Summary: | Cette thèse a pour objet l’étude comparée des pratiques scéniques de rue contemporaines, notamment des formes françaises de Marseille (cie. Rara Woulib, collectif Ornic’art) et brésiliennes de Porto Alegre (groupe Falos & Stercus, tribu Ói Nóis Aqui Traveiz). Ainsi les enjeux du travail de recherche procèdent de la problématique suivante : « sous quelles formes d’exploitation de l’espace urbain et du temps quotidien se donnent les pratiques politiques de la scène de rue d’aujourd’hui ». Prenant en compte les déterminismes qui s’exercent sur l’espace public réglé par des codes communs (cf. M. Santos, H. Lefebvre, M. Foucault, N. Canclini), il s’agit donc d’analyser et de théoriser les propositions artistiques qui se déploient dans l’espace public et vont « fragiliser » ceux-ci. Le propre de ces pratiques scéniques est d’y générer, a priori, du désordre (cf. G. Balandier), pour y faire apparaître un nouvel espace, inattendu. C’est pour cette raison que ces pratiques fondent et/ou refondent l’espace public : à travers l’actualisation de l’espace urbain (cf. G. Deleuze et F. Guattari), ces architectes du sensible produisent, en définitive, de nouveaux modes de « vivre ensemble » (cf. J. Dubatti), une nouvelle communauté, bref une dramaturgie de la vi(ll)e où la notion de passant voisinne avec celle de spectateur. Dans cette perspective qui met en évidence que le fait esthétique est articulé à une dimension politique, on se sert de la notion d’« anthropophagisation ». Ce mot emprunté au Manifeste Anthropophage d'O. de Andrade nous permet de penser à la fois aux phénomènes de dévoration qui apparaissent dans l’espace urbain ainsi qu’au rapport entre quotidien et œuvre d’art. === The topic of the present thesis is a comparative study of the practices of contemporary street theatre of Porto Alegre, Brésil (groups Falos & Stercus and Ói Nóis Aqui Traveiz) and of Marseille, French (groups Rara Woulib and Ornic’art). The stakes of the research originate from the following question: "how do the current street theatre policies exploit the urban space and the everyday time frame?" Taking into account the determinism that applies over the public space regulated by shared codes (see M. Santos, H. Lefebvre, M. Foucault, N. Canclini), we aim at analysing and developing a theoretical framework for pieces of work that deploy in the public space "fragilising" them. These theatrical practices inherently generate, a priori, some (dis)order in the public space (see G. Balandier), so that a new, unexpected space can emerge. For these reasons, these practices found and refound the public space: through the renewal of the urban space (see G. Deleuze and F. Guattari), these architects of sensibility create, indeed, new ways of "living together" (see J. Dubatti), a new community, in short a dramaturgy of of life and of the city where the notion of pedestrian is close to that of spectator.Under this perspective that highlights the articulation between the aesthetics and the politics, we adopt the notion of "anthropophagisation". This word, borrowed from the Anthropophagic Declaration (see O. de Andrade), alludes to both the phenomena of devouring that occur in the urban space and the relation between real life and artistic expression, because it "blurs" the gap between everyday life and a piece of art.
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