Raison et empirisme chez David Hume

Il est courant de reconnaître en Hume un philosophe empiriste et un critique de la raison. Cette étude s’attache à examiner le lien unissant ces deux caractérisations, et à mettre en évidence le geste d’extension de l’empirisme par lequel, sous la plume de Hume, l’entendement en vient à être pensé s...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Bergont, Sophie
Other Authors: Paris 1
Language:fr
Published: 2018
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2018PA01H214/document
Description
Summary:Il est courant de reconnaître en Hume un philosophe empiriste et un critique de la raison. Cette étude s’attache à examiner le lien unissant ces deux caractérisations, et à mettre en évidence le geste d’extension de l’empirisme par lequel, sous la plume de Hume, l’entendement en vient à être pensé selon un modèle empirico-sceptique. Contrairement à l’idée reçue qui voudrait que la théorie humienne de la raison s’énonce à l’encontre de conceptions «métaphysiques» ou «rationalistes» de cette dernière, il s’agit de montrer que c’est à des auteurs couramment désignés comme empiristes que Hume se confronte lorsqu’il prend la raison pour objet, en tant que ces auteurs seraient restés prisonniers d’une compréhension superficielle de l’expérience. En explorant différents champs (connaissance, passions, morale, histoire, sciences constituées, telle la mécanique), cette étude souligne que la critique humienne de la raison naît d’un approfondissement de l’empirisme, approfondissement qui vient interroger l’idée traditionnelle d’une continuité vis-à-vis des philosophes «empiristes» (notamment Locke et Hutcheson) et d’une mise à distance des auteurs «rationalistes» (notamment Leibniz et Malebranche). Ces positionnements à première vue surprenants s’enracinent dans une exigence d’analyse de l’expérience : c’est seulement en analysant l’expérience immédiate et ordinaire que nous faisons de notre raison qu’il est possible de parvenir à une juste idée de ses pouvoirs, et de poser à nouveaux frais la question de sa légitimité à gouverner notre croyance. === Hume is commonly seen as an empiricist philosopher and as a critic of reason. The project of this thesis is to examine the relation between these two characterizations, and to highlight the way that Hume expands empiricism into the faculty of reason, resulting in a new conception of the understanding, which is both empirical and skeptical. In opposition to the generally accepted idea, which states that Hume's theory of reason is set against "metaphysical" or "rationalist" conceptions of this faculty, the thesis argues that, in his account of reason, Hume mainly critiques "empiricist" philosophers. These thinkers are critiqued for being confined to a superficial view of experience. Through an exploration of several fields (theory of experience, theory of the passions, theory of morals, history, contemporary sciences, such as mechanics), it is shown that Hume's critique of reason stems from an extension and intensification of empiricism. This demonstration challenges the traditional view of Hume, as the heir to the "empiricist" tradition (particularly Locke and Hutcheson) and as a mere critic of the "rationalist" philosophers (particularly Leibniz and Malebranche). These positions, which seem at first sight surprising, are rooted in the demand that experience be analysed : it is only through analysing the immediate and ordinary experience we have of our reasoning that we can arrive at a true account of the powers of reason, and give new ground to the question of the legitimacy of reason to govern our beliefs.