Summary: | Cette thèse s’efforce de penser le remploi d’archives comme un acte de création qui signale une possibilité fondamentale du medium filmique, à même d’exercer un retour à sa propre matérialité. Pour ce faire, elle s’appuie sur l’analyse de trois films contemporains - X+ (2010) de Marylène Negro, The Uprising (2012) de Peter Snowdon et Pays barbare (2013) de Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi. L’hypothèse que cette recherche entend vérifier est qu’il n’y a de cinéma que de seconde main. A partir d’une lecture des thèses de Benjamin sur le langage et la traduction, la reprise et la répétition au principe de toute expression filmique sont étudiées comme les conditions requises pour que puissent émerger des formes radicalement neuves. Les propositions filmiques analysées, en travaillant des formes fragmentaires ou en explorant la dimension polyrythmique du remploi d’images, invitent à envisager l’écran et au-delà l’archive elle-même comme des opérateurs de l’événement. Reposant sur une dimension dialogique et relationnelle de l’image filmique, le montage d’archive est indissociablement poétique et politique. Les formes qu’en proposent les artistes étudiés invitent à considérer d’un même tenant pratique filmique, archéologie des techniques et histoire des peuples. Le remploi d’archives opère un acte duel : manifester ce que le monde a été et dire dans le même temps ce qu’il peut devenir. Le montage d’archives se comprend alors comme un geste exécuté au présent, pour le présent, à travers lequel pointe l’image d’un monde ouvert. === Based on the analysis of three contemporary films (X+ by Marylène Negro, Pays barbare by Yervant Gianikian and Angela Ricci Lucchi, The Uprising by Peter Snowdon), this PhD aims to reconsider the found footage practice as a creative act that points to a fundamental potential of cinematographic media to perform a feedback on its own materiality. This PhD states as an initial hypothesis that all cinema is a second hand cinema. Using as a starting point Walter Benjamin’s works on language and translation, the reemployment and the repetition as principle of every filmic expression are considered as essential conditions for the rise of radically new forms. The topic follows three main lines : forms, rhythm and events. Theses issues are tackled in order to highlight that the cinematographic works analysed in this PhD – combining fragmentary forms or exploring the polyrhythmic dimension of found footage - allow to consider the screen and further more, the archive itself, as agents of the event. Based on the dialogic and relational dimension of moving image, the archive editing is inextricably poetic and political. Hence cinematographic practice, archaeology of techniques and political history are considered as fundamental materials by the filmmakers studied in this PhD. The reemployment as used by these artists operate a dual act : show the world as it has been and in the mean time say what this world could become. The archive editing can thus be understood as a gesture performed in the present time, for the present, a gesture that reveals the image of a world full of possibilities.
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