Summary: | Cette recherche vise à investiguer le statut du corps dans la psychanalyse de Lacan à partir des trois termes directifs qui constituent la réalité dans sa théorie, à savoir, l'imaginaire, le symbolique et le réel. La conférence sur Le stade du miroir (1936) et la publication du texte La famille (1938) marquent le début de la construction du registre de l'imaginaire dans la théorie de Lacan. Ce mouvement se poursuit jusqu'à la fin de 1940. Au cours de cette période, Lacan cherche à établir les fondements de sa théorie vers une critique de l'organicisme psychiatrique de son temps, au même temps qu'il s'empare d'une psychologie concrète pour penser la constitution du moi. Le concept de imago émerge donc comme un élément clé en ce moment. On peut aussi voir une dichotomie entre la nature et la culture, qui a comme principale conséquence une conception dans laquelle le corps apparaît comme fragile, précaire. À partir de la conférence intitulée Le mythe individuel du névrosé (1953), on observe un changement dans la pensée de Lacan – moment connu comme la constitution du registre du symbolique. De nouveaux éléments découlant de l'anthropologie de Lévi-Strauss et de la linguistique de Saussure, font partie désormais de la psychanalyse qu'il a engendré. L'inconscient, relu des nouvelles influences, est mis en évidence dans la fameuse invitation à “retour à Freud”. L'élément fondamental devient le signifiant et les conséquences de cela, à réfléchir sur le corps, il semble ne pas être si loin de la compréhension précédente. Le corps est encore vu dans une polarisation entre la nature et la culture, cependant, sa précarité n'est plus en jeu, mais sa possibilité d'être un soutien pour la lettre. Dans le point central de cette recherche, moment de production qui va des années 1959 à 1964, à savoir les seminaires L'éthique de la psychanalyse (1959-1960), Le transfert (1960-1961), L'identification (1961-1962 ), L'Angoisse (1962-1963) et Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (1964), on identifie un autre changement dans sa pensée. Lacan cherche à présenter le registre du réel d'une manière plus profonde. Et pas seulement cela, mais aussi de l'articuler aux deux autres registres. Cela devient évident dans le processus de formalisation du concept de l'objet a - qui commence dans le séminaire VII avec la notion de das Ding et va jusqu'au séminaire XI avec la notion d'objet cause du désir, objet de la pulsion. Ce concept nous permet une compréhension du statut du corps distincte de celle observée précédemment. Le corps, maintenant, n'est pas seulement de soutien de la lettre, mais aussi la possibilité de la lettre, c'est-à-dire, le signifiant est fait du même matériau au fur et à mesure que le concept de réel se rapproche de la notion de corps. L'articulation entre les trois registres est la principale clé que nous possédons pour comprendre le statut du corps dans la première moitié des années 1960. === This thesis has the objective of investigating the status of the body in Lacanian psychoanalysis, based on the three registers that constitute reality in his theory, namely, the imaginary, the symbolic and the real. Lacan’s conference entitled The Mirror Stage (1936) and the text La Famille (1938) contain the first elements in the construction of the register of the imaginary in Lacan’s theory and this evolution continues into the late 1940s. During this period Lacan sought to set down the bases of his theory which led to his criticism of the organicism he saw in the psychiatry of his time. Concurrently, he was basing himself on a concrete psychology to theorize on the constitution of the ego. The concept of imago thus comes up at this point as a fundamental element. One can also note the emergence of a dichotomy between nature and culture, the main consequence of which was the conception whereby the body was seen as fragile, or unstable. Beginning with Lacan’s conference entitled Le mythe individuel du névrosé (1953) one can note a shift in his thinking, when he constitutes the symbolic register. New elements, derived from Lévi-Strauss’s anthropology and Saussure’s linguistics, were then introduced into psychoanalysis as conceived by Lacan. The unconscious, re-examined on the basis of more recent influences, comes to the fore in his famous “return to Freud”. The main element becomes the signifier although the consequences for conceiving the body do not seem very different from his earlier model. The body is still seen in a polarization between nature and culture, but what is at stake is no longer the body’s fragility but rather the possibility of its being a support for the letter. A further change in his thought can be seen at the central point of this research, specifically, the period between 1959 and 1964, through the seminars L’éthique de la psychanalyse (1959-60), Le transfert (1960-61), L’identification (1961-62), L’angoisse (1962-63) and Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (1964). During this period, Lacan endeavors to present the register of the real in a broader way while, at the same time, articulating it to the other two registers. This becomes evident in the process of formalizing the concept of object a – which began in Seminar VII with the notion of das Ding and continued on until Seminar XI with the notion of object cause of desire, or object of the drive. This concept allows for an understanding of the status of the body as distinct from that seen earlier. At this point the body is not solely support for the letter, but is also the possibility for the letter. In other words, the signifier is made of the same material, to the extent that the concept of real comes closer to the notion of body. The articulation among these three registers is the main key we have for understanding the status of the body during the first half of the 1960s
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