Summary: | Cette recherche analyse la dimension sociale de la mobilité pour études des Maliens en France et au Maroc. Face à un système d'enseignement supérieur à l'offre pédagogique et aux capacités d'accueil limitées, nombre d'étudiants maliens voient en la mobilité une échappatoire. En outre, ceux qui partent perpétuent une pratique de formation à l'étranger consubstantielle à la formation des élites maliennes au XXe siècle. Des acteurs institutionnels facilitent la mobilité étudiante. L'État, d'une part, à travers les bourses de mérite qu'il met en place, et par les nouveaux établissements privés, au Maroc notamment, qui adaptent leur offre de formation à la demande provenant des pays d'Afrique subsaharienne. Nous questionnons la manière dont la mobilité géographique participe d'une stratégie de mobilité sociale, puis démontrons comment les inégalités du champ scolaire malien, fondées sur les disparités de capitaux économique, culturel et social, façonnent les inégalités d'accès à la mobilité. Toutefois, ces dernières sont contournées par la mobilisation des « liens faibles », dont la parenté élargie, par les étudiants socialement défavorisés. Le rôle de ces réseaux apparaît crucial dans la mobilité pour études, comme l'attestent les parcours des étudiants défavorisés dont la réussite professionnelle et sociale est souvent comparable à celle des étudiants issus des élites politiques, économiques et religieuses. Les trajectoires d'insertion professionnelle des diplômés maliens de France et du Maroc mettent enfin en évidence le rôle clé de la mobilité internationale pour études supérieures, en complément de la scolarité au Mali : gage d'un accès au statut d'élite, au Mali, pour le plus grand nombre, une telle mobilité internationale apparaît comme un facteur de transformation des hiérarchies sociales. === This PhD research analyzes the social dimension of Malian students' mobility in French and Moroccan higher education. Confronted with a higher education system with limited capacity, many Malian students perceive mobility as a loophole. These students going abroad perpetuate a tradition of mobility consubstantial with the training of Malian elites in the twentieth century. This mobility is encouraged by the state through cooperation exchanges, as well as private educational institutions particularly in Morocco, that adapt their educational options and services to the demands of sub-Saharan countries. We interrogate how geographical mobility is part of a social mobility strategy and then demonstrate how inequalities in the Malian school system, based on disparities in economic, cultural and social capital, shape inequalities in access to mobility. However, these inequalities are overcome by the mobilization of "weak ties", including extended kinship, by socially disadvantaged students. Social capital plays a crucial role in achieving success through mobility, where students from disadvantaged families succeed as much as those from elite families with politico-economic and religious clout. The career paths of Malian graduates from France and Morocco finally highlight the key role of international mobility for higher education, in addition to schooling in Mali: a guarantee of access to elite status in Mali, for the greater number. Consequently, international mobility appears as a factor in the transformation of social hierarchies.
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