Les vulnérabilités liées à l'eau dans les páramos colombiens et vénézuéliens

Dans de nombreuses montagnes tropicales, les populations sont aujourd’hui fortement exposées aux risques liés à l’eau (pollution et pénurie), notamment depuis le développement récent de l’agriculture intensive. À travers l’étude de quatre communautés rurales des páramos colombiens et vénézuéliens –...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Leroy, David
Other Authors: Toulouse 2
Language:fr
Published: 2017
Subjects:
Eau
Online Access:http://www.theses.fr/2017TOU20128/document
Description
Summary:Dans de nombreuses montagnes tropicales, les populations sont aujourd’hui fortement exposées aux risques liés à l’eau (pollution et pénurie), notamment depuis le développement récent de l’agriculture intensive. À travers l’étude de quatre communautés rurales des páramos colombiens et vénézuéliens – écosystèmes d’altitude spécifiques des Andes septentrionales –ce travail questionne le lien entre l’efficacité de l’action collective et la réduction des vulnérabilités liées à l’eau. L’approche repose sur une analyse de la construction sociale des risques et de la capacité d’adaptation des communautés rurales. La méthodologie s’appuie sur 191 entretiens semi-directifs ainsi qu’une observation directe et participante auprès des agriculteurs et des différents acteurs du monde agricole et de la gestion de l’environnement. Enfin, le traitement des données est fondé sur une analyse de contenu, ainsi qu’une analyse plus fine du discours à travers l’outil IRaMuTeQ. Ce travail montre, d’une part, que la pollution de l’eau est souvent négligée par les agriculteurs, car elle se dérobe constamment aux représentations profanes ; elle est aussi déniée, du fait des enjeux économiques impliqués. A contrario, la pénurie est, elle, une construction sociale fortement ancrée, fruit de normes liées à une représentation commune de l’eau comme ressource économique. C’est pourquoi les agriculteurs sont plus tentés de réduire leur vulnérabilité à la pénurie d’eau d’irrigation que celle liée à la pollution de la ressource. Ce travail démontre, d’autre part, que l’adaptation au risque de pénurie est un puissant moteur de l’action collective, notamment lorsqu’elle est régie par un ensemble de règles, complexes, négociées et modifiables. Toutefois, les difficultés de gestion des risques sanitaires et environnementaux prouvent que la réduction des risques de pollution est loin d’être un objectif commun. Et bien que les communautés rurales s’organisent pour protéger les points de captage de l’eau en altitude, la vulnérabilité est systématiquement déplacée vers l’aval des bassins versants. La reconquête de la qualité de l'eau du páramo est donc un défi pour une grande diversité d’acteurs (institutions étatiques, associations environnementales, gestionnaires de l’eau, agriculteurs…). Néanmoins, les pouvoirs publics colombiens et vénézuéliens ont encore trop peu d’impacts sur la gestion des pollutions d’origine agricole. === The population in many tropical mountains is currently highly exposed to water-related risks (pollution and scarcity), which are increasing notably with the development of intensive agriculture. Through the study of four rural communities in the Colombian and Venezuelan páramos - specific altitude ecosystems of the northern Andes - this work questions the relationship between the effectiveness of collective action and the decrease of vulnerabilities related to water. The approach is based on an analysis of the social construction of the risks and adaptability of rural communities. The methodology rests on 191 semi-structured interviews as well as direct and participant observation with farmers and the different participants in the agricultural world and environmental management. Finally, the data processing is based on a content analysis, along with a more detailed study of the discourse through the IRaMuTeQ tool. This work shows, on the one hand, that water pollution is often neglected by farmers, since it constantly evades profane representations; it is also denied due to the economic stakes involved. A contrario, scarcity is a deeply established social construct, the result of standards related to a common representation of water as an economic resource. This is why farmers are prone to reduce their vulnerability to irrigation water scarcity rather than to the one related to pollution of the resource. This work shows, on the other hand, that the adaptation to the risk of scarcity is a powerful driving force of collective action, especially when it is regulated by a set of complex, negotiated and modifiable rules. However, the difficulties of managing health and environmental risks prove that reducing pollution risks is far from being a common goal. And whereas rural communities line up to protect water catchment points at high altitude, the vulnerability is systematically shifted downstream of the watersheds. Regaining the water quality of the páramo is therefore a challenge for a wide variety of participants (state institutions, environmental associations, water managers, farmers ...). Nonetheless, the Colombian and Venezuelan public authorities still have too little impact on the management of pollution of agricultural origin. It is in this context that some interesting initiatives and experiences come out locally or via other non-institutional actors. === En muchas montañas tropicales la población se encuentra actualmente expuesta a los riesgos relacionados con el agua (contaminación y escasez). Unos riesgos que se han acentuado con el reciente desarrollo de la agricultura intensiva. A través del estudio de cuatro comunidades rurales de los páramos colombianos y venezolanos – ecosistemas de altitud específicos de los Andes septentrionales – este trabajo se pregunta por la relación existente entre la eficacia de la acción colectiva y la reducción de las vulnerabilidades ligadas al agua. Este planteamiento se basa en un análisis de la construcción social de los riesgos y de la capacidad de adaptación de las comunidades rurales. La metodología se apoya en 191 entrevistas semi-estructuradas así como en la observación directa y participante junto a los agricultores y de los diferentes actores del mundo agrícola y de la gestión del medio ambiente. Finalmente, el tratamiento de los datos tiene como base un análisis de contenido, y un estudio más detallado del discurso a través de la herramienta IRaMuTeQ. Este trabajo muestra, por un lado, que la contaminación del agua es a menudo pasada por alto por los agricultores, puesto que ésta escapa a las representaciones profanas. Además, esta contaminación es igualmente negada debido a las cuestiones económicas en juego. A contrario, la escasez es una construcción social profundamente enraizada, que es el fruto de normas ligadas a una representación común del agua como recurso económico. Por lo tanto, los agricultores se muestran más inclinados a reducir su vulnerabilidad a la escasez de agua de riego que al problema de la contaminación de los recursos hidráulicos. Por otro lado, este trabajo pone de manifiesto que la adaptación al peligro de escasez es un potente móvil de la acción colectiva, especialmente cuando está regulada por un conjunto de normas complejas, negociadas y modificables. Sin embargo, las dificultades de gestión de los riesgos sanitarios y medioambientales prueban que la reducción de los peligros de contaminación está todavía lejos de ser un objetivo común. Incluso si las comunidades rurales se organizan para proteger los puntos de captación de agua en altitud, la vulnerabilidad es desplazada de forma sistemática hacia las zonas más bajas de las cuencas fluviales.