’encadrement sanitaire des populations, au quotidien et en temps de crise, les mobilise ici et là. En raison de leur expertise, ils sont mobilisés pour la transformation de l’hôpital, à l’organisation d’un système d’assistance dans la capitale, mais aussi dans les espaces ruraux et militaires, dans les colonies.Les docteurs régents conjuguent logiques corporatives et liberté professionnelle pour étendre leurs espaces d’intervention et demeurer au sommet de la hiérarchie des professions de santé. === This thesis studies the history of Paris doctors to the XVIIIe siècle, through the case of that of the “doctors regents” of its medical faculty. Doctors shared the same medical formation necessary to gain access to the quality of “regent” and to affiliation to a powerful community, under the supervision of its senior member. As teachers and researchers, they got access to erudite institutions, took part in the modernization, circulation and control of the medical knowledge not only in relation with the other medical practitioners but also with the neophytes. Considering their private clientele, the doctors regents took a stand in the therapeutic market with other health-related occupations and “charlatans”. The inventories after death show the adaptation of their living environment to their professional needs (choice of occupational location, ownership of cabinet-libraries, carriages and horses). They reveal also how much their profitable employment contributed to their integration to the upper Parisian bourgeoisie. Lastly, notarial deeds helps documenting the “docteurs-régents” customers and reconstituting their exchanges with the patient-customers, of the nature of the medical services covered by medical fees. The doctors regents also acted as technical advisors and administrators of the public health services. The monarchy, concerned by its subjects’ medical control, on an everyday basis and in times of crisis, mobilized them here and there. Due to their expertise, they are required for the transformation of hospitals, and for the organization of medical assistance not only in the capital city, but also in the rural and military areas and in the colonies. The “docteurs-régents” combined professional strategies and occupational freedom to extend their realms of agency and to remain at the summit of medical occupations’ hierarchy.