Summary: | Notre étude concerne la précarité, la violence et le danger chez les adolescents du quartier Hatikva, situé dans la banlieue-sud de Tel Aviv en Israël ; et la prise en charge de ces adolescents par l'institution Beit Ham au moyen de la psychothérapie institutionnelle. La précarité organise ici le quotidien de l'adolescent, ce déjà enfant : ici, l'enfant et l'adolescent sont confrontés à la précarité dans les domaines les plus élémentaires soit l'alimentaire, le jeu, le développement, l'accueil familial et sociétal, la protection, l'espace et la relation. C'est alors ce rapport intersignifiant élémentaire, structurant, entre ensemble et partie, entre nécessité et légitimité qui manque ou est très insuffisant pour permettre à la parole et à la demande de l'adolescent de s'articuler à l'extérieur, et par conséquent de constituer un appui et un recours. D'où notre problématique : la violence et le danger chez l'adolescent sont fonction de la précarité de la relation. Alors c'est cette "relation de connexion" (J. Lacan) élémentaire, ce rapport intersignifiant structurant entre énoncé et énonciation, entre "matériel signifiant" (J. Lacan) et sens, entre organisation déjà là et une présence qui n'opère pas. Ce qui confronte nombre d'adolescents et d'enfants à une difficulté de rencontre entre l'espace psychique et l'espace social, à une errance psychique et sociale, et à une difficulté de s'appuyer et de recourir au soutien extérieur pour faire face aux violences et aux dangers fortement présents dans leur milieu de vie. Mais ici c'est cet "espace du politique" (H. Arendt), cet espace de la relation, cette "signification de la participation" (L. Lavelle) qui sont sérieusement à interroger; soit ce "pas décisif culturel" (S. Freud). Mais la situation est critique car le potentiel de danger est très grand pour beaucoup de ces enfants et de ces adolescents. C'est donc la politique que ces adolescents interpellent directement, et nous avec : soit le sérieux de cette garantie d'un espace commun pour tous, du droit à la Cité, du droit à l'accueil et à la protection ; soit ces fondamentaux politiques non négociables pour la présence d'un enfant et d'un adolescent au monde c'est-à-dire de cet espace de la relation, de cet espace du rapport – intersignifiant – élémentaire et structurant. Qu'en est-il de cette existence politique d'un adolescent et d'un enfant, dont l'inconscient semble l'expression, quand le préjudice politique, quand la « misère symbolique » (P.-L. Assoun) auxquels sont confrontés tant d'enfants et d'adolescents sur ce terrain, ne permettent plus cette solidarité – existentielle – entre une présence au monde et espace, relation et structure, ou encore ce rapport intersignifiant élémentaire entre présence et participation, entre unité et continuité? === Our study concerns the precariousness, danger and violence among adolescents in the Hatikva neighborhood, situated in the southern suburbs of Tel Aviv in Israel; and the care provided for these adolescents by the Beit Ham institution by means of institutional psychotherapy. Here, precariousness rules over the daily life of the adolescent, who is yet a child: here, the child and the adolescent are confronted with precariousness in the most basic of domains, be it that of nutrition, play, development, family and societal climate, protection, space, and relationships. It is thus this relation of basic, structuring, cross-signifying relation, between whole and part, between necessity and legitimacy, which Is lacking or which is too insufficient to allow the verbal exteriorization of the adolescent’s own speech and demands, and thereby constitute support and remedy. Hence, our difficulty: violence and danger among adolescents are linked to the precariousness of the relationships. So it is this basic ”relationship of connection” (J. Lacan), this structuring cross-signifying relation between an utterance and the act of uttering itself, between “signifying material” (J. Lacan) and sense, between the existing organisation and a non-operating presence. Which makes it that numerous adolescents and children are confronted with a matching difficulty between physical and social space, with a psychic and social vagrancy, and with a difficulty to draw on and to resort to external support in order to face the ever-present violence and danger in their living environment. But in this case, it is this “political space” (H. Arendt), this relational space, this “significance of participation” (L. Lavelle) that are to be seriously questioned; or this “decisive cultural step” (S. Freud). But the situation is a critical one because the potential danger is very high for many of these children and adolescents. It is thus politics that these adolescents are directly calling out to, along with us: either the reliability of this guarantee of a common space for all, the right to a housing project, the right to acceptance and protection; or these fundamental, non-negotiable politics for the presence of a child or an adolescent in the world, that is to say, in this relational space, this connective space – cross-signifying – basic and structuring. What about this political existence of an adolescent and a child, whose unawareness is taken as expression, when the political prejudice, the “symbolic misery” (P.-L. Assoun) that so many children are confronted with in this region, no longer allow for this existential solidarity between a presence in the world and in the physical space, relationship and structure, or even this basic cross-signifying relation between presence and participation, between unity and continuity?
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